Hollywood du Park (Diamant de Semilly x Quidam de Revel) est 4ème du Grand Prix 1,40m Top 7 de Notre Dame d’Estrée avec la manière sous la selle de Nicolas Layec début juillet. Nous avons fait cette interview de son éleveuse Corinne Accary il y a quelques semaines.
Pourquoi avoir choisi de faire ce croisement-là ?
Je vous avoue que j’étais très Kannan et je n’étais pas spécialement Diamant à la base. Là, j’ai été un peu contre ma nature, en me disant que ce cheval a fait de très nombreux cracks, alors pourquoi pas avec une de mes juments. Quand le poulain est né, j’ai été agréablement surprise, parce que je l’ai trouvé plutôt joli. Grand, mais sportif malgré tout. Il n’avait pas d’articulations trop lourdes. Après, j’ai une lignée qui est très tardive. Donc, je prends beaucoup mon temps. Il a fait trois, quatre sauts à deux ans. Je me souviens, je travaillais à l’époque avec Yannick Gaillot qui montait mes chevaux. Je l’ai appelé et je lui ai dit : « je crois que j’ai mon futur crack. J’ai fait sauter mon deux ans, c’est du grand n’importe quoi ». Puis à trois ans, comme le cheval est grand, honnêtement, je n’ai pas retrouvé ce que j’avais vu à deux ans. Je me suis demandée si je m’étais trompée. Mais, il était grand et il avait un grand galop. En croissance, il n’y arrivait pas bien. Donc, j’étais un peu déçue. Puis, on l’a mis au travail. Tout était très facile et même trop facile pour lui en début de quatre ans. Il avait une très bonne bouche, était très en équilibre, très à l’aise dans son galop et tout était facile. Il sautait “normalement” à la maison. Par contre, quand il était en concours, il entrait en piste et ce n’était plus le même cheval. Ça le transcendait. Là, j’ai dit : « je crois que j’ai quand même un très bon cheval. Certainement tardif, mais un très bon cheval ». C’est comme ça que toute son histoire s’est faite.
C’est pour ça que vous l’avez gardé entier ?
Oui. Les Quidams sont de super mères de pères, et ça m’a plutôt bien réussi. J’ai vite décidé d’éviter de les vendre. Surtout que pour avoir des Quidam femelles, c’est compliqué. La mère, je l’avais fait tourner un peu à six et sept ans. C’était Sandra Delouis qui la montait à l’époque. C’était une force de la nature. Elle avait beaucoup de sang et un grand coup de dos. Elle a tourné jusque dans les 7 ans, puis je l’ai gardée comme poulinière. C’est comme là que je l’ai mise à Diamant. Je pense que Hollywood a pris le côté force de Diamant et de Quidam. Il a des défauts, comme beaucoup de chevaux, mais il a plein d’atouts pour lui. Premièrement, il a une super tête. Ensuite, il a un très bon équilibre avec une bonne bouche, un bon galop et une excellente fertilité. Il a plus d’avantages que d’inconvénients, je trouve. Je l’ai utilisé sur quelques-unes de mes juments. C’est un peu compliqué, puisque je n’ai qu’une lignée. Mais j’essaye de faire ce qui est “faisable”. Franchement, la première année, j’ai réussi à trouver trois juments où je pouvais le mettre. Les trois que j’avais mis, je les remets parce que franchement, les poulains sont faits comme le père. Ils sont bien en équilibre, ils ont de jolies têtes. Il n’y a pas une patte de travers. Ça arrivera peut-être, mais pour le moment, ce n’est pas arrivé. Ils galopent bien. Ils ont un mental exceptionnel. On les lâche au pré, ils font les idiots comme des poulains, mais on les tient en main. Ils sont très respectueux, très gentils. Pour le moment, je n’ai que des compliments sur les quelques poulains qui sont déjà nés chez d’autres éleveurs. Ce qui est toujours plutôt sympa.
Ollyana des Hulottes – Hollywood x Faro just SLM (Armitages Boy*Hand in glove)
Comment conseillez-vous de le croiser ?
Pour le moment, il a l’air de faire des poulains un peu sur son moule, c’est-à-dire en montant comme lui. Des Hollywood en miniature. J’ai mis trois juments qui sont différentes. Par rapport à leur précédents poulains, ceux d’Hollywood sont parmi les plus beaux poulains. Les trois ont beaucoup de similitudes. Ils ont tous de jolies têtes, avec une belle sortie de couleurs et fait en montant. C’est ce qui me marque le plus parce qu’à la base, je n’avais pas une lignée comme ça. Donc, c’est certainement à force d’essayer d’améliorer. Si on prenait mon premier poulain, qui était Diabolo. C’était une force de la nature, mais il était emporté tout le temps par son arrière-main, il avait une très mauvaise bouche. C’était le crack des cracks. Mais il avait un équilibre fait en descendance. Hollywood a une bonne bouche avec un bon équilibre, ce que je n’avais pas avant. Donc, je pense qu’il va être facile. Pour moi, je le vois très classique. Il donne aussi de la taille aux petites juments. Pour le moment, quand il est croisé avec de grandes juments, il n’agrandit pas encore plus la taille. On va forcément avoir un cheval qui est grand, mais ça ne va pas être encore plus grand.
Je ne sais pas si ce sera un super compétiteur, mais je sais aussi que c’est quand même difficile d’atteindre le très, très haut niveau. On croit que c’est facile, parce qu’il y en a beaucoup maintenant, mais c’est quand même quelque chose qui relève de l’exceptionnel. Il ne faut pas l’oublier. Des chevaux pour sauter à 1,50 mètre, je ne vais pas dire qu’on en a à tous les coins de rue, mais on peut quand même en avoir beaucoup maintenant. Pour sauter au-dessus, c’est nettement plus dur. En plus, les cavaliers maintenant vont très vite. Les chevaux vont très vite. Est-ce que le cheval arrivera à faire ça ? Je n’en sais rien. Je l’espère, mais honnêtement, je ne sais pas. C’est très, très difficile. Par contre, je pense vraiment qu’en tant que reproducteur, il va apporter quelque chose.
Avoir un étalon, c’est quelque chose qui a l’air de vous tenir à cœur.
Je vais vous dire une chose. Diabolo, on m’a empêché qu’il le soit, parce qu’à l’époque, c’était jugé différemment. Je n’ai été qu’une petite parisienne qui n’y connaissait rien. Amateur donc. Nous, les femmes, on est quand même dans un milieu qui est un peu misogyne. Il ne faut pas exagérer. En tant que femme éleveuse, j’ai bien vu que, parfois, on me regardait de travers. Maintenant, avec le temps, c’est un petit peu différent. Au début, quand je parlais de mes chevaux, on ne prenait pas au sérieux parce que je ne suis pas issue d’une famille d’éleveurs. Seulement, maintenant, on voit les chevaux “du Park”, qui sortent, qui sortent. À l’époque, on m’avait empêché de garder Diabolo entier. C’était jugé, pour moi qui étais jeune, par de vieux messieurs de la SHF. Ils avaient osé rigoler, parce que le saut en liberté n’était pas quelque chose d’obligatoire à cette époque-là. Je savais bien que mon cheval n’était pas grand. Il ne faisait qu’1,62 m. Il avait une énorme foulée de galop. Il était beau cheval mais ce n’était pas une gravure non plus. Je m’attendais à ce qu’il soit qualifié pour Saint-Lô. À l’époque, on m’avait ri au nez, en me disant qu’on allait m’éviter un voyage fastidieux, d’emmener mon cheval à Saint-Lô, parce que celui-là, vu comment il était foutu, ça les étonnerait bien qu’il saute…
Hollywood. Ce n’est pas forcément le cheval auquel je pensais au départ, parce que je m’étais un peu retirée de la tête le rêve d’avoir un étalon. Je suis une femme et j’aime bien m’occuper un peu de tout chez moi. Je ne peux pas me permettre, pour des raisons de sécurité avant tout pour moi-même, de garder des entiers qui seraient dangereux à la maison. Il faut qu’ils aient bon caractère. Donc, Hollywood correspondait. Il chante un peu, mais c’est un gentil cheval. À quatre ans, j’ai été obligée de lui faire faire la finale pour le faire approuver, parce qu’il n’avait pas été approuvé à trois ans. Comme je connaissais la qualité et que j’étais un peu têtue, j’ai fait tout le circuit à contrecœur. D’ailleurs, il ne sautait qu’en concours, parce que je ne voulais pas l’user. Il est allé à la finale et il a été approuvé.
Entre la fin de sa saison de 6 ans et le début de sa saison de 7 ans, il a fait une grande pause.
Oui. À la finale des six ans, il ne s’est pas très bien présenté. Il a fait une bêtise d’entier, il a fait l’idiot au box. Le lendemain, il n’était pas complètement droit. Il est allé à la finale. Ça allait mieux, mais ce n’était pas parfait. C’est la vie, mais c’est vrai qu’il n’avait pas sauté comme il aurait dû sauter. Après, il est parti à la récolte et il a recommencé les concours fin mars. Là, j’aimerais bien qu’il fasse la finale des sept ans, s’il pouvait. Maintenant, le but, c’est qu’il fasse de belles épreuves. Même s’il est encore trop bébé et pas assez mûr, je pense qu’il a de la force. Il faut qu’il arrive à s’économiser un peu plus si on veut que les chevaux vieillissent. C’est joli, les chevaux qui pètent en l’air dans tous les sens, mais malgré tout, il faut qu’ils apprennent parfois à s’économiser. Pour le moment, Bruno Rocuet le gère très bien. On fait en fonction du rythme du cheval, mais pas en fonction d’un calendrier.
L’envie, c’est quand même d’aller faire du beau sport avec et idéalement qu’il fasse une vraie carrière d’étalon ?
Le but, c’est d’aller faire du beau sport, s’il peut, s’il en est apte. C’est pour ça qu’on fait attention.
Dans quelles conditions est-il disponible cette année ?
Il n’est disponible qu’en congelé. De toute façon, il le sera toujours, sauf en cas d’accident. Le cheval a une excellente semence, vraiment très, très bonne. Il a rempli des juments qu’il ne remplissait pas depuis deux ou trois ans. Il y aura toujours des juments qu’il ne remplira pas, mais le cheval remplit vraiment très, très bien. En plus, je trouve qu’on ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Il y en a qui le font. Tant mieux si les chevaux sont capables de le faire aussi, mais je trouve qu’il faut faire un choix. Pour le prix, c’est 360 euros pour les frais techniques, avec l’envoi des doses, puis 650 euros à la naissance du poulain. Il y a 12 paillettes dans le contrat. Le but, c’est que les gens aient un poulain. Pour les éleveurs qui lui confient plusieurs juments, ils ont un tarif spécial de 30 % de réduction sur le tout (frais techniques et solde) à partir de la deuxième jument. Depuis début juillet, tous les nouveaux contrats souscrits bénéficient d’un report des frais techniques pour 2025 en cas de vacuité.