Interview – Marie Pellegrin

Interview – Marie Pellegrin

Réserviste aux JEM de Lexington en 2010, mais gagnante en Coupe des Nations et  3ème du Grand Prix de Calgary avec Admirable, Marie Pellegrin revient au plus haut niveau avec une écurie remplie de chevaux de grande qualité. Parmi eux, l’étalon Deuxcatsix d’Eglefin, avec lequel elle a participé à la Coupe des Nations et au GP du CSIO de Falsterbo le week-end dernier. 

Deuxcatsix (Vigo Cece x Bamako de Muze) est votre cheval de tête. Pouvez-vous nous parler de lui ? Quelles sont ses plus grandes qualités ? Ses petits défauts ? 

Je l’ai acheté à cinq ans. Il a des capacités physiques assez démesurées, en termes d’amplitude, de moyens et de trajectoire. C’est impressionnant. Depuis Admirable, je n’avais pas monté un cheval avec autant de moyens et je me demande même s’il n’en a pas encore plus. C’est aussi un cheval très intelligent, très respectueux et très sensible. Il y a du sang, mais du bon sang. Pour un étalon. Il est très gentil. Il a toujours la porte du box ouverte à la maison. En concours, il est à côté de tous les chevaux et il n’y a pas besoin de lui mettre de l’électricité. C’est très appréciable. Si ce n’était un étalon un peu plus sanguin, un peu plus compliqué à manipuler, il ne serait pas dans mon écurie parce que ça n’irait pas avec notre fonctionnement. On est très proche des chevaux, on s’en occupe beaucoup. Ils sont beaucoup manipulés et beaucoup sortis. En plus, je n’ai quasiment que des filles à l’écurie. Donc son caractère est vraiment une grande qualité. Après, je dirais que son défaut est le défaut de ses qualités. Il est emmené par sa masse et par son moteur. Sa croupe est plus haute que le garrot. Donc on doit lui demander de tenir son garrot et son équilibre. Il doit m’écouter, mais il doit être content de m’écouter.

C’est aussi un étalon dont on commence à voir les produits en concours. Que pensez-vous de ses premiers produits ? 

C’est encore un peu tôt pour dire, mais en tout cas, de ce qu’on voit, il produit avec de la taille, de l’envergure et beaucoup de chic. On voit quelques produits qui sautent vraiment, qui sortent de l’ordinaire. Après, les origines parlent aussi. Il a un papier exceptionnel.  Mon père, qui est vraiment très bon dans toutes les origines, avait tout de suite adoré le papier avant même de l’avoir vu sauter. Quand il a vu le papier, il a dit “Il le faut absolument !” Il se trompe très rarement, je dois dire. Je n’achète pas un cheval sans qu’il ait vu les papiers. 

Donc vous travaillez en famille.

Oui. Ma mère a un très bon sentiment. Mon père aussi, mais lui est vraiment très calé sur tout ce qui est origines. Il a une mémoire assez exceptionnelle et il est passionné. Mon sentiment sur cheval et le leur en plus. C’est comme ça qu’on choisit les chevaux. Sur le tout petit nombre de chevaux que j’achète, j’avais calculé, je crois, que j’ai 98 % de chevaux qui ont fait 4* et dans les 2% qui restent, la plupart du temps c’est parce qu’il y a eu des problèmes physiques. On a notre petit système, notre petit schéma, notre mode de fonctionnement. Les erreurs d’achat que j’ai faites, c’est quand je suis sortie de mon schéma de fonctionnement ou quand je me suis laissée un peu forcer la main et que j’ai écouté quelqu’un au lieu de faire confiance à mon sentiment. Mais c’est subjectif, parce que je n’en ai aucun qui se ressemble. Mais il faut qu’il ait une bonne tête et de bons yeux.

Il faut leur donner envie de faire. 

C’est ça. J’ai besoin de collaborer avec eux. Il faut qu’ils aient envie de jouer avec moi en piste et qu’ils comprennent le but du jeu. Je ne sais pas faire autrement. Il faut que ce soit mes copains. C’est ça qui est dur à trouver comme juste-milieu avec un étalon. Je n’avais jamais monté d’étalon en piste, donc je ne savais pas trop comment m’y prendre. Ce n’est ni une jument ni un hongre. Il fallait que je trouve le mode d’emploi. Pour qu’il m’écoute, mais qu’il soit content de le faire,en fait il faut qu’il ait un peu l’impression que l’idée vient de lui.

Le week-end dernier, vous avez participé au CSIO de Falsterbo. Comment ça s’est passé. 

Dans la coupe, je n’ai pas assez bien monté toute une ligne. Je fais faute sur la rivière et deux fautes après la rivière. Le reste, le cheval s’est promené. Dans le grand prix, on fait 4 points et du temps dépassé. Il faut se remettre sur ces difficultés-là, sur cette hauteur, et sur les contraintes de temps qui est encore plus court que dans les autres concours. J’étais un peu déçu de moi. Mais après, il faut tout de suite savoir où on a fait des erreurs et réagir immédiatement. Pour ce concours, c’est Olivier Guillon qui nous a accompagnés comme chef d’équipe. C’est quelqu’un de positif, fédérateur, compétent et gentil. On était vraiment très content qu’il soit avec nous. 

En même temps, il faut toujours au moins faire plusieurs concours de ce niveau pour prendre la mesure de ses épreuves de CSIO5* et passer le cap pour y être compétitif.

Complètement. Là, on va aller à Hickstead la semaine prochaine. Je suis très contente de faire deux CSIO à la suite.  Comme ça, je reste dans le bain, parce que c’était une reprise de contact.

Les épreuves par équipe, les Coupe des Nations, les Championnats, etc. C’est quelque chose que vous aimez ? 

C’est ce que je préfère. J’ai toujours aimé ça. J’ai fait mon premier championnat d’Europe poney à douze ans et trois championnats d’Europe Poney, puis deux en juniors et trois en jeunes cavaliers. Après, j’ai fait des épreuves en équipe de France et en équipe Suisse, en seconde ligne et là, de nouveau en première ligne.

Qu’est-ce qu’elles ont de particulier, ces épreuves par équipe ?

On représente son pays, c’est la première chose. Je trouve ça beau d’aller représenter les couleurs de son pays. C’est un honneur. Dans l’épreuve par équipe, on monte aussi pour les autres. On a ce sentiment de devoir être à la hauteur pour ne pas pénaliser les autres. Cet effet de groupe est vraiment très sympa et très grisant. On a vraiment à cœur de tous réussir et de représenter le pays. Clairement, c’est toujours ce que j’ai préféré faire.

Comme à Falsterbo, le week-end prochain, vous allez être accompagné de deux autres chevaux. Floc qui est un fils de Qlassic Bois Margot et de SI Vive (qui est une fille de O’Vive, la mère de l’étalon Upsilon) et qui s’est déjà classé sur 1,50m, et Fini l’Amour (L’Arc de Triomphe x Canadian River) est régulièrement classé dans des épreuves 1,40m à 1,50m, dont 2 épreuves à Falsterbo. Ils semblent tous les deux très prometteurs.

Ils sont exceptionnels. Les deux sont déjà classés sur 1,50m et peuvent devenir des chevaux de Grand Prix 1,60m. J’ai acheté Floc à 3 ans à la famille Sisqueille, qui sont des amis de la famille. On a eu plusieurs chevaux de leur élevage, parce qu’ils ont cette souche anglo qui est vraiment très bonne. J’ai eu un coup de foudre sur lui à 3 ans. Il a beaucoup de sang. Il a toujours été très sensible. On a vraiment pris notre temps. Je me suis mis dessus en fin d’année de 6 ans. Il ne fait que progresser et montre le potentiel pour devenir un cheval de championnat. Quand j’ai commencé à sauter haut en fin d’année de 8 ans avec Fini L’Amour, il en faisait trop. Il sautait sur sa qualité et non sur la qualité de mon équitation. C’est pour ça que je l’ai baissé de hauteur d’épreuve. J’ai commencé à m’entraîner avec Pascal Levy fin mars et il m’a dit que je n’allais pas assez au bout du travail sur le plat. On est allé plus loin dans le travail avec tous les chevaux, d’abord sur le plat, puis bien sûr à l‘obstacle. Il m’a modifié pleins de petits détails qui font toute la différence à la fin pour le haut niveau. On fait un travail formidable. C’est extraordinaire tout ce qu’on a à apprendre des chevaux. On apprend tous les jours et on se remet en question tous les jours. On se trompe souvent en pensant bien faire. C’est une perpétuelle remise en question et c’est beaucoup de travail. Par contre, une fois qu’on est à l’entrée de la piste, il faut mettre tout ça de côté et être sûr de soi.

Il y a quelques jours, vous avez posté une vidéo du 7 ans Hold Up de Talma (Mylord Carthago x Baloubet du Rouet), qui montre lui aussi beaucoup de qualités

Oui. Il montre un grand potentiel et en plus il a une super souche. J’ai aussi un six ans, Inextenso (Clarimoi x Canturo) qui vient du même élevage que Floc, qui est très vert. Il a fallu prendre particulièrement notre temps avec lui, mais je pense qu’il sort du commun. 

On a l’impression que vous avez trouvé un système de formation et de fonctionnement qui vous permet vraiment d’arriver avec des chevaux juste bien comme vous voulez quand vous attaquez les beaux concours.

Avant, j’avais déjà  jeunes chevaux, mais je ne les faisais pas moi-même, parce qu’on ne peut pas tout faire. Chacun son métier. Ce n’est pas le même métier de faire du jeune cheval correctement, donc je mettais mes chevaux ailleurs. Mais au final, je n’étais jamais vraiment complètement satisfaite. Ce n’est pas péjoratif du tout. Je ne critique vraiment absolument pas le travail de personne. Mais je n’ai pas les mêmes exigences que quelqu’un d’autre donc, je devais trouver une solution. J’ai décidé d’avoir mes jeunes chevaux sur place parce que je me rendais compte qu’on passait à côté de certaines choses.Je préfère les avoir sous les yeux. Déjà pour me faire une idée de la qualité. Est-ce que je dois les garder ou les vendre plus rapidement ? Mais aussi, pour voir s’il n’y a pas des petites choses physiques où on est passé à côté, ou alors des choses un peu émotionnelles, etc. Des choses qu’on ne peut voir qu’en les voyant au quotidien. Et puis, on sait que tout est fait comme on veut. On a pas de regret en se disant que ça aurait pu être différent si on les avait eus 6 mois avant. Je travaille avec Michel Grunh, qui est prestataire de service pour moi. Il me sous loue une partie de l’écurie et monte aussi des chevaux d’autres gens. Il s’occupe de mes jeunes chevaux et monte aussi mes autres chevaux quand il y a besoin. Avec moi, il n’a pas d’obligation de performance. Les chevaux sont là pour apprendre et être contents de rentrer en piste. On est raccord sur comment s’occuper des chevaux et les monter. Il profite des infrastructures, mais également des prestataires qu’on fait venir comme Bertrand de Bellabre, Patrick Allori ou encore Pascal Levy. On fait vraiment du très bon travail ensemble.

Aujourd’hui, votre piquet de chevaux est prêt pour vous permettre de vous projeter sereinement dans un planning vers le haut niveau.

Complètement. J’aurais 3 chevaux pour faire les grosses épreuves dans quelques mois. On touche du bois, on sait qu’avec les chevaux, il peut toujours arriver quelque chose, mais évidemment, c’est le plan. Là, je n’ai que Deuxcatsix pour faire les GP 5*, mais l’année prochaine, j’en aurai trois pour faire les Coupe des Nations et les Grand Prix.

Et derrière, vous en avez d’autres à préparer pour l’avenir, qui pourront être “tirés” par le piquet de tête en se formant sur les petites épreuves des beaux concours.

Exactement. J’ai Hold Up qui arrive, mais aussi un autre 7ans, Haribo du Rio (Elvis Ter Putte x Le Tot de Semilly), qui est plus vert et qui va être formidable aussi. J’ai aussi Hip Hop la Vraie Vie ( Cicave du Talus x Tinka’s Boy). Ils sont un tout petit peu en retard. Je leur laisse le temps d’évoluer et de se finir dans leur physique. À la maison, on prend notre temps. Les chevaux de 4 à 7 ans font juste un peu de concours et ils vont au champ. Je les mets au champ tous ensemble, donc c’est un peu une bande de copains.

Vous êtes fixé des objectifs ou c’est vraiment les chevaux qui vont définir la suite ?

C’est toujours les chevaux qui définissent le programme. Il ne faut jamais faire un programme en fonction de ses envies, mais les programmer en fonction des chevaux. C’est la règle. Après, évidemment, il y a des objectifs. Si tout va bien, on va essayer d’être sélectionnable pour les championnats du monde d’Aix-la-Chapelle en 2025. Entre-temps, il y a des CSIO et il y a un championnat d’Europe. De toute façon, il faut essayer, parce que 100 % des gagnants ou tenter leur chance. De mon côté, je me suis réorganisée dans cet objectif. J’ai arrêté d’entraîner, ce qui me prenait beaucoup de temps et j’ai pris un entraîneur. Je mets toutes les chances de mon côté pour faire du mieux possible pour faire du haut niveau. On a pris le temps de bien former des chevaux de qualité. Pour moi, les chevaux arrivent à maturité à 10 ou même 11 ans. Ce que je dis n’engage pas moi et je comprends bien la pression sportive, financière, de beaucoup de cavaliers qui ne sont pas propriétaires de leurs chevaux et où il faut des résultats rapides. Maintenant, il faut tout faire vite. Mais avec les chevaux, ce n’est pas possible. J’ai vraiment le sentiment que, jusqu’à 9 ans, ils prennent sur eux et on leur demande plus que ce qu’ils nous donnent naturellement. On entame le capital moral, confiance et physique. Je n’ai que 7 chevaux aux écuries, mais ce sont tous des avions. 

Donc le but, c’est d’aller faire du beau sport, mais en laissant toujours la priorité aux chevaux.

C’est ma philosophie, mais ça n’engage que moi. Je peux me permettre de le faire comme ça donc je le fais comme ça. Mais encore une fois, je me mets à la place de chacun. Du moment que tout le monde fait du mieux qu’il peut avec ce qu’il a, ça me va. 

De toute façon, si l’on veut que notre sport dure, il faut que le respect du cheval reste une priorité.

Oui. Dans le haut niveau, les chevaux sont mieux soignés que 80 % des gens sur la planète. 

C’est évident que beaucoup de gens qui prennent position n’ont aucune idée de la vie réelle d’un cheval de haut niveau. Mais c’est quand même bien qu’il y ait des règlements qui peuvent servir de garde-fou.

Oui. Nous, professionnels, avons un devoir d’image.On doit être irréprochable. On doit être un exemple. Ça, j’en suis convaincue. Mais après, il y a aussi des règlements de la part des autorités, je parle de la fédération française et de la FEI où il y a des choses où il ne faut pas fermer les yeux. Il faut qu’il y ait des règlements stricts. Quel que soit le cavalier, il faut que la règle soit la même pour tout le monde. Bien sûr, c’est beaucoup de temps de travailler correctement à cheval, mais il n’y a pas mal d’artifices, de matériel, de choses inutiles qui pourraient être évités en travaillant correctement.

Le problème, c’est plus souvent la mauvaise utilisation de cavaliers d’un niveau en dessous, plus que le matériel lui-même.

C’est exactement ça. Charlotte Dujardin en bride, ça ne dérange pas du tout. Par contre, un mauvais cavalier dans une petite épreuve en pelham avec une gourmette serrée, oui, ça me pose un gros problème.

Pour finir, que diriez-vous sur les gens qui critiquent le fait de faire du sport avec des chevaux ? 

Qu’ils ne se rendent pas compte. Mes chevaux passent avant moi. On voue notre vie aux chevaux et on passe à côté de beaucoup d’autres choses. On fait ce métier avant tout parce qu’on les aime. On est profondément passionnés et amoureux des chevaux. J’invite n’importe qui à venir dans mon écurie voir la vie de mes chevaux.

Corinne Accary nous parle de Hollywood du Park

Corinne Accary nous parle de Hollywood du Park

Hollywood du Park (Diamant de Semilly x Quidam de Revel) est 4ème du Grand Prix 1,40m Top 7 de Notre Dame d’Estrée avec la manière sous la selle de Nicolas Layec début juillet. Nous avons fait cette interview de son éleveuse Corinne Accary il y a quelques semaines. 

Pourquoi avoir choisi de faire ce croisement-là ?

Je vous avoue que j’étais très Kannan et je n’étais pas spécialement Diamant à la base. Là, j’ai été un peu contre ma nature, en me disant que ce cheval a fait de très nombreux cracks, alors pourquoi pas avec une de mes juments. Quand le poulain est né, j’ai été agréablement surprise, parce que je l’ai trouvé plutôt joli. Grand, mais sportif malgré tout. Il n’avait pas d’articulations trop lourdes. Après, j’ai une lignée qui est très tardive. Donc, je prends beaucoup mon temps. Il a fait trois, quatre sauts à deux ans. Je me souviens, je travaillais à l’époque avec Yannick Gaillot qui montait mes chevaux. Je l’ai appelé et je lui ai dit : « je crois que j’ai mon futur crack. J’ai fait sauter mon deux ans, c’est du grand n’importe quoi ». Puis à trois ans, comme le cheval est grand, honnêtement, je n’ai pas retrouvé ce que j’avais vu à deux ans. Je me suis demandée si je m’étais trompée. Mais, il était grand et il avait un grand galop. En croissance, il n’y arrivait pas bien. Donc, j’étais un peu déçue. Puis, on l’a mis au travail. Tout était très facile et même trop facile pour lui en début de quatre ans. Il avait une très bonne bouche, était très en équilibre, très à l’aise dans son galop et tout était facile. Il sautait “normalement” à la maison. Par contre, quand il était en concours, il entrait en piste et ce n’était plus le même cheval. Ça le transcendait.  Là, j’ai dit : « je crois que j’ai quand même un très bon cheval. Certainement tardif, mais un très bon cheval ». C’est comme ça que toute son histoire s’est faite.

C’est pour ça que vous l’avez gardé entier ?

Oui. Les Quidams sont de super mères de pères, et ça m’a plutôt bien réussi. J’ai vite décidé d’éviter de les vendre. Surtout que pour avoir des Quidam femelles, c’est compliqué. La mère, je l’avais fait tourner un peu à six et sept ans. C’était Sandra Delouis qui la montait à l’époque. C’était une force de la nature. Elle avait beaucoup de sang et un grand coup de dos. Elle a tourné jusque dans les 7 ans, puis je l’ai gardée comme poulinière. C’est comme là que je l’ai mise à Diamant. Je pense que Hollywood a pris le côté force de Diamant et de Quidam. Il a des défauts, comme beaucoup de chevaux, mais il a plein d’atouts pour lui. Premièrement, il a une super tête. Ensuite, il a un très bon équilibre avec une bonne bouche, un bon galop et une excellente fertilité. Il a plus d’avantages que d’inconvénients, je trouve. Je l’ai utilisé sur quelques-unes de mes juments. C’est un peu compliqué, puisque je n’ai qu’une lignée. Mais j’essaye de faire ce qui est “faisable”. Franchement, la première année, j’ai réussi à trouver trois juments où je pouvais le mettre. Les trois que j’avais mis, je les remets parce que franchement, les poulains sont faits comme le père. Ils sont bien en équilibre, ils ont de jolies têtes. Il n’y a pas une patte de travers. Ça arrivera peut-être, mais pour le moment, ce n’est pas arrivé. Ils galopent bien. Ils ont un mental exceptionnel. On les lâche au pré, ils font les idiots comme des poulains, mais on les tient en main. Ils sont très respectueux, très gentils. Pour le moment, je n’ai que des compliments sur  les quelques poulains qui sont déjà nés chez d’autres éleveurs. Ce qui est toujours plutôt sympa.

Ollyana des Hulottes – Hollywood x Faro just SLM (Armitages Boy*Hand in glove)

Comment conseillez-vous de le croiser ? 

Pour le moment, il a l’air de faire des poulains un peu sur son moule, c’est-à-dire en montant comme lui. Des Hollywood en miniature. J’ai mis trois juments qui sont différentes. Par rapport à leur précédents poulains, ceux d’Hollywood sont parmi les plus beaux poulains. Les trois ont beaucoup de similitudes. Ils ont tous de jolies têtes, avec une belle sortie de couleurs et fait en montant. C’est ce qui me marque le plus parce qu’à la base, je n’avais pas une lignée comme ça. Donc, c’est certainement à force d’essayer d’améliorer. Si on prenait mon premier poulain, qui était Diabolo. C’était une force de la nature, mais il était emporté tout le temps par son arrière-main, il avait une très mauvaise bouche. C’était le crack des cracks. Mais il avait un équilibre fait en descendance. Hollywood a une bonne bouche avec un bon équilibre, ce que je n’avais pas avant. Donc, je pense qu’il va être facile. Pour moi, je le vois très classique. Il donne aussi de la taille aux petites juments. Pour le moment, quand il est croisé avec de grandes juments, il n’agrandit pas encore plus la taille. On va forcément avoir un cheval qui est grand, mais ça ne va pas être encore plus grand.

Je ne sais pas si ce sera un super compétiteur, mais je sais aussi que c’est quand même difficile d’atteindre le très, très haut niveau. On croit que c’est facile, parce qu’il y en a beaucoup maintenant, mais c’est quand même quelque chose qui relève de l’exceptionnel. Il ne faut pas l’oublier. Des chevaux pour sauter à 1,50 mètre, je ne vais pas dire qu’on en a à tous les coins de rue, mais on peut quand même en avoir beaucoup maintenant. Pour sauter au-dessus, c’est nettement plus dur. En plus, les cavaliers maintenant vont très vite. Les chevaux vont très vite. Est-ce que le cheval arrivera à faire ça ? Je n’en sais rien. Je l’espère, mais honnêtement, je ne sais pas. C’est très, très difficile. Par contre, je pense vraiment qu’en tant que reproducteur, il va apporter quelque chose. 

Avoir un étalon, c’est quelque chose qui a l’air de vous tenir à cœur.

Je vais vous dire une chose. Diabolo, on m’a empêché qu’il le soit, parce qu’à l’époque, c’était jugé différemment. Je n’ai été qu’une petite parisienne qui n’y connaissait rien. Amateur donc. Nous, les femmes, on est quand même dans un milieu qui est un peu misogyne. Il ne faut pas exagérer. En tant que femme éleveuse, j’ai bien vu que, parfois, on me regardait de travers. Maintenant, avec le temps, c’est un petit peu différent. Au début, quand je parlais de mes chevaux, on ne prenait pas au sérieux parce que je ne suis pas issue d’une famille d’éleveurs. Seulement, maintenant, on voit les chevaux “du Park”, qui sortent, qui sortent. À l’époque, on m’avait empêché de garder Diabolo entier. C’était jugé, pour moi qui étais jeune, par de vieux messieurs de la SHF. Ils avaient osé rigoler, parce que le saut en liberté n’était pas quelque chose d’obligatoire à cette époque-là. Je savais bien que mon cheval n’était pas grand. Il ne faisait qu’1,62 m. Il avait une énorme foulée de galop. Il était beau cheval mais ce n’était pas une gravure non plus. Je m’attendais à ce qu’il soit qualifié pour Saint-Lô. À l’époque, on m’avait ri au nez, en me disant qu’on allait m’éviter un voyage fastidieux, d’emmener mon cheval à Saint-Lô, parce que celui-là, vu comment il était foutu, ça les étonnerait bien qu’il saute…

Hollywood. Ce n’est pas forcément le cheval auquel je pensais au départ, parce que je m’étais un peu retirée de la tête le rêve d’avoir un étalon. Je suis une femme et j’aime bien m’occuper un peu de tout chez moi. Je ne peux pas me permettre, pour des raisons de sécurité avant tout pour moi-même, de garder des entiers qui seraient dangereux à la maison. Il faut qu’ils aient bon caractère. Donc, Hollywood correspondait. Il chante un peu, mais c’est un gentil cheval. À quatre ans, j’ai été obligée de lui faire faire la finale pour le faire approuver, parce qu’il n’avait pas été approuvé à trois ans. Comme je connaissais la qualité et que j’étais un peu têtue, j’ai fait tout le circuit à contrecœur. D’ailleurs, il ne sautait qu’en concours, parce que je ne voulais pas l’user. Il est allé à la finale et il a été approuvé.

Entre la fin de sa saison de 6 ans et le début de sa saison de 7 ans, il a fait une grande pause. 

Oui. À la finale des six ans, il ne s’est pas très bien présenté. Il a fait une bêtise d’entier, il a fait l’idiot au box. Le lendemain, il n’était pas complètement droit. Il est allé à la finale. Ça allait mieux, mais ce n’était pas parfait. C’est la vie, mais c’est vrai qu’il n’avait pas sauté comme il aurait dû sauter. Après, il est parti à la récolte et il a recommencé les concours fin mars. Là, j’aimerais bien qu’il fasse la finale des sept ans, s’il pouvait. Maintenant, le but, c’est qu’il fasse de belles épreuves. Même s’il est encore trop bébé et pas assez mûr, je pense qu’il a de la force. Il faut qu’il arrive à s’économiser un peu plus si on veut que les chevaux vieillissent. C’est joli, les chevaux qui pètent en l’air dans tous les sens, mais malgré tout, il faut qu’ils apprennent parfois à s’économiser. Pour le moment, Bruno Rocuet le gère très bien. On fait en fonction du rythme du cheval, mais pas en fonction d’un calendrier.

L’envie, c’est quand même d’aller faire du beau sport avec et idéalement qu’il fasse une vraie carrière d’étalon ?

Le but, c’est d’aller faire du beau sport, s’il peut, s’il en est apte. C’est pour ça qu’on fait attention. 

Dans quelles conditions est-il disponible cette année ?

Il n’est disponible qu’en congelé. De toute façon, il le sera toujours, sauf en cas d’accident. Le cheval a une excellente semence, vraiment très, très bonne. Il a rempli des juments qu’il ne remplissait pas depuis deux ou trois ans. Il y aura toujours des juments qu’il ne remplira pas, mais le cheval remplit vraiment très, très bien. En plus, je trouve qu’on ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Il y en a qui le font. Tant mieux si les chevaux sont capables de le faire aussi, mais je trouve qu’il faut faire un choix.  Pour le prix, c’est 360 euros pour les frais techniques, avec l’envoi des doses, puis 650 euros à la naissance du poulain. Il y a 12 paillettes dans le contrat. Le but, c’est que les gens aient un poulain. Pour les éleveurs qui lui confient plusieurs juments, ils ont un tarif spécial de 30 % de réduction sur le tout (frais techniques et solde) à partir de la deuxième jument. Depuis début juillet, tous les nouveaux contrats souscrits bénéficient d’un report des frais techniques pour 2025 en cas de vacuité.

Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z IFCE

Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z IFCE

La française Pauline Basquin et son Sertorius de Rima Z IFCE ont pris une magnifique 4ème place dans la Reprise Libre en Musique du CHIO d’Aix-la-Chapelle le week-end dernier.

Juste avant la remise des prix, Pauline a répondu à nos questions.

Quelles sont vos impressions suite à cette très belle performance ?

Je suis ravie. C’est la 2ème fois que je fais ce Freestyle. Je l’avais déjà fait à Rotterdam il y a 15 jours, on n’était pas encore complètement rodés sur la musique. Aujourd’hui, j’étais plus calée. J’ai vraiment pu me faire plaisir parce que je connaissais ma musique par coeur. Sertorius, était incroyable dans l’ambiance du stade. Il était serein, actif, attentif et avec moi.

On sent qu’aujourd’hui, l’atmosphère d’un événement comme Aix-la-Chapelle ne le stresse plus, mais au contraire, le rend encore plus “brillant”.

Oui. À Rotterdam, il était assez chaud et inquiet. Cette semaine, il était vraiment serein en piste. Je ne l’ai pas du temps senti emu, mais au contraire porté par le public.

À quelques semaines des Jeux, c’est de bon augure.

C’est plutôt assez rassurant. On est venu là pour ça. Pour se rassurer et pour être sans faute sur le Grand Prix. Donc, mission remplie.

Pour vous, Aix-la-Chapelle, c’est un concours important ?

C’est un concours extraordinaire, c’est un mythe. Monter ici et finir 4ème aujourd’hui, c’est une super récompense pour toute l’équipe.

 

La FFE a posté un portrait de Sertorius il y a quelques jours.

Clément Frerejacques nous parle de son prometteur 7 ans, Hermès des Monts 

Clément Frerejacques nous parle de son prometteur 7 ans, Hermès des Monts 

Parmi les chevaux sans faute dans le CSIYH 7 ans du Printemps des Sports Equestres de Fontainebleau, Hermès des Monts (Upsilon x Doria du Chatellier x Tresor) a particulièrement attiré mon attention. Tout semblait vraiment facile pour ce cheval, que je ne connaissais pas jusque-là. J’ai donc demandé à son cavalier, Clément Frerejacques, de m’en dire plus sur Hermès. 

Quelle est votre histoire avec Hermès ? 

C’est mon père qui l’a trouvé : il fait un peu de commerce, et il l’a trouvé quand il avait trois ans. Je l’ai acheté avec un ami et mon lui. Il sautait très bien en liberté. Après, il avait beaucoup de caractère et était très difficile. Pendant un an et demi, je ne l’ai pas emmené au concours parce qu’il était vraiment trop compliqué. J’ai pris mon temps. Je n’ai même pas fait les cycles classiques. Il a fait des préparatoires jusqu’à ses six ans. À six ans, il a fait des épreuves à 1,15m puis à 1,20m. En début d’année, il a débuté les 1,25m et là, je le sentais prêt. Il y a quinze jours, il a fait les 7 ans à Cluny, puis je l’ai emmené ici pour qu’il prenne du métier. Le premier jour, il a fait quatre points. Il était un peu timide sur le petit parquet. Le lendemain, il est sans-faute. J’ai pris des points de temps parce que c’était une vitesse, mais je voulais qu’il soit bien. Et aujourd’hui, il était parfait.

En plus, pour un cheval avec peu de métier, c’est une piste impressionnante !

Oui, mais il a des qualités intrinsèques qui sont extraordinaires. Il est bien dans sa tête, respectueux, il a des moyens. Il faut juste arriver à le canaliser. 

Quand on le voit faire un parcours comme ça, on ne voit pas trop ce qui peut lui poser un problème.

Il a la souplesse, l’intelligence et une super tête. Il est juste très sensible et très inquiet pour l’instant, mais il progresse magnifiquement.

On voit de plus en plus de produits d’Upsilon qui se font remarquer sur de belles épreuves.

Oui. J’ai aussi Filante des Caulins, une bonne jument de 9 ans par Uspilon dans le CSI2*. Elle fait très bien les 1,45m et est semblable à Hermès. Très sensible, mais par contre très respectueuse, des moyens et une tête fantastique. 

Quels sont les objectifs avec Hermès ? 

C’est de le former. J’aimerais pouvoir le conserver. C’est un super cheval et l’histoire est belle. Je pense que je n’ai jamais monté un cheval qui a des qualités comme celui-là. Dessus, tout est facile. La route est longue pour faire du haut niveau. Il y a encore beaucoup d’étapes. Mais j’aimerais pouvoir l’y emmener gentiment, progressivement. Je ne suis pas pressé. On passera chaque étape quand il sera prêt.

Pour finir, un concours comme ce concours aujourd’hui, qui regroupe CSI2*, CSI5*, CSIYH, Championnat de France… Qu’est-ce que cela apporte d’y participer ?

Pour les cavaliers comme moi, qui tournent en 2*, cela apporte de l’expérience parce qu’on court sur des pistes qui sont fantastiques, avec des chefs de piste qui sont très bons. On se bat contre d’autres cavaliers qui sont très forts. On n’a pas l’habitude de ce niveau dans concours les jeunes chevaux et les CSI2* habituels. C’est génial. C’est une super expérience et ça permet de voir où on en est. Ça fait passer des caps aux chevaux, mais aussi à nous, cavaliers. Je suis en Rhône-Alpes. C’est une région où on a des super concours comme Mâcon, Cluny ou encore Vichy. Mais c’est vrai qu’Ici, on voit une concurrence différente et des parcours différents. Ça permet de prendre de l’expérience, c’est extraordinaire.

Christian Hermon nous parle de l’étalon de 7 ans Honduras La Silla

Christian Hermon nous parle de l’étalon de 7 ans Honduras La Silla

Honduras La Silla est un étalon dont la qualité m’avait frappé l’année dernière, lors de sa présentation au salon des étalons de Saint-Lô. Il montrait toutes les qualités que l’on cherche chez un cheval de concours : force, passage de dos, respect et mental.

Quand on regarde du côté de ses origines, on découvre qu’en plus d’être un fils de Mylord Carthago, il est issu d’une très bonne souche. Sa mère Concordia la Silla (qui a tourné en CSI jusqu’à 1,55m) est la propre soeur de l’étalon Diarado, mais également la soeur utérine de de Fortender  (1,60m), de C-Jay 3 (1,60m) et de Scuderia 1918 Humphreys (CCI4*). Dans la souche maternelle, on trouve de nombreux performers 1,50m à 1,60m, dont les étalons Corofino I et Corofino II.

Tant au niveau des qualités sportives que de ses origines, il n’a rien à envier à beaucoup d’étalons dont on parle plus uniquement parce qu’ils sont distribués par de gros étalonniers.

Christian Hermon, qui représente le Haras La Silla depuis longtemps en France, nous en dit plus sur Honduras. 

Quelle est son histoire ?

Il est issu d’une jument de l’élevage La Silla. On travaille depuis un moment avec Pierre Valette de l’élevage d’Aubigny. Quand les chevaux nous semblent intéressants à 3 ans, on les récupère.  À 3 ans, il remporte la  qualificative des étalons Selle Français de Chazey sur Ain et se classe 10ème du Championnat des étalons Selle Français de Saint-Lô. Ensuite, il a fait 45 juments, en frais chez Pierre Valette. 

Quel a été son parcours dans les épreuves jeunes chevaux ? 

À 4 ans, il a participé à la finale à Fontainebleau où il fait 0 et 4 pts, mais il n’avait fait que des sans faute avant.  À 5 et 6 ans, pareil, 0 + 4 à la finale, mais il a fait chaque année beaucoup de sans faute avant. Cet hiver il s’est donné un coup sur la corde jarret, donc il a été un petit peu arrêté. Mais là, il a repris les concours. Il est 9ème du GP 1,30 hier à Canteleu et on attaque les 7 ans à Saint-Lô la semaine prochaine. 

Quels sont ses points forts pour toi ? 

C’est un cheval qui a une super tête, qui est très souple et très puissant. Il est très facile, a un bon équilibre et peut tout sauter. Dans les moyens, il est hors normes. 

L’objectif, c’est le haut niveau ? 

Oui. Dans un premier temps, c’est de le faire évoluer encore. Peut-être qu’on verra si on ne le vend pas plus tard. Mais en tout cas, c’est de le développer encore un peu. C’est un cheval que je vois bien faire de très gros concours. 


La carrière d’étalons, c’est quelque chose d’important pour vous ? 

Non. C’est tellement difficile. Le problème, c’est que maintenant, il faut faire beaucoup de marketing. À 3 ans, il a fait pas mal de juments parce qu’il était en frais. Maintenant pour nous la priorité c’est le sport, donc il ne fait que du congelé, du coup, cela intéresse un peu moins les gens. Surtout qu’à l’étranger, ils vont beaucoup plus aux jeunes chevaux, à la jeune génétique. En France, on a encore du mal. On a quelques poulains qui sont très bien. On est très contents de sa production. Ils sont très beaux. 

En plus, il a une super souche ! 

Oui. Sa mère a été compétitive sur de belles épreuves et c’est la propre sœur de la mère de Diarado. Et c’est une top souche. Le problème c’est que beaucoup d’éleveurs vont plus utiliser des étalons qu’ils voient à la télé, que de s’intéresser aux jeunes chevaux même avec de la qualité et une super souche.

C’est un jeune cheval qui sort quand même vraiment du lot je trouve. 

Au niveau génétique, il sort du lot et au niveau de la qualité, je pense qu’il sort également du lot. On verra s’il ne lui arrive rien, mais à mon avis, à la finale de sept ans, il peut vraiment être très, très bien. 

Comment conseilles-tu de le croiser ?

Il n’est pas très grand. Il fait 1,65m. Donc je pense qu’il ne faut pas lui mettre de trop petites juments. Il a du sang, mais c’est un sang assez froid. Je pense qu’il vaut mieux lui mettre un peu de sang, que pas du tout. 

Au niveau des conditions, il reste très raisonnable dans le tarif avec une réservation à 300 € + 750 € au poulain vivant (contrat disponible sur le site du Haras d’Aubigny). 

On ne compte pas là-dessus pour gagner de l’argent. Mais on aimerait qu’il fasse assez de juments pour pouvoir le juger assez tôt en tant qu’étalon.

Francis Clément nous parle de son étalon de 7 ans Hugo d’Authou

Francis Clément nous parle de son étalon de 7 ans Hugo d’Authou

Parmi les étalons de 7 ans que nous apprécions particulièrement, on retrouve le très prometteur Hugo d’Authou. Ce fils d’Upsilon et de Célimène d’Authou (par Kannan) appartenant à Francis Clément impressionne par la facilité qu’il montre à chacune de ses sorties.

Francis Clément nous en dit plus sur Hugo, neveu de Baladin d’Authou avec lequel il a participé à des épreuves à 1,50m. Pendant plusieurs années, Francis Clément et Maurice Sicot ont travaillé en tant que co-propriétaires et co-naisseurs d’un certain nombre de chevaux, dont Baladin et Hugo.

Pourquoi avoir choisi Upsilon comme étalon pour Célimène d’Authou ?

À l’époque, je montais en complet. Upsilon, c’est un cheval qui aurait pu faire carrière en CSO à haut niveau. Il avait toutes les qualités et tout ce qui nous manquait un tout petit peu dans ce qu’on avait fait en élevage avec Maurice, notamment les courants de sang pur-sang et anglo. Upsilon était un bon moyen de ramener de l’anglo.

Quand on le regarde évoluer en piste, il a vraiment l’air naturellement doué.

Il est naturellement doué. Tout est facile pour lui !

Même dans les 7 ans, on voit que rien ne lui pose problème pour le moment.

Non. Il a les oreilles en avant et il fait vraiment ça très bien. J’ai dû m’arrêter quelques mois et je ne voulais pas qu’il prenne trop de retard dans les 7 ans, parce qu’il y a un gros palier à passer à cette période-là. Donc c’est Alexa Hinard qui le sort depuis début mars. Elle ne le connaissait pas avant et m’a dit que c’est un bonheur de monter un cheval comme lui.

Quelles sont ses plus grosses qualités pour toi ?

Son mental ! Est-ce que son mental va avec son physique ? Oui, je pense. Comme il est très doué et que rien ne lui demande d’effort, c’est facile, ça l’amuse, et donc il garde son mental. Il a un physique irréprochable. Il a une belle sortie d’encolure, des aplombs parfaits et un dos bien attaché. Il est très souple. Toutes ses qualités physiques font peut-être qu’il a un mental exceptionnel. Comme ça ne lui coûte pas de faire, c’est un cheval joyeux.

Quels sont les objectifs avec lui ? Te faire plaisir sur de belles épreuves ?

Oui. Je pense que ce sera mon dernier et que je raccrocherai les bottes après. On me le demande régulièrement, mais il n’est pas à vendre.

C’est un cheval avec qui tu as pris le temps.

Oui, j’ai été patient. Il a fait une belle saison de 4 ans. À 5 ans, je l’ai un peu perdu. Il a dû grandir. Il a fait une saison en demi-teinte et j’ai même arrêté assez vite les qualifs. Puis il a parfaitement redémarré à 6 ans en étant tout le temps sans faute. Au début, je ne savais pas vraiment quels seraient ses moyens, mais j’étais convaincu que ce qu’il allait faire, il le ferait très bien. À aucun moment je n’ai eu envie de lui mettre gros pour voir ce qu’il pouvait sauter. Il faut préserver son mental.

Parlons un peu de sa carrière d’étalon. Tu as déjà une pouliche avec une mère par Casall. Comment est-ce tu la trouves ? 

Elle est magnifique. Elle est grande. Apparemment, il produit quand même assez grand d’après les retours que j’ai eu sur les poulains qui sont nés l’année dernière.

Comment conseillerais-tu de le croiser ?

Tout lui va. Aussi bien des juments chaudes que des juments qui manquent de sang. Sincèrement, je pense qu’il est très, très, très améliorateur.

En plus, on peut souligner qu’il est approuvé SF et AA et qu’il est distribué par le Haras de Gravelotte à un tarif très accessible (200 € HT à la réservation + 400 € HT à la naissance, garantie poulain vivant + 160 € pour le transport des doses congelées) !

Comme il n’a pas les grandes origines à la mode, je me suis dit que de toute manière, si je le mettais à un prix plus élevé, personne ne franchirait le pas. Je n’en fais pas une affaire d’argent. Donc s’il y a des éleveurs qui veulent tenter l’aventure, au contraire, je veux les aider en le rendant accessible. J’y crois vraiment beaucoup. Je suis tellement content de ma pouliche que j’ai remis Hugo à ma Casall.

Comment est-il au niveau du caractère ?

C’est vraiment un cheval extraordinaire, c’est presque un ami. Tu le donnes à un gamin de huit ans, il va traverser l’écurie en marchant tout doucement. On soucie même pas de savoir qu’il est entier. Quand on va en concours, dans les boxes, il frime dix minutes, puis après, c’est terminé.

C’est une belle histoire d’être co-naisseur de chevaux que tu gardes pour toi.

Je n’ai jamais été bon pour acheter. Je pense que la réussite d’un cheval, c’est dès sa naissance. Ça dépend des premiers contacts qu’il a avec l’humain, de la manière dont il est élevé, dont il est débourré, dont on le sort en concours, etc… C’est tout ça. Quand on achète un 7 ou 8 ans, on ne connaît pas son passif, si ça a été difficile ou pas, s’il a été préparé ou pas, etc… Je pense que je suis meilleur éleveur qu’acheteur.