Pendant le CSIW-5* de Bordeaux, Epona du Quesnoy (10 ans par Ogrion des Champs), la jument de Marie Demonte a particulièrement attiré notre attention. Elle était également accompagnée par un autre cheval montrant beaucoup de qualités, Flashing de Riverland (9 ans par Kannan) dans les épreuves intermédiaires. Quelques jours après le concours, Marie Demonte à répondu à nos questions.
Pour commencer, peux-tu nous parler d’Epona, qui nous a fait très forte impression à Bordeaux ?
C’est une jument que j’ai eue dans mes écuries au mois d’octobre de ses six ans. Ça fait maintenant trois ans et demi. Dès que j’ai sauté avec, sincèrement, je suis tombée amoureuse. Elle avait déjà le respect et sa façon de sauter était incroyable. L’année de sept ans, elle s’est coincée dans un box et s’est blessée. Elle avait dû être opérée. À sept ans, elle n’avait fait qu’un concours à Royan au mois de février, puis après, elle a commencé les concours fin août ou début septembre. Elle n’a donc que très peu tourné à sept ans. À 8 ans, elle a suivi les bons chevaux en étant dans des épreuves à 1,40m, puis à 1,45. Elle a fait une année de huit ans formidable, avec une régularité et un nombre de parcours sans faute incroyable.
Quand on regarde ses performances, on voit qu’elle est vraiment tout le temps là.
Oui et depuis toujours. C’est une machine à sans-faute.Je ne fais que dire aux entraîneurs que c’est une jument de Coupe des Nations. C’est une jument qui se bat pour être sans-faute tout le temps. Elle a beaucoup de facilité dans les moyens et le respect. Après, il faut qu’elle prenne encore confiance. Qu’elle ait conscience qu’elle a ces moyens-là. Au début, quand on sautait 1,40m, elle allait deux mètres en l’air. Maintenant, 1,50m, on voit que c’est vraiment facile pour elle. Elle a gagné une 1,55m cette année. L’année dernière, ma jument de tête a été arrêtée au mois de février à Vilamoura. Epona devait donc assumer les qualifications des grands prix et les grands prix. J’ai essayé d’espacer les concours pour ne pas lui tirer sur le physique et elle a une santé de fer. Je pense qu’à 10 ans, elle arrive prête pour le vrai sport. Ça a été un concours de circonstances de sauter à Bordeaux où ce n’était pas prévu. Elle n’avait pas sauté depuis deux mois en concours. Elle était évidemment au travail, mais pas en condition de sport. On voit qu’elle est tout à fait au niveau. En plus, je pense qu’aujourd’hui, quand on a un cheval très respectueux, les concours indoor les freinent un petit peu. Pour une jument d’1,83m, c’est encore un peu plus difficile pour elle de sauter ça dehors que, par exemple, au sunshine tour où je l’ai trouvé très à l’aise sur une grande piste en herbe.
Quand on la voit faire ce niveau d’épreuve comme ça, on se dit que c’est une jument pour les échéances à venir.
Oui et elle est économisée. Elle est 100 % naturelle, elle n’a pas de protège-boulets derrière. C’est une vraie jument de sport. Sincèrement, j’aurai eu un concours 15 jours avant Bordeaux pour la mettre un peu dans le bain du concours, je pense que ce qui lui est arrivé dans le vertical bleu, ça ne serait pas arrivé.
C’est une jument à garder normalement ?
Oui, à garder pour faire du sport. Les propriétaires prennent du plaisir.
À Bordeaux, tu as également emmené Flashing, qui a lui aussi fait un super concours.
C’est un cheval qui a été élevé à Riverland et qui s’est avéré très délicat. À six ans, Flashing n’approchait plus les barres au sol dans la carrière. C’est un cheval extrêmement respectueux. Il a été envoyé chez Benoît Parent qui a un cavalier de concours complet installé vers Dax. Il a été là-bas, pour le débêtir un peu avec des obstacles de cross. Benoît l’a récupéré à sept ans, a fait un travail formidable avec le cheval puisqu’il a concouru jusqu’à 1,35m dans l’année, alors que le cheval ne passait pas une barre au sol. Ce n’était pas méchant, mais il fallait s’en occuper. Il fallait y aller gentiment. L’année dernière, pour son début d’année de huit ans, on décide de l’emmener à Vilamoura. Je ne l’avais jamais monté, mais j’ai dit d’accord, on va y aller gentiment. Donc on a sauté les cinq ans à Vilamoura, il y a un an. Au bout de six semaines, il a sauté deux rankings sans faute là-bas, mais c’était sur la même piste, en confiance. Puis son année de huit ans a démarré ensuite en étant assez formidable. Sur 11 grands prix deux étoiles courues, il est 10 fois sans faute.
Lui aussi semble très régulier !
Pour ça, il est un peu comme Epona, , c’est-à-dire qu’il faut y aller gentiment le premier jour. Il y a encore ce recul, qui en indoor a été plus accentué qu’à Oliva. Ce sont des chevaux à vieillir. Cette année, il se sent encore mieux sur des grandes pistes que sur une piste un peu enfermée.
Ils ont l’air d’arriver bien pour aller sur les concours ensemble, avec Epona dans les grosses épreuves et Flashing qui suit l’autre dans les intermédiaires.
C’est vrai. J’ai Flashing, Forban, Gentleman. J’aimerais qu’ils arrivent un peu à soulager Epona, pour qu’elle ait l’objectif des très gros concours et des grands prix, et que les chevaux à côté, aident à se qualifier ou à sauter les autres épreuves. Flashing, ce n’est pas un cheval de vitesse. C’est un cheval pour sauter des épreuves à barrage et un cheval de Grand Prix. Ils vont reprendre tous les deux sur les deux étoiles de Vejer. On va faire en sorte que la reprise soit facile et agréable. Après, ils nous dirons jusqu’où ils veulent aller.
Avec ce qu’ils ont montré à Bordeaux, cela ouvre une porte pour donner accès un peu à du beau concours ?
Bien sûr ! On sait que l’objectif maintenant, depuis quelques années, pour la fédération, ce sont les championnats pro élite. Ce qui fait qu’on a déjà un objectif à atteindre. Ensuite, les Coupes des Nations vont démarrer à partir du mois de mai. On sait que c’est une année olympique qui donne la priorité aux couples prétendants. Ensuite, nous devons accepter d’aller là où il y a de la place, sur les terrains, où ils ne vont pas aller. On ira un peu là où il y a de la place et avec plaisir pour les lancer gentiment.
Représenter la France en coupe des nations, c’est quelque chose d’important ?
Oui, vraiment. On l’a fait l’année dernière et ça s’est plutôt très bien passé. Je l’avais fait auparavant avec d’autres chevaux. L’objectif n’est pas de faire du Global Tour. On est plus Coupe des Nations que le circuit où il y a de l’argent. C’est comme ça, ce sont des rêves de gamins. J’ai eu la chance d’aller quand même sauter à Aix la Chapelle il y a deux ans. J’espère que, petit à petit, on va pouvoir ramener un piquet de chevaux, les endurcir gentiment et puis les emmener prêts à faire tout ça.
Pour finir, un petit mot sur le fait de monter à Bordeaux, devant ce public ?
C’est un sacré concours ! Ce n’est pas souvent qu’on est devant notre public. Je suis née à Toulouse, j’ai habité avec Olivier 10 ans à Bordeaux, après 10 ans à Barbaste donc, on est du secteur. Je n’ai jamais été trop loin. C’est vrai que ça fait chaud au cœur de sentir tous ces gens qui sont derrière nous. Beaucoup de gens étaient venus me voir. Mes parents ne viennent jamais, parce que j’ai quand même toujours des concours loin. Bordeaux, ça rassemblait tout le monde donc, ça fait chaud au cœur. Et c’est une arène, il y a quand même une ambiance particulière, avec les loges autour. C’est un profil où on est vraiment dans le public.