Interview – Catherine Henry nous parle d’INDIGOGREY SAVIGNY AA
Rencontre avec Paul Barussaud
Cavaletti Mag a rencontré Paul Barussaud, cavalier de 13 ans basé à Bordeaux. Il concourt cette année pour la troisième fois à la super As de Bordeaux. Lors de sa première édition, il s’était emparé de la 2nde place le premier jour et avait remporté l’épreuve du deuxième jour. Après ce qu’il qualifie de « contreperformance » l’année dernière (5ème puis 7ème), il est bien déterminé à prendre sa revanche cette année.
Paul Barussaud : J’ai gagné aujourd’hui, on verra ce qu’il se passe demain, j’espère faire un bon résultat !
Cavaletti Mag : Peux-tu nous parler de ta jument ?
Elle s’appelle Vahiné de Kergroix, elle a 16 ans, et ca fait 5 ans que je l’ai. On l’a achetée avec mes parents, on a directement fait un essai quand on l’a vue. Elle courrait les épreuves chevaux avant, donc ça a été compliqué pour moi au départ car elle a une foulée cheval, alors c’était compliqué dans les doubles. A l’époque, j’étais encore plus petit et moins lourd, et elle sautait déjà trop bien, c’est vraiment ma plus belle rencontre poney. Je pense que ça sera compliqué de la détrôner : ca fait 4 ans qu’on se connait, elle ne m’a jamais lâché. Je la garderai toujours, impossible de la vendre.
Et tes autres chevaux ?
J’ai une ponette de 7 ans, I am a girl, que ma coach me prête, très bien. Puis mon deuxième poney de Grand Prix, Hatov Cordailla, il a fait les 7 ans l’année dernière, on a commencé les Grand Prix – je l’ai redescendu en As 1 parce qu’on a eu quelques difficultés – mon prochain concours sera à la Super As de Barbaste, il est engagé dans l’As 1 et dans l’As Elite, on verra bien. Bien équipé, moins qu’avant mais toujours bien équipé ! (rires)
Comment arrives-tu à combiner ta vie d’ado de 13 ans avec ta vie de cavalier ?
J’ai la chance de faire l’école à la maison, tous les matins. C’est super bien, même s’il faut être très discipliné, ce que je ne suis pas trop (rires). Mais je le fais quand même, c’est important. J’aimerais bien travailler dans les chevaux évidemment mais si j’avais besoin de faire autre chose un jour, il faut bien des diplômes. Donc l’année prochaine pour mon Brevet, puis pour le lycée, je vais dans un collège où il y a école que le matin aussi, mais c’est un vrai collège. Là je suis seul chez moi, je monte mais chevaux mais c’est important d’avoir une vie sociale à côté du poney – que j’ai aussi – mais c’est toujours bien d’aller au collège.
Comment tu as commencé à monter à cheval ?
C’est venu il y a 6 ans, quand j’avais 7 ans, mes parents travaillaient dans un centre équestre, pas loin de chez moi. Ils ont monté leur propre centre équestre, et un an plus tard, ils m’ont fait monter à poney alors que je n’en avais pas envie. Je trouvais ça un peu nul (rires), mais ils ont insisté, et au final j’ai accroché direct et j’ai continué. J’ai eu de la chance parce que même si mon papa n’avait pas tous les moyens pour m’acheter de bons chevaux, il m’a toujours trouvé des chevaux pour faire ce que j’avais envie de faire.
J’ai eu plein de poneys pour commencer les épreuves shetlands et poneys, après j’ai eu de plus en plus de bons poneys et il m’a toujours trouvé des poneys pour faire ce dont j’avais envie.
Ils ont bien fait d’insister un peu, et heureusement que papa et maman sont là parce que sans eux, rien ne serait possible.
Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la saison 2025 ?
Une bonne saison ! Je vise les Coupes des Nations en premier, et après chaque objectif en son temps. L’année dernière, j’étais réserviste ; cette année, il y a moins de monde alors j’aimerais bien faire partie des quatre. C’est Olivier Bost qui décidera les quatre qui partiront dans la Coupe des Nations. Pas le temps de relâcher la pression, il faut y aller !
On espère te voir sur le podium demain alors !
Merci beaucoup, moi aussi ! (rires)
Retrouvez les performances de Paul sur son compte Instagram
Interview – Titouan Schumacher nous parle d’Illusion
Quelques heures avant de remporter le Grand Prix du CSI4* de Rouen, Titouan Schumacher nous a parlé de son fantastique Illusion.
Depuis quelques semaines, on voit de plus en plus Illusion sur les beaux concours. Quelle est l’histoire de ce cheval ?
On l’a depuis maintenant deux ans et demi à peu près. C’est une histoire un peu dingue en fait. Avec un copain, on s’était mis en tête d’acheter un petit cheval à deux pour faire du commerce, tout simplement. J’étais parti en tournée au Portugal et lui avait vu ce cheval là plusieurs fois. Il sautait bien mais était un peu compliqué avec un amateur. Il était un peu spécial. Il est allé l’essayer, il a sauté deux obstacles dans la carrière, il m’a appelé et m’a dit “Il est super.”. Je n’ai pas trop réfléchi et je n’avais pas regardé les résultats du cheval. J’ai dit “Ok, vas-y, on fait moitié moitié”. On l’a vraiment pas acheté cher. Le cheval est arrivé, je regarde les résultats du cheval et je vois beaucoup d’éliminations. À ce moment-là, je me demande dans quelle histoire on s’est lancé. Il était très très compliqué au début. Mon ami le montait beaucoup à la maison et moi au concours. Au début, ça lui a valu un nez cassé et un trauma crânien. On est tombé tous les deux facilement cinq ou six fois ! Il n’était pas contre le cavalier, mais dès qu’il avait peur de quelque chose, il avait des réactions démesurées. Au début, je ne pouvais pas aller de l’écurie à la carrière à cheval, on le prenait en main, on descendait.
C’est un cheval hypersensible.
Oui. Au début, en concours, on arrivait au paddock en main, on montait au paddock, puis on redescendait, On entrait sur la piste à pieds et on montait dessus sur la piste. Mais par contre, j’ai jamais eu vraiment de problème sur la piste. À force de patience, il s’est déclenché.
À ce moment-là, vous l’imaginiez devenir le cheval qu’il est aujourd’hui ?
Il était sympa, mais non. L’idée, c’était de travailler un petit peu et de le revendre après. Au début, on s’est même dit que pour le revendre avant de faire monter quelqu’un dessus, ça allait être compliqué.
À quel moment est-ce que tu as commencé à te dire qu’il pourrait être mieux que ce que vous pensiez ?
On l’a emmené assez vite à un concours à Nancy. J’ai engagé 1,35m, 1,40m, 1,45m, alors qu’il n’avait sauté que 1,20m avant qu’on l’achète. Il a fait ça sans faute et vraiment bien. Là on s’est dit qu’on avait peut être un bon cheval.
Ça fait quelques concours qu’on le voit vraiment très sauter sur des belles épreuves. Il donne l’impression de la faire avec beaucoup de facilité et on l’imagine facilement faire encore mieux.
On verra, il passe des caps. Il saute avec plus de moyens et d’envergure qu’il le faisait au début. Il ne s’inquiète pas du tout, ne force pas et devient très régulier. Un concours où il ne fait pas un classement, ça n’existe plus.
Aujourd’hui, il se retrouve cheval de tête.
Oui, complètement. J’avais Atome à l’époque où on l’a acheté. Six mois après, Atome s’est blessé. J’avais une autre jument qui s’appelait Carera entre deux, qui fait un peu la transition.
Quel est l’objectif maintenant ?
C’est toujours un cheval qui est “à vendre”. Mais ce n’est plus la même chose. Ce n’est pas pressé. Et si on peut le garder, c’est tant mieux. L’idée, c’est quand même de voir comment il évolue.
Quelles sont ses plus grosses qualités ?
Le respect et le courage. C’est un guerrier. Il va au feu et il a vraiment tout le respect.
Quel est ton programme avec lui ?
Le Grand Prix, cet après-midi, puis il a fini sa saison et il va démarrer mi janvier à Oliva en tournée. En fonction de ça, on verra la suite.
Pour finir, peux-tu nous donner quelques nouvelles d’Atome ?
Il va bien, il est au pré avec les un et deux ans. On a mis beaucoup de temps à le mettre au pré. Au début, au bout d’une heure il en avait marre, il fallait le rentrer. Ça a duré un bon moment comme ça. Puis un jour, je me suis dit qu’on allait le changer un peu d’endroit pour qu’il n’est plus les écuries en tête. On le mettait au paddock à côté des écuries et du coup il voulait vraiment rentrer. On l’a un peu éloigné et maintenant, ça va super.
Interview – Cédric et Barbara Hurel
Le week-end dernier, le couple Cédric Hurel et Fantasio de Floreval a brillé sur la magnifique piste d’Equita Lyon. Ils ont signé deux très belles performances en se classant 6èmes du GP 1,60m du vendredi et 6èmes du GP 1,60m Coupe du Monde du dimanche. Acheté à l’origine pour Barbara, la femme (et groom) de Cédric, l’histoire s’est finalement écrite différemment. Le trio ne se connait aujourd’hui par coeur et les performances sportives sont une belle récompense de tous les choix que Cédric et Barbara ont fait pour donner une vraie chance à ce petit mais si talentueux cheval.
C’était ta première participation au CSIW-5* de Lyon ?
Cédric : Oui. C’était la première fois à Lyon Coupe du Monde. J’ai toujours eu envie de le faire, mais ce n’est pas facile d’avoir une place. Il y a deux ans, on a fait le Grand National et on a remporté l’étape du Grand National. L’année dernière, j’ai choisi de sauter le 2* parce que mon cheval était légèrement en méforme à ce moment-là. Il fallait sauter un peu plus petit et il a remporté le GP 2*. Cette année, du coup, comme on avait le titre de champion de France, on était sûr de pouvoir participer au 5* et Lyon était programmé depuis plusieurs mois. Et comme à son habitude, Fantasio a été très bon à Lyon. Il adore ce concours, moi aussi, et ça se ressent.
Comme tu étais certain de pouvoir participer au 5*, tu as organisé ta saison en fonction de cet objectif ?
Cédric : Après les championnats, on avait visé La Baule. Ça ne s’est pas très bien passé dans le Grand Prix. Après ça, je me suis dit qu’on allait faire notre programme de façon à arriver dans les meilleures conditions pour Equita Lyon. On a laissé tomber le 5* de Dinard. J’ai préféré faire le 3*étoiles. On a fait plusieurs pauses dans la saison pour pas pour pas tirer trop dessus. Il a fait une pause d’un mois après le 4* de Deauville au mois d’août et on a refait une pause d’un mois après être rentré des deux semaines de Gassin, où d’ailleurs on n’a pas pu sauter le Grand Prix parce qu’il s’était fait un petit bobo à l’œil. Puis on l’a remis en route à Saint-Lô la semaine d’avant Lyon.
En le regardant sauter ce week-end, je l’ai trouvé particulièrement à l’aise sur cette hauteur.
Cédric : Est-ce qu’on a passé un cap ? Peut-être. En tout cas, on a trouvé deux trois petites ficelles en plus pour que le cheval soit plus à l’aise dans sa locomotion et dans son corps. Du coup, ça lui donne de la sérénité dans son action et plus d’aisance dans les moyens. Dès qu’il fait un peu d’effort, il se contracte un petit peu ou il se recule plus qu’il ne faudrait. Là je pense qu’on a compris quelque chose tous les deux, enfin, tous les trois d’ailleurs avec Barbara aussi.
En venant à Lyon, tu imaginais faire les performances de ce week-end ?
Cédric : Honnêtement, je savais pas. Je savais pas. Parce que même si à Saint Lô, ça s’est bien passé, on a fait un petit quatre points dans la 1,50m du vendredi et un petit quatre points dans le Grand Prix. Toute la saison, il n’a pas raté grand-chose dans les Grand Prix, mais c’était des 3 ou 4*. Donc on était dans l’idée de tenter quelque chose, mais sans avoir la certitude que ça fonctionne.
En plus, il a répondu présent dans les 2 Grand Prix !
Cédric : Oui. Honnêtement, vendredi soir, après le barrage, je me suis dit “Voilà, ça c’est fait. Super ! Mais va falloir refaire.” Est-ce que c’est un hasard ou pas ? Vendredi soir, il était génialissime. Mais est-ce que c’est arrivé parce que ça devait arriver et que c’était c’était c’était uniquement ce parcours-là à 1,60m ou est-ce qu’on avait passé un cap, je ne savais pas. J’ai essayé de me forcer pour le parcours de dimanche à faire la même chose et ça s’est passé de la même manière. Sauf la dernière ligne évidemment, où je n’avais pas la distance que je voulais sur la spa et où du coup, j’ai refait une foulée de plus pour rentrer dans le double.
Les performances de ce week-end sont une belle récompense de tout le travail des années passées !
Cédric : C’est une belle récompense du travail, du fait de n’avoir jamais voulu le vendre, mais aussi, après plus de 20 ans en étant spécialisé dans les jeunes chevaux, d’avoir fairt une croix dessus pour se consacrer uniquement aux vieux chevaux. C’est un peu la concrétisation de de toutes les années de travail en essayant toujours de s’améliorer. Pour en arriver là, il a fallu du travail, de la concentration et de la motivation aussi. Parce que ça coûte de prendre la route, d’aller loin, de faire des concours trois, quatre étoiles et puis de temps en temps, un cinq étoiles. Ce n’est pas pareil que des nationaux. Mais ça porte ses fruits. Il faut garder ses idées et aller au bout.
Tu prouves aussi que c’est encore possible, en étant propriétaire de son cheval, en le respectant et sans gros mécènes, d’accéder au haut niveau.
Cédric : Oui, c’est possible, en effet. Il faut se donner du mal, mais c’est possible.
Qu’elle est belle, cette histoire ! C’est ton cheval, tu as toujours refusé de le vendre et aujourd’hui il est là, classé dans deux Grand Prix 1,60m au CSIW-5* d’Eqyita Lyon.
Barbara : Il n’y a pas de mot… Même si je l’ai gardé pour nous, je ne pensais pas qu’il arriverait à ce niveau-là. Ils arriveraient tous les deux à ce niveau-là. Plein de monde m’ont fait remarquer qu’ils m’ont vu pleurer le premier jour. Pour la Coupe du monde, je n’ai même pas pleuré parce que ça me semblait tellement irréel… C’est tellement beau. Je n’y croyais pas en fait. Déjà, ce qu’on avait reçu en émotions le vendredi en émotion, c’était tellement beau.
Après le classement de vendredi, tout était déjà gagné pour vous en fait.
Barbara : Exactement. On avait déjà fait notre week end à partir du vendredi. On avait déjà rempli un objectif. Après, on a pris ça pour du plus.
Après un week-end comme, on a d’autres rêves, d’autres objectifs pour la suite ?
Barbara :On reste toujours dans les mêmes objectifs. Après on ne s’emballe pas. Et encore hier matin on m’a dit que c’étaient les quinze premiers. Que je peux peut-être penser à la finale. Mais l’objectif, ce n’est pas du tout ça. Il donne tellement, il est tellement généreux. Bien sûr, il pourrait le faire. Mais non. Parce que je voudrais qu’il dure dans le temps. On ne va pas lui tirer dessus. On va continuer comme toujours, en priorisant le respect du cheval. Je l’ai monté ce matin en extérieur et il était très très en forme. Le vétérinaire va venir, le checker est fin de semaine, juste pour voir. Ok, tout va bien et je sais que tout va bien. Mais non, on ne va pas changer notre façon de faire et risquer de lui demander trop.






