Véronique Lemarchand nous parle de Dairzel Duverie

Véronique Lemarchand nous parle de Dairzel Duverie

Véronique Lemarchand, naisseuse et propriétaire de l’étalon Dairzel Duverie (performant jusqu’en 1,50m avec Alexis Gautier) à répondu à nos questions sur son fils d’Air Jordan Z.

Pourquoi avoir choisi de croiser Gazelle de Lavigne (Persan II) avec Air Jordan Z ? 

J’ai acheté Gazelle de Lavigne sur vidéo, comme poulinière, mais comme elle allait bien. Elle a fait 2 ans de concours où elle a beaucoup gagné en 1,30m / 1,35m. Du coup, on a essayé de faire des transferts. Elle a eu du mal à prendre, mais en changeant d’écurie pour une jeune cavalière, on s’est aperçu qu’était pleine de Diamant. Elle l’a porté et a eu beaucoup de mal à pouliner. On a décidé de retenter les transfert et là, ça a marché. D’abord, une jument par Kannan, puis en allant chez Equitecnic, je suis tombée amoureuse de Air Jordan…et j’ai eu un superbe poulain Dairzel. 

Quand Dairzel Duverie est né, comment trouviez-vous le poulain ? 

Pas comme les autres. Il était très gentil , très intelligent avec un beau look et des points de force….

Comment résumeriez-vous ses années de formation ? Était-il particulièrement prometteur pour vous ? 

À 2 ans, on lui a mis des petits cavalettis et ce fut un “WAHOO” tellement il était démonstratif et hors du commun. On l’a laissé grandir puis il a été chez Jérémie Rolland qui l’a présenté aux 3 ans. Il a été approuvé et a eu des très bonnes notes au testage. Il a fait ses saisons de 4, 5 et début des 6ans chez lui avec de très bons résultats y compris aux finales à Fontainebleau. Son look ne plaisait pas forcément aux juges ….À la mi-saison des 6 ans, on a décidé d’un commun accord de le mettre chez Alexis Gautier qui l’a toujours aimé. Alexis va récupérer sa fille de 6 ans Istarzelle  pour les 7 ans.

Quelles sont, pour vous, ses plus grosses qualités ? 

Il a tous les moyens du monde. Il peut aller très loin mais il est extrêmement sensible et malgré les apparences a beaucoup de sang.

Ces dernières années, il a été performant jusqu’en 1,50m sous la selle d’Alexis Gautier. 

Oui. Cette année il est régulièrement classé en Grand Prix 2*. Il a aussi été classé en 1,50m, encore dimanche dernier dans le GP du Grand National. Ce week-end, il participe aux CSI 4* de St Lô où il été classé dans son 1er GP il y a 2 ans. 

En parallèle de sa carrière sportive, il est également étalon (approuvé SF). Comment sont ses produits ? Est-ce qu’il les marque beaucoup ? Quels sont leurs points forts ? Comment conseillez-vous de le croiser ? 

Il transmet sa force, son respect des barres, son sang et sa réactivité. Attention quand même à ne pas mettre des juments trop petites et trop dans le sang. Il ne fait juste pas toujours de très jolies têtes .

Interview – Sylvie Robert nous parle d’Equita Lyon

Interview – Sylvie Robert nous parle d’Equita Lyon

Equita Lyon fête ses 30 ans cette année. Pour cette occasion, Sylvie Robert, présidente de GL events Equestrian Sport, a répondu à nos questions.

Bonjour Sylvie, merci de prendre le temps de répondre à nos questions. Pour commencer, cette année, Equita Lyon fête ses 30 ans. Quel regard portez-vous sur l’évolution de cet événement au fil des années ? 

Sylvie Robert : Equita Lyon fête effectivement ses 30 ans cette année. Lorsque je regarde le chemin parcouru, je suis avant tout très reconnaissante envers toutes les personnes qui ont rendu possible la progression de cet événement auquel nous sommes toutes et tous très attachés. Equita est avant tout une histoire de famille, celle des passionnés de chevaux et de sport que nous sommes – cavaliers, éleveurs, propriétaires, entraîneurs, grooms, visiteurs, exposants et bien sûr toute l’équipe qui m’entoure. La plupart des acteurs de l’événement sont engagés pour son développement depuis les premières heures. Ensemble, nous avons vécu de magnifiques émotions, fait de belles découvertes et rencontres et nous avons su prendre le temps de bâtir un événement qui pourrait réunir un nombre de plus en plus important de passionnés, pour partager avec eux ces sensations que seul le cheval peut provoquer. Grâce au soutien de nos fidèles partenaires, dont certains sont également présents depuis la première édition du salon en 1995, Equita Lyon a su progresser d’année en année pour prendre la dimension internationale que nous lui connaissons aujourd’hui et depuis 2005. Je tiens à remercier chaleureusement toutes celles et ceux qui ont accompagné ce projet, on crut en lui et en nous pour gravir les échelons. Je souhaite que nos regards continuent d’être tournés vers l’avenir comme nous l’avons toujours fait. 30 ans, cela se fête c’est vrai ! Mais il y a encore tant de chose à vivre et à partager !

Vous devez avoir mille souvenirs marquants des toutes ces éditions, mais si vous deviez en citer un ou deux, ça serait lesquels ?

Sylvie Robert : J’ai effectivement de très nombreux souvenirs des éditions passées ! En 30 ans, nous avons eu la chance de vivre de très beaux moments sportifs mais aussi humains. Equita Lyon est un catalyseur d’émotions et chaque édition nous a apporté son lot de grands souvenirs. Il serait donc difficile de ne retenir qu’un. Bien sûr, l’entrée en piste du premier partant de notre première étape Coupe du monde FEI restera gravée dans ma mémoire, tout comme les nombreuses représentations de la Garde Républicaine et du Cirque Gruss lors de nos soirées Sport et Spectacle. Je vibre toujours autant lorsque les chevaux investissent les halls d’Eurexpo et foulent la piste lyonnaise. J’ai hâte, chaque année, de découvrir ce que le sport aura à nous offrir comme belles émotions et cette année, j’ai une fierté particulière à voir évoluer nos médaillés de bronze des Jeux Olympiques, dont le cavalier partenaire du groupe GL events, Olivier Perreau.

Quand vous avez lancé ce projet, imaginiez-vous qu’il deviendrait ce qu’il est aujourd’hui ? 

Sylvie Robert : Lorsque j’ai pris la direction du salon en 1996, il accueillait 500 chevaux et 200 exposants et éleveurs. La première édition du salon, en 1995, avait réuni environ 42 000 visiteurs. Nous avons toujours eu à cœur de faire de ce salon un lieu de rencontres, de découvertes et de partage. En prenant le temps de gravir les échelons étape par étape, nous avons chaque année relevé notre niveau d’exigence, regardé vers l’avenir et questionné nos habitudes pour faire évoluer le salon du cheval de Lyon. C’est aussi grâce au soutien de nos partenaires que nous avons pu, au fil du temps, inscrire Equita Lyon et le Longines Equita Lyon, Concours Hippique International au rang des plus grands événements équestres internationaux. Notre partenariat avec la marque horlogère suisse Longines depuis 2013 a ainsi donné naissance au Longines Equita Lyon, Concours Hippique International. La confiance renouvelée de la Fédération Equestre Internationale, de la Fédération Française d’Equitation et le soutien de l’ensemble de nos partenaires honorent les équipes de GL events Equestrian Sport et nous permettent de faire de ce salon un véritable outil pour participer à faire avancer, tous ensemble la filière équine.

Mais aujourd’hui encore, nous restons tournés vers l’avenir et avons à cœur de faire encore évoluer le salon et les compétitions.

Avec tout ce qui est proposé dans les différents halls et les 11 carrières, on a du mal à imaginer ce qui pourrait se faire de plus ! Avez-vous encore des idées d’évolutions pour l’avenir ? 

Sylvie Robert : Bien sûr ! Et heureusement ! Il est vrai que le salon s’est beaucoup développé ces dernières années. Aujourd’hui il s’étend sur une surface de 140 000m2 couverts, équivalente à 19,5 terrains de football, mais aussi sur toutes les infrastructures extérieures d’Eurexpo où nous installons parkings, boxes et paddocks ! Chaque année, mon équipe et moi-même nous attelons à proposer des nouveautés, des améliorations, des surprises à l’ensemble de nos publics et nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin. Cela est dans notre ADN. Étant tous passionnés par l’animal cheval, nous sommes quotidiennement à l’écoute des acteurs de la filière et sommes engagés pour participer à l’évolution de celle-ci au fil des ans.

Equita Lyon est devenu un événement incontournable, autant pour les amateurs passionnés que pour les professionnels. On connaît la capacité de GL events a organiser des événements sportifs de la plus grande qualité. Mais ici, il y a aussi une vraie dimension “grand public”, qui elle évolue aussi avec les années. Prenez-vous autant de plaisir à travailler sur l’organisation des événements sportifs qu’à travailler sur les spectacles ou sur les nouveautés du côté du salon ? 

Sylvie Robert : Ce qui fait toute la singularité d’Equita c’est de réunir le Longines Equita Lyon, Concours Hippique International, l’Equita Lyon Western Horse Show et le salon du cheval. Pour nous il est important d’offrir une occasion annuelle à tous les passionnés et novices de se réunir pour célébrer le cheval dans toute sa diversité. Nous sommes avant tout des amoureux de cet animal fascinant. Bien sûr, les compétitions de très haut niveau nous offrent chaque année des émotions intenses, mais nous nous réjouissons, avant tout, de réussir à partager notre passion avec le plus grand nombre. C’est pourquoi nous avons par exemple tenu à conserver certaines des épreuves du plus haut niveau mondial en accès libre avec une entrée salon. 

Les Coupes du monde de saut d’obstacles, dressage et attelage attirent toujours beaucoup de public, mais également le Western Horse Show. Qu’est-ce qui vous a donné envie de donner autant de place à cette discipline, qui n’est souvent présente qu’en démonstration, sur les CSI / salons en France. 

Sylvie Robert : Nous accueillons l’étape Coupe du monde FEI de saut d’obstacles depuis 2009, celle de dressage depuis 2010, le FEI Jumping Ponie’s Trophy a fait son entrée à Lyon en 2017 et l’étape Coupe du monde FEI d’Attelage a rejoint notre programme en 2018. Aujourd’hui nous sommes le seul événement réunissant quatre Coupe du monde FEI et nous sommes très reconnaissant de la confiance accordée et renouvelée de la Fédération Equestre Internationale pour l’organisation de ces compétitions du plus haut niveau. Equita Lyon a toujours été pensé pour mettre en lumière le cheval dans toutes ses dimensions et accueillir les passionnés de tous horizons. De ce fait, dès 2009, le salon a également accueilli une compétition internationale de Reining, qui est la discipline phare de l’équitation Western. Au fil des éditions, le pôle western s’est agrandi et les compétitions se sont multipliées. La Coupe d’Europe de Barrel Race s’est notamment installée à Lyon depuis 2010. Quelle que soit la discipline, les compétitions de haut niveau donnent à l’événement sa dimension internationale et permettent de faire rayonner les sports tout autour du globe. Notre volonté est restée la même depuis les premières éditions du salon et nous sommes toujours en quête de progression, qu’il s’agisse du salon ou des compétitions. Depuis l’an dernier, nous sommes fiers d’accueillir, en parallèle du Derby NRHA de Reining, la seule étape qualificative européenne pour The Run For A Million, qui est la compétition de reining la plus dotée au monde. Grâce à une équipe dédiée, l’Equita Lyon Western Horse Show n’a cessé de briller, de plus en plus fort et de plus en plus loin. D’hier à aujourd’hui, nous ne pouvions concevoir Equita sans y accueillir de la meilleure manière les meilleurs athlètes des disciplines western et sans offrir à nos visiteurs l’opportunité de se plonger dans l’univers fascinant de l’équitation américaine.

Au-delà de l’équipe de GL Events, il y a aussi environ 400 bénévoles à participer à Equita Lyon. L’aide de bénévoles est indispensable à la bonne organisation d’un événement de cette taille. 

Sylvie Robert : Chaque année, près de 400 volontaires sont engagés auprès de notre équipe et sans eux, rien ne serait possible. J’ai plaisir à dire et répéter depuis nos débuts qu’Equita est une grande famille. Nous nous retrouvons chaque année avec une joie immense et partageons d’intenses émotions. La plupart d’entre eux sont présents depuis le début de l’aventure. De générations en générations, ces familles offrent leur temps et leur énergie à Equita Lyon et nous leur en sommes très reconnaissants. Ensemble, nous nous mobilisons pour la réussite de l’événement, mais nous sommes aussi très proches tout au long de l’année. Nos volontaires font intégralement partie de la famille et nous partageons aussi souvent les joies et les peines de la vie ensemble. Ce lien familial est une force, un indispensable à mes yeux. Je ne conçois pas la vie autrement.

Tous ceux qui sont déjà venus à Equita Lyon l’ont déjà noté dans leur agenda, mais qu’auriez-vous envie de dire aux autres pour leur donner envie de venir cette année ? 

Sylvie Robert : Qu’il n’est jamais trop tard pour découvrir, apprendre, vibrer et s’émerveiller ! Nous sommes heureux d’accueillir celles et ceux, passionnés ou curieux, qui souhaitent s’immerger, le temps d’une journée ou d’une semaine, dans l’univers du cheval. Célébrons tous ensemble les 30 ans d’Equita Lyon !

Pour terminer, on ne peut pas conclure sans parler des Jeux Olympiques, qui ont été de l’avis de tous, une grande réussite pour les sports équestres. Après avoir organisé un tel événement, comment se sent-on ? On se dit qu’il va être difficile de faire “mieux” ou est-ce que ça motive encore plus pour les projets à venir ? 

Sylvie Robert : En 2024, les équipes de GL events Equestrian Sport ont effectivement eu la fierté d’assurer l’organisation des épreuves d’équitation aux Jeux Olympiques de Paris, dans le cadre exceptionnel du Château de Versailles. Ce défi sans précédent a été un moteur incroyable pour l’ensemble des équipes qui m’entourent.  Nous avons été honorés du formidable accueil du public de Versailles et des millions de téléspectateurs à travers le monde. Un de mes plus grands souhaits était d’emmener avec nous dans l’aventure, toute la belle famille équestre qui nous entoure depuis 30 ans. Je crois que le pari est réussi. Cerise sur le gâteau, la médaille de bronze par équipe en saut d’obstacles remportée par Olivier Perreau, talentueux cavalier ligérien dont GL events est partenaire depuis 2019 ! Cette réussite, symbolique de notre engagement, témoigne de notre volonté de soutenir le sport équestre à son plus haut niveau.

Bon salon à tous ! Que vive le Sport !

Le site : Equita Lyon

Stéphane Dufour nous parle de Diego de Blondel

Stéphane Dufour nous parle de Diego de Blondel

Il y a quelques jours, l’étalon Diego de Blondel (Vigo Cécé x Dollar dela Pierre) s’est fait remarquer en remportant le Championnat du monde des étalons de 9 ans et plus à Valkenswaard. Stéphane Dufour, son cavalier de toujours (et propriétaire, avec sa femme Elodie), répond à nos questions.

Quel est ton tout premier souvenir de Diego ?

Mon tout premier souvenir, c’est le jour où nous l’avons vu dans le champ avec sa mère porteuse . J’étais très curieux , car j’ai monté sa mère ” Mapierre de Blondel ” et son père ” Vigo Cécé ” en concours, et j’avais particulièrement aimé les deux. Diego avait 2 mois. C’est là que l’histoire a commencé.

Il avait déjà quelque chose en plus comparé aux autres ? 

Il avait déjà des atouts. Après, de là à dire ce qu’il allait faire, c’était trop tôt. Michel (Ruel) voulait que l’on ait ce poulain là. Ses mots ont été : ” Vous en ferez un étalon et il sera “votre” cheval. Nous avons été voir dans le champ et il nous a plu tout de suite.

Tu l’as débourré puis monté dans les épreuves jeunes chevaux. À cette période-là, est-ce qu’il montrait déjà particulièrement de potentiel ? 

Oui. Quand nous avons commencé à le faire sauter en liberté, il nous montrait déjà vraiment des bonnes choses. Des choses qui nous plaisaient vraiment. C’est un cheval qui avait du rayon dans ce qu’il faisait, qui avait des moyens et était très respectueux. Après, nous avions vu qu’il avait besoin d’organiser un peu tout ça. Nous savions que c’était un cheval qui prendrait un peu de temps. C’est pour ça que nous avons été lentement et que nous avons pris le temps de le former. Nous aimons bien prendre le temps de former les jeunes et de leur apprendre leur métier. Celui-ci le demandait et si nous avions été plus vite, ce n’est pas dit qu’il aurait fait ce qu’il fait aujourd’hui. 

Dès cette époque, on a dû vous le demander régulièrement. Mais vous avez pour l’instant fait le choix de ne pas le vendre.

Il y a une histoire particulière autour de ce cheval, un attachement sentimental. La connexion entre lui et nous deux (avec mon épouse Elodie ) est assez singulière. Si nous le vend un jour, parce qu’il peut être à vendre, son bien être sera primordial.

D’ailleurs, on a bien vu que quand vous avez fait le choix de le confier à Nicolas Delmotte, le cheval n’était pas pareil. Il a vraiment un attachement particulier à vous.

Diego était très régulièrement classé et Nicolas lui a fait passer un cap, mais le cheval était triste et Nicolas s’en est rendu compte… 

D’ailleurs, parmi les premiers messages que nous avons reçus sur la route du retour de Valkenswaard, il y avait ceux des grooms de Nicolas Delmotte !

Je pense que Diego a besoin d’avoir une relation très proche avec son cavalier et avec son entourage.

Maintenant, il est régulièrement performant sur 1,50m. On voit que c’est un cheval qui prend du plaisir à faire du concours, qui est en forme et est assez régulier.

Oui. Nous lui faisons plaisir et il nous le rend je pense. Il faut le vivre pour le croire.

Il vous a offert une belle victoire le week-end dernier, dans le Championnat du monde des chevaux de 9 ans et plus à Valkenswaard. Comment avez-vous vécu ce week-end ?

C’était top! L’année dernière, nous avions fait Lanaken et le cheval s’était classé meilleur français. Il nous avait déjà fait plaisir. Cette année, nous avons choisi d’aller plutôt chez Jan Tops et nous étions content parce que je trouve que tout est plus “cheval” là-bas. Ça correspond plus à ce que nous cherchons. En plus, Diego a sauté magnifique ! Je pense que ça correspondait aussi à ce qu’il aime.

En plus d’une victoire individuelle, il faut surtout souligner que c’est la victoire d’un collectif, avec François-Xavier Boudant et Dylan Levallois, avec notre victoire par équipe.

Et tout le groupe France et Selle français a juste été incroyable !

Il a effectivement l’air particulièrement à l’aise sur une piste en herbe comme celle-là.

Oui. Il a un tel galop qu’il se sent bien sur une piste comme ça. Il peut s’exprimer totalement. Il est aussi capable de le faire sur des petites pistes, mais là, c’est le bonheur. Il peut s’exprimer à 100 %. Le dernier parcours, c’était un bonheur.

Quand tu le sens comme ça, tu te dis qu’il a encore une marge de progression ? 

Oui, c’est sûr. Il est encore possible monter les barres, c’est évident. J’aimerais bien d’ailleurs, que justement, la porte soit un peu plus ouverte pour aller sur des plus gros concours. Si nous voulons demander quelques CSI3 ou 4* sur des pistes qui correspondent à notre cheval, on ayant comme moi, qu’un seul cheval de ce niveau, on ne nous ouvre pas les portes. J’aimerais qu’on lui donne un peu plus sa chance. Nous aimerions que le sélectionneur ait envie de lui donner sa chance, de nous envoyer sur une Coupe des Nations de 2ème ligue par exemple.

En parallèle de tout ça, il a aussi une carrière d’étalon.

Oui. Et je pense qu’il va l’avoir encore plus maintenant que les étrangers commencent à s’intéresser à Vigo Cécé, avec la victoire d’un Vigo Cécé à Lanaken et d’autres fils qui sont gagnants en 4 et 5 *. Comme il n’y a plus de paillettes de Vigo, ils se rabattent sur les fils. Donc je pense que Diego va sûrement un peu plus travailler. En plus, il a une souche maternelle où il n’y a pas d’autres étalon et il fait partie des meilleures souches françaises, voire européennes. Je pense vraiment que c’est un cheval intéressant.

Comment tu conseilles de l’utiliser ?

Je sais qu’il va ramener sa locomotion, avec une classe de galop comme lui. Il transmet ça à tous ses poulains. Tous ceux qu’on a vu ont une super locomotion, avec des dos bien tendus et une bonne sortie d’encolure, bien dessiné et bien orienté. Il va donner des moyens et de la force. On peut l’utiliser sur une jument dans le sang, lui, va ramener tout le reste. Je pense qu’il va vraiment bien produire. Il faut juste que les éleveurs lui fassent plus confiance. Nous avons déjà un retour sur sa production , il a déjà un fils approuvé étalon. En plus, la fertilité est top, même en congelé. 

Quelle est la suite de son programme ? 

Il va faire le Grand National de Saint-Lô, parce que nous avons une équipe avec la sellerie West Cheval et que c’est important de faire ce circuit pour représenter nos sponsors. Ensuite, il fera le Grand National de Lyon pour le faire voir à d’autres éleveurs. Après, j’aimerais bien, mais c’est vraiment à voir, je voudrais demander le CSI4* de Rouen.

Interview – Nathan Budd

Interview – Nathan Budd

Quelques jours après le CSI4* de Deauville où il prenait la 8ème place du Grand Prix avec Touardo Blue Z, le cavalier Belge Nathan Budd a répondu à nos questions. 

Mi-août, tu as participé au CSI4* de Deauville avec deux étalons dont on parle de plus en plus : Coldplay des Rosiers et Touardo Blue Z. Peux-tu nous parler d’eux ?  

Coldplay, c’est un étalon de 8 ans qui est né chez nous (au Haras des Rosiers). Je monte quasi depuis le début. Mon cavalier, Paul-Emile Blaton, l’a un petit peu monté à cinq et au début des six ans, puis je l’ai récupéré. C’est un excellent cheval. Je pense qu’il a toutes les qualités dont un cheval de sport a besoin aujourd’hui. Il y a plus ou moins deux ans, on a décidé de mettre un peu plus en avant la partie étalon. Ça fait deux ans d’affilés qu’il est disponible en frais en Belgique, ce qui explique qu’il a été un peu absent des terrains de concours. Il a sauté les 8 ans pendant le 5* de Fontainebleau, puis on l’a arrêté pour qu’il se consacre à la saillie.Il a fait 2 tours à Valkenswaard puis il a sauté au 4* de Deauville. Maintenant, on va essayer de se concentrer un peu plus sur le sport.

À ce niveau-là, ça devient difficile de faire les deux en même temps.

Exactement. C’est un cheval qui a énormément de qualités, énormément de respect, et qui dit ça, dit aussi un peu sensible. Il faut faire les choses correctement. Jje pense que c’est le moment où il faut recommencer à mettre le sport un peu plus en avant. 

C’est un cheval qui a tendance à en faire un peu, voire même beaucoup “trop” parfois. Non ? 

Oui, un peu, c’est ça. Il est un peu excessif dans tout ce qu’il fait. J’ai toujours fait un programme par rapport à mes chevaux, en faisant attention à ce que ce ne soit pas eux qui soient obligés de matcher avec le programme. Maintenant qu’il a fini la saison de monte, on va regarder un petit peu comment il évolue et à quelle vitesse il revient à son niveau avant de pouvoir ressauter de plus grosses épreuves.. 

Il restera disponible en congelé ?

Tout à fait. Le congelé sera toujours disponible. Pour ce qui est frais, je vais devoir regarder un peu avec mon propriétaire ce qu’il veut, mais je pense que, gentiment, ça va être le moment de pouvoir se concentrer un peu plus sur le sport que sur le reste.

Coldplay des Rosiers

Pour l’instant, ton cheval de tête, c’est Touardo. 

Exactement. Il est arrivé chez moi il y a un peu plus de deux ans. Il a fallu le temps que je me mette avec, que je comprenne son fonctionnement. Beaucoup de personnes ont eu tendance à le comparer avec Cashpaid, parce qu’il est aussi étalon, grand, bai… Mais ce sont deux chevaux différents. Il a fallu le temps qu’on se mette ensemble, qu’on se fasse confiance et qu’il rattrape un tout petit peu le retard qu’il avait, parce qu’il avait été un petit peu arrêté avant de venir chez moi. Maintenant, il est en train de revenir vraiment en pleine forme. Déjà l’année passée, il avait fait une bonne saison par rapport à ce qu’on attendait de lui. Mais cette année, je sens qu’il est en train de passer un cap et il nous l’a montré encore dans le Grand Prix de Deauville. C’était un bon grand prix et il est sorti sans faute, assez facile. Il y a encore pas mal de choses à faire évoluer pour le futur, mais c’est un cheval qui va sauter des gros grands prix.

Il a l’air très régulier.

Oui, de plus en plus. Il fait énormément de sans-faute. Quand je ne suis pas sans-faute, c’est parce qu’on manque un peu d’expérience par rapport à ce qu’on lui demande. Il rattrape assez vite ce petit manque d’expérience, et quand c’est acquis, c’est acquis. Sa régularité sur 1,50m / 1,55m est assez impressionnante. C’est un cheval sur qui on va pouvoir compter dans le futur.

Touardo Blue Z

Tu as beaucoup d’étalons dans ton piquet. Ce ne sont pas toujours les plus faciles à gérer au quotidien comme en concours. Tu as une affinité particulière pour le tempérament des étalons ? 

Je ne sais pas. Je ne vais ni dire oui ni dire non. Je travaille avec le Haras des Rosiers depuis plus de 13 ans. On avait toujours dit qu’on allait garder les juments et les étalons. De fil en aiguille, on a eu de plus en plus de très bons étalons. C’est Bernard Demets qui nous a suggéré de mettre un peu plus en avant ces étalons. Chose qu’on a fait, mais on n’a pas décidé qu’on ne faisait que des étalons. C’est juste qu’on a en ce moment plusieurs étalons qui commencent à prendre un peu plus d’âge et qui arrivent au plus haut niveau. 

Ces étalons ont l’air d’avoir plutôt tous un bon caractère.

Oui. On a essayé de bien gérer les choses. J’ai une équipe qui travaille très bien à la maison. La plupart sont nés chez nous, donc on arrive à savoir dès le début lesquels vont pouvoir être gérables et pas gérables. Un cheval qui est trop compliqué au niveau caractère, on ne va pas le garder étalon. Je pense que le travail en amont est bien fait. Comme ils sont au Haras, ils ont l’habitude de voir des juments, des poulains, etc… Ça bouge tout le temps et ils sont habitués à ça. 

Tu es cavalier de concours, mais avec le Haras des Rosiers, tu es aussi plongé dans l’élevage. C’est quelque chose que tu aimes ?

Oui. Le Haras des Rosiers, c’est un élevage qui me tient à cœur. Et de plus en plus, parce que maintenant, j’ai des poulains qui naissent de juments que j’ai montées, où je connais le père, je connais la mère, je connais la famille. C’est assez agréable. C’est des chevaux qu’on voit naître et qu’on fait évoluer jusqu’au niveau. L’atout de ça, c’est qu’une fois qu’on arrive au niveau, on connaît vraiment les chevaux. Ils sont formés à ma façon de faire, donc c’est plus facile par la suite.

H’Aubigny de Talma

Aujourd’hui, tu as un fonctionnement et des chevaux pour aller faire du très haut niveau. C’était un objectif dès le début ?

Je mentirais si je disais que ça n’a pas été mon objectif. J’ai toujours rêvé ça depuis que je suis gamin. Après, est-ce que c’était un rêve ou un objectif ? Je ne sais pas. Mais les choses ont fait que j’ai rencontré mon propriétaire, puis de très bons chevaux qui ont fait que, petit à petit, ça devenait envisageable et possible. Je pense que mon propriétaire m’a suivi dans ce rêve, qui était de pouvoir arriver vers le plus haut niveau. Aujourd’hui, c’est sûr que c’est devenu mon objectif. Après, on n’a jamais “brûlé” un cheval pour le sport. Ça a toujours été et ça restera toujours les chevaux avant le sport. 

Les Jeux Olympiques de Paris viennent de se terminer. Participer aux JO, c’est un rêve ?

Bien sûr ! C’est un rêve. On a vu cette année à Paris un événement qui était plus que réussi, avec une organisation incroyable. Je pense que ça a fait rêver tout le monde. En équitation, mais aussi dans tous les autres sports. Je pense que c’est une mise en avant du sport en règle générale qui est magique. C’est sûr que les jeux restent quelque chose qui fait rêver. Après, c’est beaucoup d’appelés pour peu d’élus. Est-ce que c’est possible d’y arriver ? Je ne sais pas. Mais c’est ce serait mentir de dire qu’on ne rêve pas un jour d’avoir la chance de  pouvoir participer aux JO pour son pays. 

On voit que tu as des chevaux prometteurs dans les jeunes générations aussi. Tu devrais donc pouvoir construire un bon piquet de chevaux pour l’avenir.

J’ai la chance d’avoir mon propriétaire qui élève très, très bien, et donc d’avoir un “stock” de chevaux à ma disposition, avec une qualité de chevaux qui est assez impressionnante.  Il y a beaucoup de travail derrière tout ça. Mais aujourd’hui, on a vraiment une super qualité de chevaux. Après, de bons cavaliers, il y en a beaucoup. Il va falloir essayer d’être encore meilleur et de travailler pour. Mais c’est vrai que j’ai la chance d’avoir un piquet de chevaux qui est encourageant pour la suite. Encore aujourd’hui, j’ai fait sauter des 4 ans ici, à l’entraînement et je vois que j’ai un paquet de bons 4 ans. J’ai quelques bons 5 ans, quelques bons 6 ans. Chaque année, j’ai quelques bons chevaux et c’est encourageant de se dire qu’on travaille tous les jours pour avoir un piquet de chevaux suffisant pour pouvoir essayer de rivaliser au plus au niveau.

Tes chevaux actuels vont pouvoir te servir de locomotive, pour former les autres chevaux pour la suite en allant déjà sur de beaux concours.

Bien sûr, c’est certain. Il y a dans une écurie une ou deux locomotives qui tirent un peu tous les autres. C’est certain que dans notre manière de voir les choses, la formation des jeunes chevaux est importante. Je continue à monter des 4 ans et j’ai un œil sur tous les jeunes chevaux qu’on a, même avec nos autres cavaliers, pour essayer de construire au fur et à mesure et de faire les bons choix. C’est un travail de tous les jours, avec toute une équipe. C’est très important.

Coldplay des Rosiers

D’ici les prochains JO, il y a d’autres beaux événements de prévus. Il y en a déjà que tu as dans un coin de la tête ?

Bien sûr. Les championnats d’Europe c’est un championnat qui est un petit peu plus accessible pour faire ses débuts. Après, on est dans un pays où il y a énormément de bons cavaliers et de bons chevaux. De toute manière, comme j’ai dit, ce sont mes chevaux qui vont me dire ce qu’on est apte à faire ou pas. Je ne vais pas forcer les choses pour une échéance en particulier. C’est sûr que tous les championnats, les coupes des nations et les 5* en général font rêver, mais ce n’est pas si facile de pouvoir y avoir accès. Mais quand on y est, on voit ce que c’est et ça donne envie d’y rester. Avec les chevaux que j’ai, je pense que dans un an ou un an et demi, on devrait pouvoir prétendre à ces concours en y étant plus régulier au niveau de la présence et des performances. Il faut avoir plusieurs chevaux pour pouvoir faire un roulement et donc plus de concours. Qui dit plus de concours, dit plus d’entraînement. Quand on est en 5* tous les week-ends, ça devient un peu plus banal de sauter un GP 5*. Quand on a la chance de la faire une fois de temps en temps, c’est déjà génial, mais on a plus de pression et c’est plus dur pour nous que pour les cavaliers qui le font tout le temps. J’ai déjà eu la chance de rencontrer Sylvie Robert qui m’a donné accès à pas mal de beaux concours. Et ça a à chaque fois été plutôt bien. On continue à faire, pour pouvoir en faire plus et avoir les chevaux qui sont prêts. Je pense qu’on est dans le bon chemin.

Pour terminer, un petit mot sur l’encadrement de l’équipe belge et la possibilité d’accéder à des places sur les beaux concours ?

On est un pays avec énormément de bons cavaliers et de bons chevaux. Maintenant, de ce que je vois, ce n’est pas impossible. Il faut être bon, avoir les bons chevaux au bon moment et essayer de prendre sa place. Aux jeux, quelqu’un comme Gilles Thomas a eu sa chance. C’est un excellent cavalier, avec un excellent cheval, mais mine de rien, c’est un jeune qui a pris la place de certains autres. Il y a des choses qui sont possibles, Ça reste ouvert. Je pense qu’on a de la chance d’avoir deux très bons sélectionneurs, avec qui l’on peut discuter et qui osent donner leur chance à de plus jeunes cavaliers. C’est un atout pour nous. Après, il n’y a pas de miracle. On a sa chance quand on est bon. Donc, avant de demander quoi que ce soit, il faut que les résultats soient là. Quand on fait quelques résultats en 3 et 4*, on peut essayer de les toquer à la porte pour avoir de temps en temps un 5*. 

Interview – Marie Pellegrin

Interview – Marie Pellegrin

Réserviste aux JEM de Lexington en 2010, mais gagnante en Coupe des Nations et  3ème du Grand Prix de Calgary avec Admirable, Marie Pellegrin revient au plus haut niveau avec une écurie remplie de chevaux de grande qualité. Parmi eux, l’étalon Deuxcatsix d’Eglefin, avec lequel elle a participé à la Coupe des Nations et au GP du CSIO de Falsterbo le week-end dernier. 

Deuxcatsix (Vigo Cece x Bamako de Muze) est votre cheval de tête. Pouvez-vous nous parler de lui ? Quelles sont ses plus grandes qualités ? Ses petits défauts ? 

Je l’ai acheté à cinq ans. Il a des capacités physiques assez démesurées, en termes d’amplitude, de moyens et de trajectoire. C’est impressionnant. Depuis Admirable, je n’avais pas monté un cheval avec autant de moyens et je me demande même s’il n’en a pas encore plus. C’est aussi un cheval très intelligent, très respectueux et très sensible. Il y a du sang, mais du bon sang. Pour un étalon. Il est très gentil. Il a toujours la porte du box ouverte à la maison. En concours, il est à côté de tous les chevaux et il n’y a pas besoin de lui mettre de l’électricité. C’est très appréciable. Si ce n’était un étalon un peu plus sanguin, un peu plus compliqué à manipuler, il ne serait pas dans mon écurie parce que ça n’irait pas avec notre fonctionnement. On est très proche des chevaux, on s’en occupe beaucoup. Ils sont beaucoup manipulés et beaucoup sortis. En plus, je n’ai quasiment que des filles à l’écurie. Donc son caractère est vraiment une grande qualité. Après, je dirais que son défaut est le défaut de ses qualités. Il est emmené par sa masse et par son moteur. Sa croupe est plus haute que le garrot. Donc on doit lui demander de tenir son garrot et son équilibre. Il doit m’écouter, mais il doit être content de m’écouter.

C’est aussi un étalon dont on commence à voir les produits en concours. Que pensez-vous de ses premiers produits ? 

C’est encore un peu tôt pour dire, mais en tout cas, de ce qu’on voit, il produit avec de la taille, de l’envergure et beaucoup de chic. On voit quelques produits qui sautent vraiment, qui sortent de l’ordinaire. Après, les origines parlent aussi. Il a un papier exceptionnel.  Mon père, qui est vraiment très bon dans toutes les origines, avait tout de suite adoré le papier avant même de l’avoir vu sauter. Quand il a vu le papier, il a dit “Il le faut absolument !” Il se trompe très rarement, je dois dire. Je n’achète pas un cheval sans qu’il ait vu les papiers. 

Donc vous travaillez en famille.

Oui. Ma mère a un très bon sentiment. Mon père aussi, mais lui est vraiment très calé sur tout ce qui est origines. Il a une mémoire assez exceptionnelle et il est passionné. Mon sentiment sur cheval et le leur en plus. C’est comme ça qu’on choisit les chevaux. Sur le tout petit nombre de chevaux que j’achète, j’avais calculé, je crois, que j’ai 98 % de chevaux qui ont fait 4* et dans les 2% qui restent, la plupart du temps c’est parce qu’il y a eu des problèmes physiques. On a notre petit système, notre petit schéma, notre mode de fonctionnement. Les erreurs d’achat que j’ai faites, c’est quand je suis sortie de mon schéma de fonctionnement ou quand je me suis laissée un peu forcer la main et que j’ai écouté quelqu’un au lieu de faire confiance à mon sentiment. Mais c’est subjectif, parce que je n’en ai aucun qui se ressemble. Mais il faut qu’il ait une bonne tête et de bons yeux.

Il faut leur donner envie de faire. 

C’est ça. J’ai besoin de collaborer avec eux. Il faut qu’ils aient envie de jouer avec moi en piste et qu’ils comprennent le but du jeu. Je ne sais pas faire autrement. Il faut que ce soit mes copains. C’est ça qui est dur à trouver comme juste-milieu avec un étalon. Je n’avais jamais monté d’étalon en piste, donc je ne savais pas trop comment m’y prendre. Ce n’est ni une jument ni un hongre. Il fallait que je trouve le mode d’emploi. Pour qu’il m’écoute, mais qu’il soit content de le faire,en fait il faut qu’il ait un peu l’impression que l’idée vient de lui.

Le week-end dernier, vous avez participé au CSIO de Falsterbo. Comment ça s’est passé. 

Dans la coupe, je n’ai pas assez bien monté toute une ligne. Je fais faute sur la rivière et deux fautes après la rivière. Le reste, le cheval s’est promené. Dans le grand prix, on fait 4 points et du temps dépassé. Il faut se remettre sur ces difficultés-là, sur cette hauteur, et sur les contraintes de temps qui est encore plus court que dans les autres concours. J’étais un peu déçu de moi. Mais après, il faut tout de suite savoir où on a fait des erreurs et réagir immédiatement. Pour ce concours, c’est Olivier Guillon qui nous a accompagnés comme chef d’équipe. C’est quelqu’un de positif, fédérateur, compétent et gentil. On était vraiment très content qu’il soit avec nous. 

En même temps, il faut toujours au moins faire plusieurs concours de ce niveau pour prendre la mesure de ses épreuves de CSIO5* et passer le cap pour y être compétitif.

Complètement. Là, on va aller à Hickstead la semaine prochaine. Je suis très contente de faire deux CSIO à la suite.  Comme ça, je reste dans le bain, parce que c’était une reprise de contact.

Les épreuves par équipe, les Coupe des Nations, les Championnats, etc. C’est quelque chose que vous aimez ? 

C’est ce que je préfère. J’ai toujours aimé ça. J’ai fait mon premier championnat d’Europe poney à douze ans et trois championnats d’Europe Poney, puis deux en juniors et trois en jeunes cavaliers. Après, j’ai fait des épreuves en équipe de France et en équipe Suisse, en seconde ligne et là, de nouveau en première ligne.

Qu’est-ce qu’elles ont de particulier, ces épreuves par équipe ?

On représente son pays, c’est la première chose. Je trouve ça beau d’aller représenter les couleurs de son pays. C’est un honneur. Dans l’épreuve par équipe, on monte aussi pour les autres. On a ce sentiment de devoir être à la hauteur pour ne pas pénaliser les autres. Cet effet de groupe est vraiment très sympa et très grisant. On a vraiment à cœur de tous réussir et de représenter le pays. Clairement, c’est toujours ce que j’ai préféré faire.

Comme à Falsterbo, le week-end prochain, vous allez être accompagné de deux autres chevaux. Floc qui est un fils de Qlassic Bois Margot et de SI Vive (qui est une fille de O’Vive, la mère de l’étalon Upsilon) et qui s’est déjà classé sur 1,50m, et Fini l’Amour (L’Arc de Triomphe x Canadian River) est régulièrement classé dans des épreuves 1,40m à 1,50m, dont 2 épreuves à Falsterbo. Ils semblent tous les deux très prometteurs.

Ils sont exceptionnels. Les deux sont déjà classés sur 1,50m et peuvent devenir des chevaux de Grand Prix 1,60m. J’ai acheté Floc à 3 ans à la famille Sisqueille, qui sont des amis de la famille. On a eu plusieurs chevaux de leur élevage, parce qu’ils ont cette souche anglo qui est vraiment très bonne. J’ai eu un coup de foudre sur lui à 3 ans. Il a beaucoup de sang. Il a toujours été très sensible. On a vraiment pris notre temps. Je me suis mis dessus en fin d’année de 6 ans. Il ne fait que progresser et montre le potentiel pour devenir un cheval de championnat. Quand j’ai commencé à sauter haut en fin d’année de 8 ans avec Fini L’Amour, il en faisait trop. Il sautait sur sa qualité et non sur la qualité de mon équitation. C’est pour ça que je l’ai baissé de hauteur d’épreuve. J’ai commencé à m’entraîner avec Pascal Levy fin mars et il m’a dit que je n’allais pas assez au bout du travail sur le plat. On est allé plus loin dans le travail avec tous les chevaux, d’abord sur le plat, puis bien sûr à l‘obstacle. Il m’a modifié pleins de petits détails qui font toute la différence à la fin pour le haut niveau. On fait un travail formidable. C’est extraordinaire tout ce qu’on a à apprendre des chevaux. On apprend tous les jours et on se remet en question tous les jours. On se trompe souvent en pensant bien faire. C’est une perpétuelle remise en question et c’est beaucoup de travail. Par contre, une fois qu’on est à l’entrée de la piste, il faut mettre tout ça de côté et être sûr de soi.

Il y a quelques jours, vous avez posté une vidéo du 7 ans Hold Up de Talma (Mylord Carthago x Baloubet du Rouet), qui montre lui aussi beaucoup de qualités

Oui. Il montre un grand potentiel et en plus il a une super souche. J’ai aussi un six ans, Inextenso (Clarimoi x Canturo) qui vient du même élevage que Floc, qui est très vert. Il a fallu prendre particulièrement notre temps avec lui, mais je pense qu’il sort du commun. 

On a l’impression que vous avez trouvé un système de formation et de fonctionnement qui vous permet vraiment d’arriver avec des chevaux juste bien comme vous voulez quand vous attaquez les beaux concours.

Avant, j’avais déjà  jeunes chevaux, mais je ne les faisais pas moi-même, parce qu’on ne peut pas tout faire. Chacun son métier. Ce n’est pas le même métier de faire du jeune cheval correctement, donc je mettais mes chevaux ailleurs. Mais au final, je n’étais jamais vraiment complètement satisfaite. Ce n’est pas péjoratif du tout. Je ne critique vraiment absolument pas le travail de personne. Mais je n’ai pas les mêmes exigences que quelqu’un d’autre donc, je devais trouver une solution. J’ai décidé d’avoir mes jeunes chevaux sur place parce que je me rendais compte qu’on passait à côté de certaines choses.Je préfère les avoir sous les yeux. Déjà pour me faire une idée de la qualité. Est-ce que je dois les garder ou les vendre plus rapidement ? Mais aussi, pour voir s’il n’y a pas des petites choses physiques où on est passé à côté, ou alors des choses un peu émotionnelles, etc. Des choses qu’on ne peut voir qu’en les voyant au quotidien. Et puis, on sait que tout est fait comme on veut. On a pas de regret en se disant que ça aurait pu être différent si on les avait eus 6 mois avant. Je travaille avec Michel Grunh, qui est prestataire de service pour moi. Il me sous loue une partie de l’écurie et monte aussi des chevaux d’autres gens. Il s’occupe de mes jeunes chevaux et monte aussi mes autres chevaux quand il y a besoin. Avec moi, il n’a pas d’obligation de performance. Les chevaux sont là pour apprendre et être contents de rentrer en piste. On est raccord sur comment s’occuper des chevaux et les monter. Il profite des infrastructures, mais également des prestataires qu’on fait venir comme Bertrand de Bellabre, Patrick Allori ou encore Pascal Levy. On fait vraiment du très bon travail ensemble.

Aujourd’hui, votre piquet de chevaux est prêt pour vous permettre de vous projeter sereinement dans un planning vers le haut niveau.

Complètement. J’aurais 3 chevaux pour faire les grosses épreuves dans quelques mois. On touche du bois, on sait qu’avec les chevaux, il peut toujours arriver quelque chose, mais évidemment, c’est le plan. Là, je n’ai que Deuxcatsix pour faire les GP 5*, mais l’année prochaine, j’en aurai trois pour faire les Coupe des Nations et les Grand Prix.

Et derrière, vous en avez d’autres à préparer pour l’avenir, qui pourront être “tirés” par le piquet de tête en se formant sur les petites épreuves des beaux concours.

Exactement. J’ai Hold Up qui arrive, mais aussi un autre 7ans, Haribo du Rio (Elvis Ter Putte x Le Tot de Semilly), qui est plus vert et qui va être formidable aussi. J’ai aussi Hip Hop la Vraie Vie ( Cicave du Talus x Tinka’s Boy). Ils sont un tout petit peu en retard. Je leur laisse le temps d’évoluer et de se finir dans leur physique. À la maison, on prend notre temps. Les chevaux de 4 à 7 ans font juste un peu de concours et ils vont au champ. Je les mets au champ tous ensemble, donc c’est un peu une bande de copains.

Vous êtes fixé des objectifs ou c’est vraiment les chevaux qui vont définir la suite ?

C’est toujours les chevaux qui définissent le programme. Il ne faut jamais faire un programme en fonction de ses envies, mais les programmer en fonction des chevaux. C’est la règle. Après, évidemment, il y a des objectifs. Si tout va bien, on va essayer d’être sélectionnable pour les championnats du monde d’Aix-la-Chapelle en 2025. Entre-temps, il y a des CSIO et il y a un championnat d’Europe. De toute façon, il faut essayer, parce que 100 % des gagnants ou tenter leur chance. De mon côté, je me suis réorganisée dans cet objectif. J’ai arrêté d’entraîner, ce qui me prenait beaucoup de temps et j’ai pris un entraîneur. Je mets toutes les chances de mon côté pour faire du mieux possible pour faire du haut niveau. On a pris le temps de bien former des chevaux de qualité. Pour moi, les chevaux arrivent à maturité à 10 ou même 11 ans. Ce que je dis n’engage pas moi et je comprends bien la pression sportive, financière, de beaucoup de cavaliers qui ne sont pas propriétaires de leurs chevaux et où il faut des résultats rapides. Maintenant, il faut tout faire vite. Mais avec les chevaux, ce n’est pas possible. J’ai vraiment le sentiment que, jusqu’à 9 ans, ils prennent sur eux et on leur demande plus que ce qu’ils nous donnent naturellement. On entame le capital moral, confiance et physique. Je n’ai que 7 chevaux aux écuries, mais ce sont tous des avions. 

Donc le but, c’est d’aller faire du beau sport, mais en laissant toujours la priorité aux chevaux.

C’est ma philosophie, mais ça n’engage que moi. Je peux me permettre de le faire comme ça donc je le fais comme ça. Mais encore une fois, je me mets à la place de chacun. Du moment que tout le monde fait du mieux qu’il peut avec ce qu’il a, ça me va. 

De toute façon, si l’on veut que notre sport dure, il faut que le respect du cheval reste une priorité.

Oui. Dans le haut niveau, les chevaux sont mieux soignés que 80 % des gens sur la planète. 

C’est évident que beaucoup de gens qui prennent position n’ont aucune idée de la vie réelle d’un cheval de haut niveau. Mais c’est quand même bien qu’il y ait des règlements qui peuvent servir de garde-fou.

Oui. Nous, professionnels, avons un devoir d’image.On doit être irréprochable. On doit être un exemple. Ça, j’en suis convaincue. Mais après, il y a aussi des règlements de la part des autorités, je parle de la fédération française et de la FEI où il y a des choses où il ne faut pas fermer les yeux. Il faut qu’il y ait des règlements stricts. Quel que soit le cavalier, il faut que la règle soit la même pour tout le monde. Bien sûr, c’est beaucoup de temps de travailler correctement à cheval, mais il n’y a pas mal d’artifices, de matériel, de choses inutiles qui pourraient être évités en travaillant correctement.

Le problème, c’est plus souvent la mauvaise utilisation de cavaliers d’un niveau en dessous, plus que le matériel lui-même.

C’est exactement ça. Charlotte Dujardin en bride, ça ne dérange pas du tout. Par contre, un mauvais cavalier dans une petite épreuve en pelham avec une gourmette serrée, oui, ça me pose un gros problème.

Pour finir, que diriez-vous sur les gens qui critiquent le fait de faire du sport avec des chevaux ? 

Qu’ils ne se rendent pas compte. Mes chevaux passent avant moi. On voue notre vie aux chevaux et on passe à côté de beaucoup d’autres choses. On fait ce métier avant tout parce qu’on les aime. On est profondément passionnés et amoureux des chevaux. J’invite n’importe qui à venir dans mon écurie voir la vie de mes chevaux.

Corinne Accary nous parle de Hollywood du Park

Corinne Accary nous parle de Hollywood du Park

Hollywood du Park (Diamant de Semilly x Quidam de Revel) est 4ème du Grand Prix 1,40m Top 7 de Notre Dame d’Estrée avec la manière sous la selle de Nicolas Layec début juillet. Nous avons fait cette interview de son éleveuse Corinne Accary il y a quelques semaines. 

Pourquoi avoir choisi de faire ce croisement-là ?

Je vous avoue que j’étais très Kannan et je n’étais pas spécialement Diamant à la base. Là, j’ai été un peu contre ma nature, en me disant que ce cheval a fait de très nombreux cracks, alors pourquoi pas avec une de mes juments. Quand le poulain est né, j’ai été agréablement surprise, parce que je l’ai trouvé plutôt joli. Grand, mais sportif malgré tout. Il n’avait pas d’articulations trop lourdes. Après, j’ai une lignée qui est très tardive. Donc, je prends beaucoup mon temps. Il a fait trois, quatre sauts à deux ans. Je me souviens, je travaillais à l’époque avec Yannick Gaillot qui montait mes chevaux. Je l’ai appelé et je lui ai dit : « je crois que j’ai mon futur crack. J’ai fait sauter mon deux ans, c’est du grand n’importe quoi ». Puis à trois ans, comme le cheval est grand, honnêtement, je n’ai pas retrouvé ce que j’avais vu à deux ans. Je me suis demandée si je m’étais trompée. Mais, il était grand et il avait un grand galop. En croissance, il n’y arrivait pas bien. Donc, j’étais un peu déçue. Puis, on l’a mis au travail. Tout était très facile et même trop facile pour lui en début de quatre ans. Il avait une très bonne bouche, était très en équilibre, très à l’aise dans son galop et tout était facile. Il sautait “normalement” à la maison. Par contre, quand il était en concours, il entrait en piste et ce n’était plus le même cheval. Ça le transcendait.  Là, j’ai dit : « je crois que j’ai quand même un très bon cheval. Certainement tardif, mais un très bon cheval ». C’est comme ça que toute son histoire s’est faite.

C’est pour ça que vous l’avez gardé entier ?

Oui. Les Quidams sont de super mères de pères, et ça m’a plutôt bien réussi. J’ai vite décidé d’éviter de les vendre. Surtout que pour avoir des Quidam femelles, c’est compliqué. La mère, je l’avais fait tourner un peu à six et sept ans. C’était Sandra Delouis qui la montait à l’époque. C’était une force de la nature. Elle avait beaucoup de sang et un grand coup de dos. Elle a tourné jusque dans les 7 ans, puis je l’ai gardée comme poulinière. C’est comme là que je l’ai mise à Diamant. Je pense que Hollywood a pris le côté force de Diamant et de Quidam. Il a des défauts, comme beaucoup de chevaux, mais il a plein d’atouts pour lui. Premièrement, il a une super tête. Ensuite, il a un très bon équilibre avec une bonne bouche, un bon galop et une excellente fertilité. Il a plus d’avantages que d’inconvénients, je trouve. Je l’ai utilisé sur quelques-unes de mes juments. C’est un peu compliqué, puisque je n’ai qu’une lignée. Mais j’essaye de faire ce qui est “faisable”. Franchement, la première année, j’ai réussi à trouver trois juments où je pouvais le mettre. Les trois que j’avais mis, je les remets parce que franchement, les poulains sont faits comme le père. Ils sont bien en équilibre, ils ont de jolies têtes. Il n’y a pas une patte de travers. Ça arrivera peut-être, mais pour le moment, ce n’est pas arrivé. Ils galopent bien. Ils ont un mental exceptionnel. On les lâche au pré, ils font les idiots comme des poulains, mais on les tient en main. Ils sont très respectueux, très gentils. Pour le moment, je n’ai que des compliments sur  les quelques poulains qui sont déjà nés chez d’autres éleveurs. Ce qui est toujours plutôt sympa.

Ollyana des Hulottes – Hollywood x Faro just SLM (Armitages Boy*Hand in glove)

Comment conseillez-vous de le croiser ? 

Pour le moment, il a l’air de faire des poulains un peu sur son moule, c’est-à-dire en montant comme lui. Des Hollywood en miniature. J’ai mis trois juments qui sont différentes. Par rapport à leur précédents poulains, ceux d’Hollywood sont parmi les plus beaux poulains. Les trois ont beaucoup de similitudes. Ils ont tous de jolies têtes, avec une belle sortie de couleurs et fait en montant. C’est ce qui me marque le plus parce qu’à la base, je n’avais pas une lignée comme ça. Donc, c’est certainement à force d’essayer d’améliorer. Si on prenait mon premier poulain, qui était Diabolo. C’était une force de la nature, mais il était emporté tout le temps par son arrière-main, il avait une très mauvaise bouche. C’était le crack des cracks. Mais il avait un équilibre fait en descendance. Hollywood a une bonne bouche avec un bon équilibre, ce que je n’avais pas avant. Donc, je pense qu’il va être facile. Pour moi, je le vois très classique. Il donne aussi de la taille aux petites juments. Pour le moment, quand il est croisé avec de grandes juments, il n’agrandit pas encore plus la taille. On va forcément avoir un cheval qui est grand, mais ça ne va pas être encore plus grand.

Je ne sais pas si ce sera un super compétiteur, mais je sais aussi que c’est quand même difficile d’atteindre le très, très haut niveau. On croit que c’est facile, parce qu’il y en a beaucoup maintenant, mais c’est quand même quelque chose qui relève de l’exceptionnel. Il ne faut pas l’oublier. Des chevaux pour sauter à 1,50 mètre, je ne vais pas dire qu’on en a à tous les coins de rue, mais on peut quand même en avoir beaucoup maintenant. Pour sauter au-dessus, c’est nettement plus dur. En plus, les cavaliers maintenant vont très vite. Les chevaux vont très vite. Est-ce que le cheval arrivera à faire ça ? Je n’en sais rien. Je l’espère, mais honnêtement, je ne sais pas. C’est très, très difficile. Par contre, je pense vraiment qu’en tant que reproducteur, il va apporter quelque chose. 

Avoir un étalon, c’est quelque chose qui a l’air de vous tenir à cœur.

Je vais vous dire une chose. Diabolo, on m’a empêché qu’il le soit, parce qu’à l’époque, c’était jugé différemment. Je n’ai été qu’une petite parisienne qui n’y connaissait rien. Amateur donc. Nous, les femmes, on est quand même dans un milieu qui est un peu misogyne. Il ne faut pas exagérer. En tant que femme éleveuse, j’ai bien vu que, parfois, on me regardait de travers. Maintenant, avec le temps, c’est un petit peu différent. Au début, quand je parlais de mes chevaux, on ne prenait pas au sérieux parce que je ne suis pas issue d’une famille d’éleveurs. Seulement, maintenant, on voit les chevaux “du Park”, qui sortent, qui sortent. À l’époque, on m’avait empêché de garder Diabolo entier. C’était jugé, pour moi qui étais jeune, par de vieux messieurs de la SHF. Ils avaient osé rigoler, parce que le saut en liberté n’était pas quelque chose d’obligatoire à cette époque-là. Je savais bien que mon cheval n’était pas grand. Il ne faisait qu’1,62 m. Il avait une énorme foulée de galop. Il était beau cheval mais ce n’était pas une gravure non plus. Je m’attendais à ce qu’il soit qualifié pour Saint-Lô. À l’époque, on m’avait ri au nez, en me disant qu’on allait m’éviter un voyage fastidieux, d’emmener mon cheval à Saint-Lô, parce que celui-là, vu comment il était foutu, ça les étonnerait bien qu’il saute…

Hollywood. Ce n’est pas forcément le cheval auquel je pensais au départ, parce que je m’étais un peu retirée de la tête le rêve d’avoir un étalon. Je suis une femme et j’aime bien m’occuper un peu de tout chez moi. Je ne peux pas me permettre, pour des raisons de sécurité avant tout pour moi-même, de garder des entiers qui seraient dangereux à la maison. Il faut qu’ils aient bon caractère. Donc, Hollywood correspondait. Il chante un peu, mais c’est un gentil cheval. À quatre ans, j’ai été obligée de lui faire faire la finale pour le faire approuver, parce qu’il n’avait pas été approuvé à trois ans. Comme je connaissais la qualité et que j’étais un peu têtue, j’ai fait tout le circuit à contrecœur. D’ailleurs, il ne sautait qu’en concours, parce que je ne voulais pas l’user. Il est allé à la finale et il a été approuvé.

Entre la fin de sa saison de 6 ans et le début de sa saison de 7 ans, il a fait une grande pause. 

Oui. À la finale des six ans, il ne s’est pas très bien présenté. Il a fait une bêtise d’entier, il a fait l’idiot au box. Le lendemain, il n’était pas complètement droit. Il est allé à la finale. Ça allait mieux, mais ce n’était pas parfait. C’est la vie, mais c’est vrai qu’il n’avait pas sauté comme il aurait dû sauter. Après, il est parti à la récolte et il a recommencé les concours fin mars. Là, j’aimerais bien qu’il fasse la finale des sept ans, s’il pouvait. Maintenant, le but, c’est qu’il fasse de belles épreuves. Même s’il est encore trop bébé et pas assez mûr, je pense qu’il a de la force. Il faut qu’il arrive à s’économiser un peu plus si on veut que les chevaux vieillissent. C’est joli, les chevaux qui pètent en l’air dans tous les sens, mais malgré tout, il faut qu’ils apprennent parfois à s’économiser. Pour le moment, Bruno Rocuet le gère très bien. On fait en fonction du rythme du cheval, mais pas en fonction d’un calendrier.

L’envie, c’est quand même d’aller faire du beau sport avec et idéalement qu’il fasse une vraie carrière d’étalon ?

Le but, c’est d’aller faire du beau sport, s’il peut, s’il en est apte. C’est pour ça qu’on fait attention. 

Dans quelles conditions est-il disponible cette année ?

Il n’est disponible qu’en congelé. De toute façon, il le sera toujours, sauf en cas d’accident. Le cheval a une excellente semence, vraiment très, très bonne. Il a rempli des juments qu’il ne remplissait pas depuis deux ou trois ans. Il y aura toujours des juments qu’il ne remplira pas, mais le cheval remplit vraiment très, très bien. En plus, je trouve qu’on ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Il y en a qui le font. Tant mieux si les chevaux sont capables de le faire aussi, mais je trouve qu’il faut faire un choix.  Pour le prix, c’est 360 euros pour les frais techniques, avec l’envoi des doses, puis 650 euros à la naissance du poulain. Il y a 12 paillettes dans le contrat. Le but, c’est que les gens aient un poulain. Pour les éleveurs qui lui confient plusieurs juments, ils ont un tarif spécial de 30 % de réduction sur le tout (frais techniques et solde) à partir de la deuxième jument. Depuis début juillet, tous les nouveaux contrats souscrits bénéficient d’un report des frais techniques pour 2025 en cas de vacuité.