Durant le CSIW-5* de Bordeaux, nous avons été impressionnées par la qualité des chevaux de Robin Muhr, dont son jeune Crocodile Rock qui y faisait sa première 1,50m et Galaxy qui s’est classé dans les deux difficiles Grand Prix 1,60m. Quelques jours après, après qu’il avait déjà rejoint le concours d’Oliva, Robin Murh a répondu à nos questions. 

Est-ce que vous pouvez nous parler de Galaxy HM (Quality Time TN) ? Quelle est son histoire ?


Il a déjà 13 ans et jusqu’à l’année dernière, il sautait 1,20m. Il n’a jamais vraiment appris le vrai sport. Il a commencé au début de l’année dernière à sauter un peu plus haut avec son cavalier, qui ne l’a gardé que trois à quatre mois à-peu-près. Il est passé de 1,20m à 1,45m en quelques mois. Je l’ai acheté après ça et on a sauté assez vite, assez gros. Il a des qualités hors normes. C’est ce qui me permet déjà de faire ce sport-là, parce que techniquement, il y a encore pas mal de lacunes.


Vous vous attendiez à ce qu’il fasse ça ?


Oui, j’avais énormément d’espoir. Je l’ai acheté avec mon argent. J’y ai tout de suite cru énormément, mais pour vous dire vrai, parfois, je me suis dit que je n’allais jamais y arriver. Quand j’ai fait Bordeaux, je me suis dit qu’on est sur la bonne voie et ça, ça fait du bien.


On voit qu’il n’est pas facile. Par contre, on le voit aussi très à l’aise sur des parcours comme ceux de Bordeaux.


Exactement. Il est particulier. Il est très respectueux, mais il n’est pas très connecté. Il est beaucoup dans son idée à lui. C’est un cheval qui a un peu de caractère et il ne va pas non plus tout le temps se laisser faire. Il veut vraiment savoir qui il a en face de lui. Là, il se dit, “Ok, c’est toi. On se connaît, j’ai confiance en toi et on peut le faire.” Il peut parfois être très sensible sur certaines choses, mais très guerrier. Sinon, il est très gentil comme cheval. Le couple est en train de se former.


C’est votre cheval pour l’avenir ?


C’est mon cheval pour les Jeux olympiques de cette année.


Quel va être son programme dans l’idée d’aller aux Jeux olympiques ?


Là, il est à Oliva, il va sauter entre 1,30m ou 1,35m. Je vais essayer de bien l’avoir en main, de sauter dans de bonnes conditions. Qu’il apprenne à sauter sans forcer. C’est un cheval qui fait tout avec la force. Il faut essayer de lui apprendre à faire un peu avec la finesse et la justesse. Je vais prendre le temps de me connecter encore à lui afin que plus le temps passe, plus on soit connecté. Pour qu’on fasse qu’un pour que lorsqu’on arrive en piste et qu’il y a de grosses difficultés. Il faut qu’on soit soudés et qu’on sache qui fait quoi, et comment.

Après ce cheval-là, il y en a un autre qui ne semble pas du tout facile non plus, mais également prometteur, c’est Crocodile Rock (Cornet Obolensky).


Oui. Je l’ai depuis qu’il a quatre ans. Honnêtement, il n’est pas si compliqué que ça.


Il faisait sensible quand il rentrait en piste, un peu sur l’œil, mais par contre, dès qu’il est parti, ça semblait facile.


Oui, je suis vraiment très content de ce qu’il a fait à Bordeaux, parce que c’est son deuxième indoor de sa vie et sa première 1,50m. Il n’a que huit ans, on ne lui fait pas trop sauter ces épreuves-là normalement, mais j’avais fait une 1,45m en fin d’année et il avait fait ça très, très bien. Je l’ai amené à Oliva pour le remettre en route. Il a fait 1,45m plutôt bien. Après, ça reste un Cornet, mais vu que je l’ai depuis qu’il a quatre ans etque j’ai fait le débourrage et je le connais bien. Même si on passe sur des plus grosses épreuves, il a confiance en moi, et moi, j’ai confiance en lui.


Il a également l’air d’être un cheval d’avenir.


Oui, il est vraiment chouette et puis je le connais mieux que Galaxy. Je pense que Crocodile fera aussi de belles épreuves, même s’il est un peu moins spectaculaire que Galaxy. Crocodile est aussi un peu plus bébé.

À Bordeaux, vous aviez aussi Stawita PS (Stakkatol) qui a fait un bon concours. Aujourd’hui, ça vous fait un sacré piquet de chevaux pour faire les beaux concours.


Ce sont trois bons chevaux. J’en ai encore une autre jument qui est très bien aussi, qui n’était pas à Bordeaux, mais qui est à Oliva et qui a fait de bons résultats.


De l’extérieur, quand on voit ses chevaux, on a l’impression qu’il y a vraiment une écurie qui se construit pour avoir des chevaux de différentes générations pour avancer dans le sport.


C’est un peu le but. Faire du sport. On ne peut pas en avoir 10.000. Ce sont des chevaux qu’il faut connaître et avoir confiance en eux pour sauter ces épreuves. Il faut les entretenir au quotidien, savoir où ils en sont dans leur tête et physiquement. C’est compliqué d’en avoir beaucoup, mais jusqu’à six ou sept chevaux, on y arrive.


Cette année le gros objectif, ce sont les Jeux olympiques. Avez-vous d’autres objectifs sur certains concours d’ici-là ?


Honnêtement, je n’ai pas d’idée. C’est mon cheval qui va me dire. Peut-être quelques coupes de nations avec l’équipe d’Israël. On va voir. Le plus important, ça va être que mon cheval se sente bien. Je vais essayer de maintenir Galaxy à ce niveau-là. Crocodile, je vais le descendre un petit peu pour quelques épreuves, puis remonter un petit peu. Je pense qu’il aura un petit break cet été vu qu’il fait sa première année à ce niveau-là. Stawita PS va rester aussi sur ce niveau-là. Je ne pense pas la remettre sur 1,60m. J’ai fait le Championnat du Monde avec elle, mais je la trouve bien sur 1,45m/1,50m. Elle est compétitive, pour elle, c’est plus agréable et pour moi aussi. Parfois, le haut niveau c’est vraiment très contraignant. Pour les chevaux, ce sont de gros efforts, et pour nous, les cavaliers, aussi, parce que c’est nous qui leur demandons. Donc, il faut savoir un peu jauger ça.

Dans votre façon d’en parler, on sent que vous voulez vraiment faire du beau sport, mais que la priorité reste le bien-être des chevaux.


Si on commence à inverser les choses, la machine s’enraye. Ce sont des animaux, ça ne fonctionne pas avec de l’argent ou avec autre chose. Ça fonctionne parce qu’on s’en occupe, parce qu’on en prend soin et qu’on fait les choses justes. On peut se dire qu’on va essayer de gagner ci ou ça, mais au bout du compte, on ne sait pas si on va gagner, parce que des gens qui veulent gagner, il y en a plein lorsqu’on fait des épreuves. Il faut quand même monter pour faire les choses pour que son cheval se sente bien, pour que nous on se sente bien et après, on donne le meilleur qu’on peut. Le plus difficile, c’est d’arriver à gérer tous ces paramètres de pression et ce n’est pas facile.