Véronique Lemarchand nous parle de Dairzel Duverie

Véronique Lemarchand nous parle de Dairzel Duverie

Véronique Lemarchand, naisseuse et propriétaire de l’étalon Dairzel Duverie (performant jusqu’en 1,50m avec Alexis Gautier) à répondu à nos questions sur son fils d’Air Jordan Z.

Pourquoi avoir choisi de croiser Gazelle de Lavigne (Persan II) avec Air Jordan Z ? 

J’ai acheté Gazelle de Lavigne sur vidéo, comme poulinière, mais comme elle allait bien. Elle a fait 2 ans de concours où elle a beaucoup gagné en 1,30m / 1,35m. Du coup, on a essayé de faire des transferts. Elle a eu du mal à prendre, mais en changeant d’écurie pour une jeune cavalière, on s’est aperçu qu’était pleine de Diamant. Elle l’a porté et a eu beaucoup de mal à pouliner. On a décidé de retenter les transfert et là, ça a marché. D’abord, une jument par Kannan, puis en allant chez Equitecnic, je suis tombée amoureuse de Air Jordan…et j’ai eu un superbe poulain Dairzel. 

Quand Dairzel Duverie est né, comment trouviez-vous le poulain ? 

Pas comme les autres. Il était très gentil , très intelligent avec un beau look et des points de force….

Comment résumeriez-vous ses années de formation ? Était-il particulièrement prometteur pour vous ? 

À 2 ans, on lui a mis des petits cavalettis et ce fut un “WAHOO” tellement il était démonstratif et hors du commun. On l’a laissé grandir puis il a été chez Jérémie Rolland qui l’a présenté aux 3 ans. Il a été approuvé et a eu des très bonnes notes au testage. Il a fait ses saisons de 4, 5 et début des 6ans chez lui avec de très bons résultats y compris aux finales à Fontainebleau. Son look ne plaisait pas forcément aux juges ….À la mi-saison des 6 ans, on a décidé d’un commun accord de le mettre chez Alexis Gautier qui l’a toujours aimé. Alexis va récupérer sa fille de 6 ans Istarzelle  pour les 7 ans.

Quelles sont, pour vous, ses plus grosses qualités ? 

Il a tous les moyens du monde. Il peut aller très loin mais il est extrêmement sensible et malgré les apparences a beaucoup de sang.

Ces dernières années, il a été performant jusqu’en 1,50m sous la selle d’Alexis Gautier. 

Oui. Cette année il est régulièrement classé en Grand Prix 2*. Il a aussi été classé en 1,50m, encore dimanche dernier dans le GP du Grand National. Ce week-end, il participe aux CSI 4* de St Lô où il été classé dans son 1er GP il y a 2 ans. 

En parallèle de sa carrière sportive, il est également étalon (approuvé SF). Comment sont ses produits ? Est-ce qu’il les marque beaucoup ? Quels sont leurs points forts ? Comment conseillez-vous de le croiser ? 

Il transmet sa force, son respect des barres, son sang et sa réactivité. Attention quand même à ne pas mettre des juments trop petites et trop dans le sang. Il ne fait juste pas toujours de très jolies têtes .

Stéphane Dufour nous parle de Diego de Blondel

Stéphane Dufour nous parle de Diego de Blondel

Il y a quelques jours, l’étalon Diego de Blondel (Vigo Cécé x Dollar dela Pierre) s’est fait remarquer en remportant le Championnat du monde des étalons de 9 ans et plus à Valkenswaard. Stéphane Dufour, son cavalier de toujours (et propriétaire, avec sa femme Elodie), répond à nos questions.

Quel est ton tout premier souvenir de Diego ?

Mon tout premier souvenir, c’est le jour où nous l’avons vu dans le champ avec sa mère porteuse . J’étais très curieux , car j’ai monté sa mère  » Mapierre de Blondel  » et son père  » Vigo Cécé  » en concours, et j’avais particulièrement aimé les deux. Diego avait 2 mois. C’est là que l’histoire a commencé.

Il avait déjà quelque chose en plus comparé aux autres ? 

Il avait déjà des atouts. Après, de là à dire ce qu’il allait faire, c’était trop tôt. Michel (Ruel) voulait que l’on ait ce poulain là. Ses mots ont été :  » Vous en ferez un étalon et il sera « votre » cheval. Nous avons été voir dans le champ et il nous a plu tout de suite.

Tu l’as débourré puis monté dans les épreuves jeunes chevaux. À cette période-là, est-ce qu’il montrait déjà particulièrement de potentiel ? 

Oui. Quand nous avons commencé à le faire sauter en liberté, il nous montrait déjà vraiment des bonnes choses. Des choses qui nous plaisaient vraiment. C’est un cheval qui avait du rayon dans ce qu’il faisait, qui avait des moyens et était très respectueux. Après, nous avions vu qu’il avait besoin d’organiser un peu tout ça. Nous savions que c’était un cheval qui prendrait un peu de temps. C’est pour ça que nous avons été lentement et que nous avons pris le temps de le former. Nous aimons bien prendre le temps de former les jeunes et de leur apprendre leur métier. Celui-ci le demandait et si nous avions été plus vite, ce n’est pas dit qu’il aurait fait ce qu’il fait aujourd’hui. 

Dès cette époque, on a dû vous le demander régulièrement. Mais vous avez pour l’instant fait le choix de ne pas le vendre.

Il y a une histoire particulière autour de ce cheval, un attachement sentimental. La connexion entre lui et nous deux (avec mon épouse Elodie ) est assez singulière. Si nous le vend un jour, parce qu’il peut être à vendre, son bien être sera primordial.

D’ailleurs, on a bien vu que quand vous avez fait le choix de le confier à Nicolas Delmotte, le cheval n’était pas pareil. Il a vraiment un attachement particulier à vous.

Diego était très régulièrement classé et Nicolas lui a fait passer un cap, mais le cheval était triste et Nicolas s’en est rendu compte… 

D’ailleurs, parmi les premiers messages que nous avons reçus sur la route du retour de Valkenswaard, il y avait ceux des grooms de Nicolas Delmotte !

Je pense que Diego a besoin d’avoir une relation très proche avec son cavalier et avec son entourage.

Maintenant, il est régulièrement performant sur 1,50m. On voit que c’est un cheval qui prend du plaisir à faire du concours, qui est en forme et est assez régulier.

Oui. Nous lui faisons plaisir et il nous le rend je pense. Il faut le vivre pour le croire.

Il vous a offert une belle victoire le week-end dernier, dans le Championnat du monde des chevaux de 9 ans et plus à Valkenswaard. Comment avez-vous vécu ce week-end ?

C’était top! L’année dernière, nous avions fait Lanaken et le cheval s’était classé meilleur français. Il nous avait déjà fait plaisir. Cette année, nous avons choisi d’aller plutôt chez Jan Tops et nous étions content parce que je trouve que tout est plus “cheval” là-bas. Ça correspond plus à ce que nous cherchons. En plus, Diego a sauté magnifique ! Je pense que ça correspondait aussi à ce qu’il aime.

En plus d’une victoire individuelle, il faut surtout souligner que c’est la victoire d’un collectif, avec François-Xavier Boudant et Dylan Levallois, avec notre victoire par équipe.

Et tout le groupe France et Selle français a juste été incroyable !

Il a effectivement l’air particulièrement à l’aise sur une piste en herbe comme celle-là.

Oui. Il a un tel galop qu’il se sent bien sur une piste comme ça. Il peut s’exprimer totalement. Il est aussi capable de le faire sur des petites pistes, mais là, c’est le bonheur. Il peut s’exprimer à 100 %. Le dernier parcours, c’était un bonheur.

Quand tu le sens comme ça, tu te dis qu’il a encore une marge de progression ? 

Oui, c’est sûr. Il est encore possible monter les barres, c’est évident. J’aimerais bien d’ailleurs, que justement, la porte soit un peu plus ouverte pour aller sur des plus gros concours. Si nous voulons demander quelques CSI3 ou 4* sur des pistes qui correspondent à notre cheval, on ayant comme moi, qu’un seul cheval de ce niveau, on ne nous ouvre pas les portes. J’aimerais qu’on lui donne un peu plus sa chance. Nous aimerions que le sélectionneur ait envie de lui donner sa chance, de nous envoyer sur une Coupe des Nations de 2ème ligue par exemple.

En parallèle de tout ça, il a aussi une carrière d’étalon.

Oui. Et je pense qu’il va l’avoir encore plus maintenant que les étrangers commencent à s’intéresser à Vigo Cécé, avec la victoire d’un Vigo Cécé à Lanaken et d’autres fils qui sont gagnants en 4 et 5 *. Comme il n’y a plus de paillettes de Vigo, ils se rabattent sur les fils. Donc je pense que Diego va sûrement un peu plus travailler. En plus, il a une souche maternelle où il n’y a pas d’autres étalon et il fait partie des meilleures souches françaises, voire européennes. Je pense vraiment que c’est un cheval intéressant.

Comment tu conseilles de l’utiliser ?

Je sais qu’il va ramener sa locomotion, avec une classe de galop comme lui. Il transmet ça à tous ses poulains. Tous ceux qu’on a vu ont une super locomotion, avec des dos bien tendus et une bonne sortie d’encolure, bien dessiné et bien orienté. Il va donner des moyens et de la force. On peut l’utiliser sur une jument dans le sang, lui, va ramener tout le reste. Je pense qu’il va vraiment bien produire. Il faut juste que les éleveurs lui fassent plus confiance. Nous avons déjà un retour sur sa production , il a déjà un fils approuvé étalon. En plus, la fertilité est top, même en congelé. 

Quelle est la suite de son programme ? 

Il va faire le Grand National de Saint-Lô, parce que nous avons une équipe avec la sellerie West Cheval et que c’est important de faire ce circuit pour représenter nos sponsors. Ensuite, il fera le Grand National de Lyon pour le faire voir à d’autres éleveurs. Après, j’aimerais bien, mais c’est vraiment à voir, je voudrais demander le CSI4* de Rouen.

Christian Hermon nous parle de l’étalon de 7 ans Honduras La Silla

Christian Hermon nous parle de l’étalon de 7 ans Honduras La Silla

Honduras La Silla est un étalon dont la qualité m’avait frappé l’année dernière, lors de sa présentation au salon des étalons de Saint-Lô. Il montrait toutes les qualités que l’on cherche chez un cheval de concours : force, passage de dos, respect et mental.

Quand on regarde du côté de ses origines, on découvre qu’en plus d’être un fils de Mylord Carthago, il est issu d’une très bonne souche. Sa mère Concordia la Silla (qui a tourné en CSI jusqu’à 1,55m) est la propre soeur de l’étalon Diarado, mais également la soeur utérine de de Fortender  (1,60m), de C-Jay 3 (1,60m) et de Scuderia 1918 Humphreys (CCI4*). Dans la souche maternelle, on trouve de nombreux performers 1,50m à 1,60m, dont les étalons Corofino I et Corofino II.

Tant au niveau des qualités sportives que de ses origines, il n’a rien à envier à beaucoup d’étalons dont on parle plus uniquement parce qu’ils sont distribués par de gros étalonniers.

Christian Hermon, qui représente le Haras La Silla depuis longtemps en France, nous en dit plus sur Honduras. 

Quelle est son histoire ?

Il est issu d’une jument de l’élevage La Silla. On travaille depuis un moment avec Pierre Valette de l’élevage d’Aubigny. Quand les chevaux nous semblent intéressants à 3 ans, on les récupère.  À 3 ans, il remporte la  qualificative des étalons Selle Français de Chazey sur Ain et se classe 10ème du Championnat des étalons Selle Français de Saint-Lô. Ensuite, il a fait 45 juments, en frais chez Pierre Valette. 

Quel a été son parcours dans les épreuves jeunes chevaux ? 

À 4 ans, il a participé à la finale à Fontainebleau où il fait 0 et 4 pts, mais il n’avait fait que des sans faute avant.  À 5 et 6 ans, pareil, 0 + 4 à la finale, mais il a fait chaque année beaucoup de sans faute avant. Cet hiver il s’est donné un coup sur la corde jarret, donc il a été un petit peu arrêté. Mais là, il a repris les concours. Il est 9ème du GP 1,30 hier à Canteleu et on attaque les 7 ans à Saint-Lô la semaine prochaine. 

Quels sont ses points forts pour toi ? 

C’est un cheval qui a une super tête, qui est très souple et très puissant. Il est très facile, a un bon équilibre et peut tout sauter. Dans les moyens, il est hors normes. 

L’objectif, c’est le haut niveau ? 

Oui. Dans un premier temps, c’est de le faire évoluer encore. Peut-être qu’on verra si on ne le vend pas plus tard. Mais en tout cas, c’est de le développer encore un peu. C’est un cheval que je vois bien faire de très gros concours. 


La carrière d’étalons, c’est quelque chose d’important pour vous ? 

Non. C’est tellement difficile. Le problème, c’est que maintenant, il faut faire beaucoup de marketing. À 3 ans, il a fait pas mal de juments parce qu’il était en frais. Maintenant pour nous la priorité c’est le sport, donc il ne fait que du congelé, du coup, cela intéresse un peu moins les gens. Surtout qu’à l’étranger, ils vont beaucoup plus aux jeunes chevaux, à la jeune génétique. En France, on a encore du mal. On a quelques poulains qui sont très bien. On est très contents de sa production. Ils sont très beaux. 

En plus, il a une super souche ! 

Oui. Sa mère a été compétitive sur de belles épreuves et c’est la propre sœur de la mère de Diarado. Et c’est une top souche. Le problème c’est que beaucoup d’éleveurs vont plus utiliser des étalons qu’ils voient à la télé, que de s’intéresser aux jeunes chevaux même avec de la qualité et une super souche.

C’est un jeune cheval qui sort quand même vraiment du lot je trouve. 

Au niveau génétique, il sort du lot et au niveau de la qualité, je pense qu’il sort également du lot. On verra s’il ne lui arrive rien, mais à mon avis, à la finale de sept ans, il peut vraiment être très, très bien. 

Comment conseilles-tu de le croiser ?

Il n’est pas très grand. Il fait 1,65m. Donc je pense qu’il ne faut pas lui mettre de trop petites juments. Il a du sang, mais c’est un sang assez froid. Je pense qu’il vaut mieux lui mettre un peu de sang, que pas du tout. 

Au niveau des conditions, il reste très raisonnable dans le tarif avec une réservation à 300 € + 750 € au poulain vivant (contrat disponible sur le site du Haras d’Aubigny). 

On ne compte pas là-dessus pour gagner de l’argent. Mais on aimerait qu’il fasse assez de juments pour pouvoir le juger assez tôt en tant qu’étalon.

Francis Clément nous parle de son étalon de 7 ans Hugo d’Authou

Francis Clément nous parle de son étalon de 7 ans Hugo d’Authou

Parmi les étalons de 7 ans que nous apprécions particulièrement, on retrouve le très prometteur Hugo d’Authou. Ce fils d’Upsilon et de Célimène d’Authou (par Kannan) appartenant à Francis Clément impressionne par la facilité qu’il montre à chacune de ses sorties.

Francis Clément nous en dit plus sur Hugo, neveu de Baladin d’Authou avec lequel il a participé à des épreuves à 1,50m. Pendant plusieurs années, Francis Clément et Maurice Sicot ont travaillé en tant que co-propriétaires et co-naisseurs d’un certain nombre de chevaux, dont Baladin et Hugo.

Pourquoi avoir choisi Upsilon comme étalon pour Célimène d’Authou ?

À l’époque, je montais en complet. Upsilon, c’est un cheval qui aurait pu faire carrière en CSO à haut niveau. Il avait toutes les qualités et tout ce qui nous manquait un tout petit peu dans ce qu’on avait fait en élevage avec Maurice, notamment les courants de sang pur-sang et anglo. Upsilon était un bon moyen de ramener de l’anglo.

Quand on le regarde évoluer en piste, il a vraiment l’air naturellement doué.

Il est naturellement doué. Tout est facile pour lui !

Même dans les 7 ans, on voit que rien ne lui pose problème pour le moment.

Non. Il a les oreilles en avant et il fait vraiment ça très bien. J’ai dû m’arrêter quelques mois et je ne voulais pas qu’il prenne trop de retard dans les 7 ans, parce qu’il y a un gros palier à passer à cette période-là. Donc c’est Alexa Hinard qui le sort depuis début mars. Elle ne le connaissait pas avant et m’a dit que c’est un bonheur de monter un cheval comme lui.

Quelles sont ses plus grosses qualités pour toi ?

Son mental ! Est-ce que son mental va avec son physique ? Oui, je pense. Comme il est très doué et que rien ne lui demande d’effort, c’est facile, ça l’amuse, et donc il garde son mental. Il a un physique irréprochable. Il a une belle sortie d’encolure, des aplombs parfaits et un dos bien attaché. Il est très souple. Toutes ses qualités physiques font peut-être qu’il a un mental exceptionnel. Comme ça ne lui coûte pas de faire, c’est un cheval joyeux.

Quels sont les objectifs avec lui ? Te faire plaisir sur de belles épreuves ?

Oui. Je pense que ce sera mon dernier et que je raccrocherai les bottes après. On me le demande régulièrement, mais il n’est pas à vendre.

C’est un cheval avec qui tu as pris le temps.

Oui, j’ai été patient. Il a fait une belle saison de 4 ans. À 5 ans, je l’ai un peu perdu. Il a dû grandir. Il a fait une saison en demi-teinte et j’ai même arrêté assez vite les qualifs. Puis il a parfaitement redémarré à 6 ans en étant tout le temps sans faute. Au début, je ne savais pas vraiment quels seraient ses moyens, mais j’étais convaincu que ce qu’il allait faire, il le ferait très bien. À aucun moment je n’ai eu envie de lui mettre gros pour voir ce qu’il pouvait sauter. Il faut préserver son mental.

Parlons un peu de sa carrière d’étalon. Tu as déjà une pouliche avec une mère par Casall. Comment est-ce tu la trouves ? 

Elle est magnifique. Elle est grande. Apparemment, il produit quand même assez grand d’après les retours que j’ai eu sur les poulains qui sont nés l’année dernière.

Comment conseillerais-tu de le croiser ?

Tout lui va. Aussi bien des juments chaudes que des juments qui manquent de sang. Sincèrement, je pense qu’il est très, très, très améliorateur.

En plus, on peut souligner qu’il est approuvé SF et AA et qu’il est distribué par le Haras de Gravelotte à un tarif très accessible (200 € HT à la réservation + 400 € HT à la naissance, garantie poulain vivant + 160 € pour le transport des doses congelées) !

Comme il n’a pas les grandes origines à la mode, je me suis dit que de toute manière, si je le mettais à un prix plus élevé, personne ne franchirait le pas. Je n’en fais pas une affaire d’argent. Donc s’il y a des éleveurs qui veulent tenter l’aventure, au contraire, je veux les aider en le rendant accessible. J’y crois vraiment beaucoup. Je suis tellement content de ma pouliche que j’ai remis Hugo à ma Casall.

Comment est-il au niveau du caractère ?

C’est vraiment un cheval extraordinaire, c’est presque un ami. Tu le donnes à un gamin de huit ans, il va traverser l’écurie en marchant tout doucement. On soucie même pas de savoir qu’il est entier. Quand on va en concours, dans les boxes, il frime dix minutes, puis après, c’est terminé.

C’est une belle histoire d’être co-naisseur de chevaux que tu gardes pour toi.

Je n’ai jamais été bon pour acheter. Je pense que la réussite d’un cheval, c’est dès sa naissance. Ça dépend des premiers contacts qu’il a avec l’humain, de la manière dont il est élevé, dont il est débourré, dont on le sort en concours, etc… C’est tout ça. Quand on achète un 7 ou 8 ans, on ne connaît pas son passif, si ça a été difficile ou pas, s’il a été préparé ou pas, etc… Je pense que je suis meilleur éleveur qu’acheteur.

Max Thirouin nous parle de son étalon de 7 ans, Chavez Z

Max Thirouin nous parle de son étalon de 7 ans, Chavez Z

Chavez Z fait partie des étalons qui ont fait particulièrement parler d’eux il y a quelques semaines au salon des étalons de St Lô. Ce fils de Cicero avec une mère par Chellano a beaucoup de choses pour lui. Il confirme toutes ses qualités à chaque concours et vient de prendre une belle 3ème place dans le Grand Prix des 7 ans du CSI du Mans. Max Thirouin, son cavalier et propriétaire, nous parle de ce cheval dans lequel il croit beaucoup. 

C’est toi qui a débuté Chavez dès ses 3 ans. Peux-tu nous raconter son histoire ? Comment l’as-tu découvert et acheté ?

Si je remonte au tout début, c’est grâce à Marie-Solange Ewald, qui m’a dit qu’il fallait que j’achète des jeunes chevaux. J’en ai acheté un qui s’appelait Ballisto. C’était un Cicero Z. J’avais dit à la personne qui me l’avait trouvée de m’appeler quand il en aurait un autre. Il en trouve un autre et me dit de venir le voir tout de suite parce qu’il n’allait pas rester longtemps. J’y vais tout de suite, et c’était Jewel de Kwakenbeek. C’est un cheval que j’ai emmené en 1,60m et qui a été vendu aux États-Unis. Du coup, un copain me fait remarquer que j’aime bien les Cicero et qu’il en a vu un de 3 ans à vendre aux enchères sur ET-Auction. Il me demande ce que j’en pense, et comme je l’aimais bien, je lui dis qu’il peut monter jusqu’à 25 000 €. Les enchères ont augmenté vite pendant les dernières minutes, mais il a réussi à l’avoir. Il est arrivé chez moi dans un état horrible. Le transporteur avait dû faire beaucoup de km je crois. Je le retape, puis au bout de 15 jours, comme il avait l’air mieux, je le mets à la longe et là, on lui fait faire 4 sauts, et le 4ème saut … Voilà :

Qu’est-ce que tu as particulièrement aimé chez lui dès le début ? 

Qu’il aime sauter. 

D’extérieur, il peut paraître un peu tardif. Tu prends vraiment ton temps avec lui. 

Jeune, il sautait trop fort. Je travaille avec Bertrand de Bellabre. Il m’a dit : celui-là, il faut vraiment que tu le caches et que tu lui apprennes à sauter moins fort. Donc, j’ai fait tout l’hiver juste sur des cavalettis. Après, il sautait un peu moins fort. Ensuite, il a fait toute son année de six ans, sans en mettre plein la vue, mais en étant tout le temps sans faute. Début 2024, je l’ai confié quelques jours à Stéphane Dufour pour qu’il le présente au salon des étalons de St Lô, parce que je ne pouvais pas y être. J’aimerais qu’il ait quelques poulains sur ses premières années. 

Quelles sont pour toi ses qualités les plus importantes en tant qu’étalon ?

Il est hyper sport et il n’a aucun facteur limitant ! Il est très gentil, mais il a quand même du caractère. Il est chaud, mais est quand même facile à canaliser. Il a de la force, mais il n’est pas lourd. C’est un cheval hyper souple, hyper élastique et il a un vrai tremplin sous les pâtes. Il n’a pas vraiment des points très forts très marqués comme on voit chez certains étalons, qui ont aussi des défauts. Mais lui, il n’a aucun vrai défaut.

Il est 3ème du GP des 7 ans du CSI du Mans. On voit qu’il fait ça facilement et sans aucune pression.

Il se balade et il aime ça. Le dernier virage n’était pas facile. Il y en a plein qui ont fait des fautes. Mais lui, “Pas de problème, accroche toi !”

Quand on le regarde, il est tellement calme qu’il peut paraître un peu un peu “mono vitesse”. Mais c’est peut-être une impression.

Oui, parce que je pense que, quand je vais commencer à l’entreprendre un peu plus, le sang va ressortir. Parce qu’il a du sang à la maison. Je le sors toujours assez longtemps.

L’objectif avec lui, c’est le sport ? 

Vendre des sailles, c’est un peu une “assurance”. Parce qu’avec les chevaux, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Mais oui, dans ma tête, je suis encore cavalier et j’ai envie de performer. C’est ce que je dis à mes copains. Tant que je vois Bosty et Philippe monter au niveau, je continue. Quand ils arrêteront, je commencerai à réfléchir.

Ses premiers poulains sont nés en 2023. Comment sont-ils ?

Ceux que j’ai vu sont très beaux. Mais comme il a bien travaillé l’année de son approbation à Z en 2022, puis n’a fait que Utopie en 2023, je n’ai plus trop suivi le côté élevage et je me suis concentré sur le sport. Mais ensuite Claire Bresson du Haras de Gravelotte m’a dit qu’elle aime beaucoup le cheval et l’a ajouté à son catalogue. Elle a insisté pour qu’on trouve une solution pour le présenter au salon des étalons, pour que les éleveurs le voient. 

Et c’était une très bonne idée, parce que la piste est petite et pas facile et qu’il s’y est particulièrement bien présenté !

Oui. Dans ma tête, mon rêve, c’est des concours le Saut Hermès, comme les Grands Prix Coupe du Monde, tout ça. Ça serait extraordinaire. Il va adorer faire ça. D’un autre côté, sur un grand terrain comme aujourd’hui, de galoper et de le laisser rebondir en l’air… C’est génial. À 7 ans, je ne vais pas du tout jouer le chronomètre. Peut-être même l’année de 8 ans. Là j’ai fait le barrage en le laissant un petit peu aller, mais je n’ai pas cherché à aller vite. Il ne faut pas sé précipiter. Je laisse continuer à s’amuser. Je pense que c’est l’objectif avec ce cheval. Tant qu’il va s’amuser, il va sauter de plus en plus gros. 

Tu as choisi de croiser Chavez avec Utopie, avec qui tu as remporté Grand Prix 1,60m.

Quand je vais dans un élevage où qu’on essaye de me vendre un étalon en me disant qu’il faut l’utiliser parce qu’il va être un étalon formidable, mais que si je demande à qui ils ont mis leur meilleure jument, on me répond que c’est un autre étalon, ça veut tout dire. Quand vous ne mettez pas votre meilleure jument, ça veut dire que vous n’y croyez pas. Au début, pour Utopie, j’ai demandé des conseils, on m’a proposé des étalons “à la mode”, mais j’ai préféré choisir Chavez. En plus de sa qualité sportive, il y a aussi des performers de niveau 1,50m à 1,60m dans la souche.

Pour plus d’infos sur les conditions de monte :

HARAS DE GRAVELOTTE : Chavez Z

Chavez Z et Stéphane Dufour au Salon des étalons de St Lo. © Xavier Boudon

Photo de couverture de l’article : Chavez Z et Max Thirouin © Sabine Louzier