Interview -Skye Higgin

Interview -Skye Higgin

Skye Higgin et Djordania du Tillard, en route vers les 5*. Depuis plusieurs années, je croise régulièrement sur les concours Skye Higgin et sa très démonstrative Djordania du Tillard (Air Jordan x Diamant de Semilly). Des épreuves jeunes chevaux aux CSI5*, ce couple ne cesse d’impressionner. J’ai donc eu envie d’en savoir plus sur l’histoire de Djordania, sur leur évolution et leurs objectifs.

C’est vraiment une belle histoire avec Djordania, parce que c’est toi qui a tout fait depuis le début, c’est bien ça ?

Oui. Je m’occupe d’elle depuis qu’elle a trois ans. J’ai fait son débourrage avec une autre personne de l’élevage. J’ai aussi monté sa mère, Typie*Tillard. C’est une jument que ma propriétaire, Mme Lejeune a acheté aux ventes Fences. Je pense que c’était le Top price. Christophe Grangier l’a monté à 5 et 6 ans. Elle était formidable. Ensuite elle est partie chez Angelica Augustsson qui l’a monté de 2014 à 2018, puis Marlon Zanotelli l’a monté quelques concours parce qu’Angelica était enceinte. Comme j’arrivais comme cavalière à l’élevage du Tillard à ce moment-là, la propriétaire a décidé de la récupérer ici pour que je finisse sa carrière et qu’on fasse des transferts d’embryons en même temps. On a fait des épreuves jusqu’à 1,50m ensemble. Ensuite, comme c’était compliqué de faire du sport et de l’élevage en même temps avec, qu’on avait du mal a avoir des embryons, on a décidé d’arrêter sa carrière sportive pour qu’elle ne fasse que de l’élevage. C’était tôt pour arrêter le sport, mais les produits qu’on a d’elle sont formidables. Donc c’était un bon choix. La qualité de ses produits, c’est fou.

Tu retrouves les qualités de la mère chez ses produits ?

Oui, ils sont tous très bons. Il y a Dream de Baussy (Nabab de Rêve) qui est né la même année que Djordania. Il a fait les 1,45m avec Jérôme Navet. Celui-là n’a rien à voir avec nous, l’embryon était à Thierry Navet qui était à moitié propriétaire de Typie avant de la vendre à Mme Lejeune. Il avait 2 embryons, le deuxième c’est Galliana (Cicero) qui a fait le championnat des 7 ans cette année avec Jérôme Navet et qui saute très bien. Il y a aussi Cobalt du Tillard (Nabab) avec qui j’ai sauté les 1,45m. Il a été 3ème de la finale des 7 ans au CSIYH de Vilamoura en 2019. On l’a vendu juste après ça.

Typie a beaucoup de moyens, un cœur énorme et toujours envie de bien faire. Djordania, est hyper intelligente et comprend tout. Comme sa mère, elle a beaucoup de coeur et donne tout pour faire le mieux possible. Elle a de gros moyens et du respect. Elle est toute petite, elle fait peut-être 1,62m. Elle est peut-être même plus petite… Mais elle a une grande foulée, comme sa mère. On a un lien fort toutes les deux. Elle est proche de moi et de ses grooms. C’est une jument très attachante. Avec elle tout est facile. En piste, comme à pied. On peut la tondre sans l’attacher, la monter sans selle. Je pense que c’est son caractère, mais aussi parce qu’on s’en occupe depuis le début et qu’elle complètement confiance en nous.

Dès le début, tu as su que ça serait une très bonne jument ?

Oui. J’ai une photo d’elle dans la finale des 5 ans à Fontainebleau, où elle a sauté tellement haut à l’entrée du triple, qu’elle s’est retrouvée en une foulée et demie au lieu de deux foulées dedans tellement elle avait pris de trajectoire. Elle a un équilibre un peu descendant. Ça n’a pas été facile pour elle de trouver son équilibre. Mais elle avait tellement de moyens, de respect et d’envie de bien faire, qu’il était évident que c’était un bon cheval. Par contre, j’ai vraiment pris mon temps, je n’ai pas fait beaucoup de parcours chaque année. Elle avait besoin de temps pour finir de grandir. Elle est née en août, donc tous les ans, elle est jeune pour son âge. À 5 ans, j’ai fait presque toute sa saison tandis qu’elle n’avait en réalité que 4 ans.

Aujourd’hui, à 10 ans, elle est vraiment très compétitive sur 1,50m et est même classée sur 1,55m.

Oui, sur 1,50m, elle est vraiment très compétitive. L’année dernière, ici (à Vejer de la Frontera) on est 3ème de la Coupe des Nations du CSIO3* où elle a très bien sauté en faisant sans faute et 4 pts. Cette année, elle est 9ème d’une 1,50m à Opglabbeek, puis 6ème d’une 1,45m et 6ème d’une 1,50m au CSIO5* de Rotterdam ! Avec l’ambiance de Rotterdam, elle a volé ! Elle sait quand c’est important. Elle aime qu’il y ait du public, l’ambiance des gros concours. Elle est aussi 4ème du GP 1,55m du CSIO4* de Warsaw Sluzewiec et 2ème du GP 1,50m du CSI3* de Vejer le week-end dernier.

Tu sens qu’elle va bientôt passer le cap des très gros Grand Prix ?

Oui. C’est à 100 % une jument pour faire les GP 5*. En plus des moyens et du respect, elle a le mental pour faire ça. Avec elle, je n’ai jamais senti un oxer large, et pourtant je la monte avec très peu de jambes. Ok, elle est petite, mais quand elle entre en piste, c’est un lion. Elle aime faire du concours. Quand elle voit le camion, elle hennit. Si je pars sans elle, elle est vexée et tourne dans le box pendant 15 min. Le mental, à haut niveau, ça fait la différence. En plus, si elle fait une erreur, a mal jugé quelque chose, ça n’arrive qu’une fois. La fois d’après, c’est fini. Elle comprend très vite.

Quels sont les objectifs avec elle ?

Bien sûr, on pense aux Jeux Olympiques l’année prochaine, mais c’est encore loin et on a pas encore les résultats qu’il faut. En début d’année prochaine, on va déjà aller à Abu Dhabi pour faire la première Coupe des Nations 5* et après on continuera à faire ce qu’on peut faire de mieux. Si on prend de l’expérience en début d’année sur les 5*, je pense qu’avec les qualités qu’elle a, c’est possible. Di Lampard, la chef d’équipe de notre équipe d’angleterre aime beaucoup la jument. Mais c’est loin. On va déjà faire les 5* régulièrement l’année prochaine et on verra.

Pour l’instant, elle appartient toujours à sa naisseuse, qui je suppose veut la garder pour l’élevage. Donc pour l’instant, pas d’inquiétude qu’elle soit vendue bientôt.

Oui. Bien sûr, on a des propositions, mais non, elle n’est pas à vendre. On a vendu son frère utérin Cobalt à 7 ans et d’autres chevaux, pour garder Djordania. Aujourd’hui, il nous reste 6 ou 7 chevaux au travail et quelques chevaux dans les prés. Pour l’instant, on a pas encore fait d’embryon avec Djordania pour ne pas l’embêter et se concentrer sur le sport, mais c’est au programme pour après. Pour l’instant, on profite des résultats du travail des 6 dernières années.

Là, on sent que c’est le moment où les choses peuvent vite évoluer. Tout va bien, tout est en place.

Oui. Elle commence juste à trouver vraiment son équilibre avec son corps. J’ai beaucoup pris mon temps avec elle pour ça, mais depuis quelques mois, je peux commencer à plus jouer les barrages, à tourner plus court. Elle est dans une condition physique et mentale parfaite.

Tu as prévu de faire quelques indoors cet hiver ?

Je voulais faire Lyon, mais je n’ai pas été prise. C’est le problème quand tu n’as qu’un cheval de ce niveau et donc que tu es loin au classement mondial. Quand je suis sur ces concours, mon parcours de la première épreuve ranking, je le monte pour elle, pour bien préparer mon Grand Prix, et pas en allant vite pour gagner des points au classement mondial. Je préfère penser à mon cheval, plutôt qu’à mon classement. Notre chef d’équipe est d’accord avec moi, c’est mieux pour la jument. Mais ensuite, c’est difficile d’avoir accès aux beaux concours en étant loin au classement. En indoor, j’aimerais faire Madrid et La Corogne, mais je ne sais pas encore si je serai sélectionnée. Sinon, je ferai peut-être le 4* de Rouen, c’est toujours un bon concours.

Pour finir, peut-on parler un peu de ta collaboration avec Mme Lejeune de l’élevage du Tillard ?

Oui, bien sûr ! Ça fait 8 ans que je travaille avec elle. J’ai de la chance, c’est une vraie passionnée et elle a confiance en moi. Elle ne me met aucune pression. On travaille très bien ensemble. C’est une formidable éleveuse. Elle choisit toujours très bien ses croisements. C’est assez incroyable quand même, son premier poulain, c’est Viking du Tillard, qui a fait les Jeux Olympique avec Hervé Godignon. Elle a un très bon œil pour les chevaux. Tout le monde pense que c’est un très grand élevage, mais pas du tout. Il y a deux poulains, maximum, par an. Quand on voit le nombre de chevaux qui tournent sur les gros concours, c’est que ses choix et le système de formation marche très bien.

Quand quelqu’un choisit bien les étalons, élève bien les poulains et fait confiance à un bon cavalier pour la formation et la compétition, il y a tout ce qu’il faut pour réussir à aller faire du grand sport.

C’est ça. Beaucoup de chevaux ont fait du haut niveau grâce à elle. On peut aussi citer Cabdula du Tillard ou encore Mic Mac du Tillard, dont on a des produits qui arrivent.

Pour finir, dans les jeunes chevaux en formation, est-ce que tu en as un particulièrement prometteur ?

La sœur utérine de Djordania, Hippie du Tillard, par Vigo d’Arsouilles. Elle fait son premier international ici dans les 6 ans. Elle ressemble beaucoup à sa mère. J’ai beaucoup pris mon temps avec elle, je n’ai fait que les formations 3 cette année. Elle était un peu tardive, mais elle a beaucoup de qualité et a fait de bons résultats ici. On croit beaucoup en elle pour l’avenir.

Les étalons “des Fontaines”

Les étalons “des Fontaines”

Dans cette période où les ventes d’embryons de souches exceptionnelles et d’étalons du Top 10 mondial deviennent courantes, j’ai eu envie de mettre en avant des étalons dont on parle moins, mais qui peuvent certainement être très intéressants pour beaucoup d’éleveurs dont l’objectif n°1 est de produire des bons chevaux de concours avec un bon mental, même s’ils ne deviennent pas champions du monde (quoique… Amande est bien championne olympique… )

 

Depuis plusieurs années, Julie Notteau gère les carrières d’étalons de Jumpy, Jus et Oscar des Fontaines, trois grands gagnants internationaux nés chez Aart Alberts. Ils sont aujourd’hui à des conditions financières très intéressantes et avec une garantie poulain vivant.

 

Jumpy des Fontaines est un fils de l’olympique Jus de Pomme (médaille d’or en individuel et par équipe aux JO d’Atlanta 1996) et de Bambola (par Ramiro Z). Dans cette famille on trouve Texas de Trebompe (1,60m), Huntelaar (1,55m), Midnight Blue ASK (1,55m) Google des Cabanes (1,45m) et Ista (1,45m).

Jumpy a remporté le GP du CSI3* de Port Mort, s’est régulièrement classé dans de gros CSI sur 1,50m, a été 2ème du GP 1,60m du CSI4* de Madrid et a participé aux Jeux Olympiques pour la Chine sous la selle de Zhenqiang Li. Il a produit 3 chevaux qui ont fait 1,60m : Starlette de la Roque, Who Cares et Jument Dufee. On peut également citer Josephina Z (1,50m), Jumpy 111 (Z), Unicum’s Jump (1,50m) et Vanille de Launay (1,50m). Sur 226 produits inscrits en France, 5 sont indicés au-dessus de 1,40m et 35 au-dessus de 120.

Jus des Fontaines est lui aussi un fils de l’étalon Jus de Pomme. Sa mère, Egine de Baugy, est une fille de Galoubet A. Elle a également produit Impala des Fontaines (1,45m) et Kriek des Fontaines, qui a produit Nine des Fontaines (1,45m) et Rieh des Fontaines, qui a produit Eldorado (1,45m). Sa 3ème mère Bérénice a aussi produit les étalons Veneur de Baugy HN et Sheyenne de Baugy ISO 148. Sa 4ème mère, Ondine de Baugy, a produit Drika, la mère de l’étalon Quidam du Revel (1,60m). Dans cette famille, on trouve également Conthargos Rouge (1,60m), Jalis de Riverland (1,60m), Vallon Rouge (1,60m), Isidoor van de Helle (1,60m), Elqui Chili (1,60m), Néo d’Aunou (1,55m), Mercredi de Mars (1,50m), Robin Kannan (1,50m), Can Tho d’Aunou (1,50m), Kid de Baugy (1,50m), Siloe d’Adriers (1,50m), Urfee d’Illiat (1,50m), Available Ohio (1,50m), Hermès des Cabanes (1,50m).

 

Il se fait remarquer sur le circuit international dès ses 8 ans, notamment à Lanaken, Valkcnswaard, puis à Lyon où il termine 3ème du Grand Prix CSI5*. À 9 ans, il se classe notamment 5ème du GP d’Aselage, il est classé dans les GP CSI5* de Cannes et de Monaco, dans le CSI*** de St Tropez, au CSI*** de Birmingham : ISO 156. Victime d’une crise de coliques en 2007, il décède prématurément.

Parmi les meilleurs descendants de Jus, on peut citer : Poker des Cohues (1,60m), Ukraine d’Elle (1,50m – ISO 146), Prélude de Laume (ISO 148) et Pixel de la Baie (ISO 141). Sur 93 produits inscrits en France, il a 24 chevaux indicés plus de 120.

Oscar des Fontaines est un fils de Lando et de Lara des Fontaines (Mr Blue). Sa mère a également produit Haloubet (1,60m) et Parala des Fontaines (ISO 141). Sa 2ème mère Fidjie du Bigot a produit Jans des Fontaines, qui est la mère de Quicky des Fontaines (1,60m) et de D’jacpot des Cabanes (1,50m).

 

Oscar a été finaliste du Championnat de France des 4, 5, 6 et 7 ans avec Jeroen Zwartjes. Sous la selle de Pénélope Leprévost, il est vainqueur du GP Sires of The World de Lanaken, 2ème du GP CSI*** de Canteleu, 4ème d’une 1,50m au CSI*** de Canteleu, 6ème d’une 1,50m au CSIO de Saint-Gall, 7ème du GP CSI** de Fontainebleau, 7ème du Grand Prix Pro Elite Grand National du Mans… Il faut souligner sa longévité. Il a tourné en compétition jusqu’en 2022 (à 20 ans) sous la selle de Sara Vingralkova.

Pour ce qui est de sa production, on pense forcément en premier à Amande de B’Néville, championne olympique de concours complet à Tokyo. Mais il n’y a pas qu’elle. On peut aussi citer Energie Kokka (1,50m), Always de Combrailles (1,50m), Bob d’Olbiche (1,45m), Arkana de Queen (1,45m), Ascar de Fontaine (1,40m), Futur du Pomiez (1,40m), Candy Baerenrain et Camelia d’Orval (1,40m). Sur 159 produits inscrits en France, il a 4 chevaux indicés au-dessus de 140 et 17 au-dessus de 120.

Julie Notteau a répondu à nos questions.

Vous gérez la carrière de reproduction de 3 grands gagnants internationaux, nés chez Aart Alberts, Jumpy des Fontaines, Jus des Fontaines et Oscar des Fontaines. Comment a commencé cette collaboration ?

 

Lorsqu’on a acheté la structure d’Art Alberts il y a quelques années, on a eu l’opportunité de récupérer en plus la semence congelée de ces trois étalons.

L’élevage, c’est quelque chose qui vous a toujours intéressé ou c’est plus l’opportunité qui vous a fait vous lancer dans ce projet de vendre des saillies ?

On faisait déjà un peu d’élevage avec quelques poulinières, mais c’est parce que l’opportunité s’est présentée qu’on s’est lancé.

Ses trois étalons ont eu une belle carrière et sont aujourd’hui accessibles à un prix de saillie très attractifs. Est-ce qu’ils travaillent un peu quand même, ou se retrouvent un peu noyés au milieu de tous les étalons proposés avec en plus une grosse visibilité ?

 

Pour Jus et Jumpy, c’est difficile. Ce sont des étalons dont on entend peu parler. Pour Oscar, on a la chance que chaque année, il y a des produits qui sortent. Du coup, cela relance à chaque fois l’intérêt des éleveurs pour lui. Amande de B’neville (par Oscar) qui a été Championne olympique de concours complet nous a permis d’attirer aussi les éleveurs de complet, qui s’intéressent aussi à lui maintenant.

 

Oscar a l’air de pas mal marquer sa production.

 

Oui, tout à fait. Il fait des chevaux très sport, chics, souvent bais avec beaucoup de blanc, avec une bonne locomotion et une bonne qualité de saut. Ce sont des chevaux souvent très commerciaux. Il faut aussi souligner qu’il a eu une longue carrière et semble transmettre sa bonne santé. C’est un point important aussi.

Pour quelqu’un qui cherche un étalon intéressant et améliorateur, même s’il n’est pas à la mode, cela peut valoir la peine de regarder Oscar, Jumpy et Jus.

Le problème, c’est que pour relancer la commercialisation des saillies de Jus et Jumpy, il faut qu’on voit des produits tourner, et pour ça, il faut que des éleveurs les utilisent. Aujourd’hui, les gens ont tendance à utiliser des étalons donc ils vont pouvoir vendre les produits rapidement. Un Jus ou un Jumpy, on ne va pas forcément bien le vendre sous la mère. Il faudra prendre le temps de le valoriser. Jus et Jumpy amènent des moyens, beaucoup de force. Malheureusement, aujourd’hui les gens raisonnent beaucoup sur le court terme. Les trois étalons produisent des chevaux classiques à monter et facile à débuter en compétition.

 

Ils sont tous les trois disponibles en IAC. Quelle est la qualité de la semence ?

Ils ont tous les trois une bonne qualité de semence. Je suis prête à faire des conditions très intéressantes pour les éleveurs parce que l’objectif c’est que les juments soient pleines.

Upsilon confirme sa qualité de père de performers de CCE et de CSO

Upsilon confirme sa qualité de père de performers de CCE et de CSO

Upsilon (Canturo x Fusain du Defey) a brillé sur les piste de concours complet de 4 à 10 ans, des titres de champion de France à quatre, cinq et six ans, aux victoires en CCI4*. Surdoué dans les 3 disciplines, il ne laissait personne indifférent. Retraité depuis 2019 pour des raisons de santé (une forme mutante de l’herpès virus), il a tiré sa dernière révérence en avril dernier. Depuis, d’abord sur les terrains de concours complet mais également sur les terrains de sauts d’obstacles, ses produits ne cessent de se faire remarquer !

Il est de loin en tête du classement Hippomundo des meilleurs étalons de concours complet dont les produits ont maximum 8 ans (sur les 365 derniers jours). Parmis ses meilleurs représentants, on peut citer entre autres: Golden de Beliard AA (2ème du championnat de France des 7 ans, vainqueur du CCIYH3*-S de Nokere-Waregem et vainqueur du CCI3*-S de Bazoges en Pareds cette année), Fair Lady des Broucks (gagnante du championnat de France des 7 ans 2022, 5ème du CCI3*-L de Saulieu en 2023), Fireball (vainqueur du CCI3*-L de Saulieu cet été), Edelweis Pompadour (classé dans les 8 premiers des 3 CCI3* qu’il a couru cette année), Gulliver des Lones (6ème du championnat de France des 7 ans et 3ème du CCI3*-S de Bazoges en Pareds), Ezekiel de Bagneux (4ème du CCI3*-L de Bazoges en Pareds) et Fearendile de Meara (8ème du CCI4*-L de Lignières, 5ème du CCI3*-L d’Arezzo, 2ème du CCI3*-S de Pratoni Del Vivaro).

Mais il faut aussi souligner qu’il est 5ème de ce même classement (meilleurs étalons dont les produits ont maximum 8 ans sur les 365 derniers jours) en saut d’obstacles ! Parmi ses meilleurs descendants, on peut citer: Epsilon de Roulard (1,55m), Forban de Beliard (1,50m), Espri du Figuier (1,45), Figuier du Roc (1,45), Fairplay des Forêts (1,45m), Gracieuse D’Elle (1,45m), Goodluck de La Bauche (1,45m), Fara Du Fief (1,40m) et Gerico Louvo (1,40m).

Les produits que j’ai croisé sur les terrains sont souvent très marqués par leur père. Ils ont du charisme, une belle classe de galop, une très bonne technique et du respect. Pour résumer, tout ce qu’on cherche chez un cheval de sport moderne !

Thomas Carlile, son ancien cavalier, a répondu à nos questions pour savoir comment utiliser au mieux Upsilon.

 

Pour commencer, quelles sont les plus grosses qualités transmises par Upsilon ?

 

Ce que je dirai en premier, c’est l’influx et le respect. J’ai vu passé pas mal de poulains, malheureusement il ne signe pas beaucoup par le modèle. Il y en a un peu de tous les gabarits. Par contre, il transmet vraiment son énergie et son respect. Il apporte aussi de la trajectoire et de l’action dans le galop.

 

Pensez-vous qu’il soit aussi intéressant pour le CCE que pour le CSO ?

Il avait une qualité indéniable à l’obstacle. Il sortait de l’ordinaire. Il est issu d’un croisement d’un étalon d’obstacle avec une mère qui a une souche d’obstacles. L’avoir mis au concours complet n’a fait que valoriser toutes ses qualités. Ça a montré qu’il avait une tête exceptionnelle, beaucoup de courage, du sang, une locomotion hors norme. C’était un cheval à toute épreuve. On l’aurait peut-être moins vu s’il n’avait fait que de l’obstacle. Le concours complet est une discipline qui évolue. Ce cheval là a permis d’ouvrir les yeux à pas mal de gens pour mieux sélectionner qu’on retrouve aujourd’hui en complet. À son époque, on n’avait pas l’habitude d’avoir des chevaux de cette qualité dans cette discipline.

 

Il est très connu dans le milieu du complet, mais en obstacles, certains ne le connaissent pas encore autant qu’il le mériterait.

 

Quand on a commencé à le montrer un peu en Normandie, au salon des étalons, il avait beaucoup plu. Quelques très bon élevages l’ont utilisé et il leur rend plutôt bien .

 

Avec quelles juments conseillez-vous de le croiser ? Est-ce qu’il y a un point précis auquel faire attention.

 

De ce que j’ai vu, les chevaux qui sortent le plus du lot, sont issus de juments avec un dos assez fort. Donc je pense, pour le concours hippique en tout cas, que ce sont les juments qui lui conviennent le mieux. Il amène toujours du sang, mais du sang, on en a jamais assez, donc je n’ai pas peur de le croiser avec une jument qui en a déjà.

 

De quelle qualité est le congelé ? Est-ce qu’il reste beaucoup de paillettes ou faut-il se dépêcher si on a vraiment envie de pouvoir l’utiliser ?

 

La qualité est tout à fait exploitable. Il faut se dépêcher parce que le stock est limité, mais il nous reste quand même du stock. Je pense qu’on a encore de quoi l’utiliser pendant 3 ou 4 ans.

 

Est-ce que vous voudriez ajouter quelque chose ?

 

De ne pas hésiter à l’utiliser. C’est un cheval qui a beaucoup fait parler de lui quand il a tourné et aujourd’hui, il continue à faire parler de lui par sa production. Je commence aussi à voir des 3 et 4 ans avec Upsilon en père de mère, et je pense qu’il va aussi être intéressant comme père de mère.

Rencontre avec Tristan Le Minoux

Rencontre avec Tristan Le Minoux

Trois ans seulement après ses premières épreuves Club 3 de dressage, Tristan Le Minoux tourne maintenant en Grand Prix Elite U25. Travailleur, les pieds sur terre et homme de cheval, il progresse vite, mais tout en prenant le temps qu’il faut. Rencontre avec un jeune dont on risque fort d’entendre parler dans les années à venir.

Il y a trois ans, tu étais encore en épreuve club et aujourd’hui tu tournes en Grand Prix Elite U25. C’est une progression très rapide ! Peux-tu nous raconter comment ça a commencé ?

Il y a trois ans, en juillet 2020, j’ai fait ma première et dernière club trois avec Uron, mon premier cheval. En novembre 2020, je commence à monter Quantum III, le cheval de mon entraîneur. Avec les histoires de Covid, au début tout était arrêté, puis j’ai commencé en amateur avec lui pour début mai 2021.

À ce moment-là, tu as déjà pour objectif d’aller faire de belles épreuves de dressage ou c’est juste un plaisir ?

Ça ne faisait même pas un an que je faisais des compétitions de dressage. On ne savait pas si j’allais réussir à accepter cette pression, réussir à m’adapter à cet environnement qui était totalement nouveau. Au début, l’idée c’était vraiment juste d’essayer et de voir si ça me plaisait vraiment. Puis au fur et à mesure, j’ai plutôt bien accroché et aimé l’environnement.

Finalement, c’est l’opportunité de monter ce cheval qui t’a fait avoir un objectif de compétition.

C’est clair que je n’aurais pas eu ce cheval à ce moment-là, ou même je n’aurais pas eu ce cheval de manière générale, je n’aurais jamais découvert ce qu’est le dressage de ce niveau là, ni tout cet environnement, tout ce monde, qui va avec.

Il y a plein de cavaliers aujourd’hui qui s’entêtent à vouloir absolument monter un jeune cheval dès le début. Toi, finalement, c’est la chance d’avoir eu un cheval expérimenté qui t’a fait avancer aussi vite.

J’ai la chance qu’à ce moment-là mon entraîneur ait besoin d’un cavalier. On a trouvé un arrangement et j’ai pu monter son cheval. Mais tout le monde n’est pas en capacité de pouvoir avoir un cheval de Grand Prix pour commencer. Généralement, les entraîneurs ne les prêtent pas à des cavaliers qui sortent de club 3. Je n’ai jamais entendu qu’un autre entraîneur l’ait fait. Effectivement, ça m’a permis d’apprendre beaucoup et de découvrir les sensations. Aujourd’hui, je pense que je monte beaucoup avec la sensation. C’est un défaut et une qualité. Mais mon entraîneur a aussi tenu à ce que je monte un jeune cheval pour voir aussi ce que ça faisait de dresser un cheval et pas seulement d’appuyer sur des boutons. Je n’ai pas beaucoup d’expérience, mais maintenant je connais un peu les deux.

On sent que ton entraîneur a une place importante dans tout ça. Peux-tu nous parler de lui ? Qu’est-ce que ça t’apporte de travailler avec lui ?

Il s’appelle Bruno Loiseau. C’est un cavalier qui comme moi a beaucoup travaillé. Dans les centres équestres, tu fais les box, en échange, on t’autorise à monter un cheval. Il a commencé comme ça parce qu’il pouvait pas, financièrement, assumer de s’acheter un cheval. Maintenant, il redonne la chance à d’autres, parce qu’il les chevaux et le niveau de pouvoir aider d’autres cavaliers, dont moi. Il nous donne notre chance en disant : Je vous prête Quantum, la seule chose que je vous demande, c’est de vous donner à fond pour essayer de progresser. Il n’a jamais mis d’objectif, il a jamais dit qu’il fallait sortir avec tel pourcentage d’une épreuve. Il veut que je monte du mieux que je sais faire et ça s’arrêtera là. C’est déjà très bien. C’est ce qu’il attend.

Il y a 2 ans, tu as récupéré un autre cheval, Salitos.

Après dix ans de carrière et 17 ans sur terre, Quantum prend sa retraite. Il m’a permis de progresser très vite et effectivement, depuis quelque temps, on savait que la retraite n’allait pas être très loin. Comme je m’étais accroché à ce milieu là, Bruno a cherché un cheval pour moi. On a fini par tomber chez Pierre Volla. Il avait Saltos, un jeune qui, à l’époque avait six ans, presque 7. L’objectif était effectivement d’acheter un jeune cheval, parce qu’on n’avait pas les finances d’acheter un qui était déjà très dressé. On était même prêts à acheter un 3 ou 4 ans, mais on a eu la chance de tomber sur Salitos. Il est très gentil, mais les essais ne se passaient pas bien avec tout le monde. Pierre n’avait jamais vu un cavalier réussir aussi facilement avec lui.

Il y avait une entente entre vous.

Oui. Tout passait bien. Pierre était content de voir son cheval comme ça. Je me suis tout de suite comporté avec Sali comme si on était copain et on peut dire qu’aujourd’hui ça fonctionne plutôt bien. J’essaye de continuer à garder cette relation.

L’image que peut dégager le dressage, c’est quelque chose de très sérieux. Mais pour toi, on sent que c’est important de garder une relation amicale avec ton cheval.

Oui. Je suis son copain. Et avant tout, mon objectif, c’est de se faire plaisir. Bien entendu, à des moments, par exemple en piste, on ne peut pas être en train de rigoler. Mais j’essaye quand même de garder au quotidien un moment de jeux, un moment de câlin. Toujours essayer d’être un peu dans un monde des bisounours, parce qu’il en a besoin. Il ne comprend pas si quelqu’un s’énerve. J’essaie vraiment de garder ce côté copain, parce que je pense que c’est comme ça qu’on peut fonctionner. Le fait d’être dur, d’être sérieux, ça ne marchera pas avec lui. D’ailleurs, qu’avec la majorité des chevaux, être dur, ça ne marche pas.

Avec ces deux chevaux, tu as atteint des épreuves professionnelles. Comment tu te sens dans ces épreuves-là aujourd’hui ?

C’est c’est compliqué. J’en parlais il n’y a pas longtemps avec ma préparatrice mental. Le problème, c’est que j’ai évolué très vite dans ce milieu et que je ne me rends pas compte que c’est un très haut niveau. En même temps, je me rends bien compte des résultats. C’est compliqué. Mais personne n’arrive à ce niveau-là du jour au lendemain, avec des très grosses moyennes, avec de très bons résultats. C’est compliqué de se dire: j’ai progressé très vite, mais en même temps, c’est pas pour autant que je dois me relâcher. Ce n’est pas une excuse. Je n’ai que 17 ans, Salitos n’en a que 8, il faut prendre le temps et ne pas vouloir tout obtenir du jour au lendemain. Ça ne marchera pas. Je ne connais pas les autres disciplines, mais dans le dressage, si on veut aller trop vite, soit en cuit les chevaux, on les use prématurément, soit on n’obtient rien parce qu’on va les braquer.

Tu parles de ta préparatrice mentale. Depuis quand travailles-tu avec quelqu’un pour ça ?

Depuis un an à peu près, je travaille avec Sophia Moreau, une préparatrice mental mais aussi cavalière de Grand Prix. On a pu voir que ça a porté ses fruits. J’ai commencé, en gros, avec le Grand Régional de Mâcon. Je me mettais beaucoup de stress et je n’avais pas le contrôle. On se rend pas compte, mais dérouler ce niveau-là, c’est très difficile, tout s’enchaîne vite, on ne se rend pas compte. Quand on le regarde comme ça, on se dit: “oui, fait un appuyé, oui, il fait une pirouette”, mais on se rend pas compte qu’au final, il n’y a que deux foulées où tu peux souffler. Il fallait réussir à visualiser les reprises, à faire baisser le stress. Aujourd’hui, quand j’entre en piste, j’ai beaucoup moins de stress et je sais ce que je dois faire.

Quand on est spectateur non spécialisé en dressage, les reprises les plus intéressantes à regarder sont souvent les reprises libres en musique. En tant que cavalier aussi ?

Quand j’entends “libre” je souris. J’ai toujours adoré ça. Je trouve que c’est un moment où on est moins dans les règles. On ne doit plus juste aller d’un point d’une telle manière. Il y a toute la partie technique, qui n’est absolument pas négliger, mais il y a aussi cette partie chorégraphie, cette partie où tu danses avec ton cheval. Ça, je le trouve moins dans les reprises imposées. Quand c’est possible, je demande à mon entraîneur de m’engager dans la libre juste par plaisir. Parce que je sais que j’adore ça et que c’est un moment où je peux continuer à travailler mes mouvements, mais en même temps, d’être plus avec le sourire, plus positif sur la piste, moins strict, moins bloqué, plus en train de danser avec mon cheval.

On arrive un peu en fin de saison. Quels sont tes objectifs pour l’année prochaine ?

L’année prochaine, on va continuer ces reprises Pro Elite Jeunes U25. On savait que cette année allait être une année de transition, parce qu’il faut un temps d’adaptation pour savoir monter ces reprises-là. L’année prochaine, je vais pouvoir commencer la saison normalement, mais je vais devoir m’arrêter un petit peu parce que j’ai le bac et que je ne veux surtout pas que ça passe à la trappe. Ça reste une priorité. Ensuite, on va continuer les U25. Continuer à travailler et progresser sur ce qu’on a vu dans les protocoles, sur les retours qu’on a des juges. On voudrait faire plusieurs stages avec différents cavaliers pour essayer d’évoluer évoluer et avoir de meilleurs résultats. L’objectif est d’arriver à grimper progressivement dans les moyennes.

Pour l’instant, es-tu en contact avec le staff de l’équipe jeune de dressage ?

J’ai fait un stage national en stage de détection il y a un an. On a eu quelques bons retours à l’époque, Salitos avait encore sept ans et il n’était pas encore aussi au point qu’aujourd’hui. On a encore évolué depuis. Ils me connaissent, mais je ne vais pas courir après après la performance, après tout ça. Pour le moment, je vais finir à l’école et ensuite, on verra. L’année prochaine, l’objectif sera forcément de commencer à se faire détecter, mais je sais que les qualifications seront en mai et juin, pour les Championnats d’Europe. Il est clair que moi, c’est pas possible, parce que ça va être la période où je vais moins tourner, puisque j’ai le bac. Mais j’ai 17 ans. L’année prochaine, j’en aurai 18. Si je suis pris pour les Europe, à 19 ans, ça me va aussi ! C’est pas on n’est pas la course, il faut se dépêcher. Je peux faire les Championnats Jeunes cavaliers jusqu’à 25 ans et je peux finir la carrière de Salitos en U25. On a le temps. S’il me faut deux ans pour aller faire les championnats d’Europe il faudra deux ans. Ce n’est pas grave. Bien sûr les Championnats d’Europe seront un objectif, mais au moment où ce sera le moment parce que nous serons prêts.