Stéphane Dufour nous parle de Diego de Blondel
Il y a quelques jours, l’étalon Diego de Blondel (Vigo Cécé x Dollar dela Pierre) s’est fait remarquer en remportant le Championnat du monde des étalons de 9 ans et plus à Valkenswaard. Stéphane Dufour, son cavalier de toujours (et propriétaire, avec sa femme Elodie), répond à nos questions.
Quel est ton tout premier souvenir de Diego ?
Mon tout premier souvenir, c’est le jour où nous l’avons vu dans le champ avec sa mère porteuse . J’étais très curieux , car j’ai monté sa mère » Mapierre de Blondel » et son père » Vigo Cécé » en concours, et j’avais particulièrement aimé les deux. Diego avait 2 mois. C’est là que l’histoire a commencé.
Il avait déjà quelque chose en plus comparé aux autres ?
Il avait déjà des atouts. Après, de là à dire ce qu’il allait faire, c’était trop tôt. Michel (Ruel) voulait que l’on ait ce poulain là. Ses mots ont été : » Vous en ferez un étalon et il sera « votre » cheval. Nous avons été voir dans le champ et il nous a plu tout de suite.
Tu l’as débourré puis monté dans les épreuves jeunes chevaux. À cette période-là, est-ce qu’il montrait déjà particulièrement de potentiel ?
Oui. Quand nous avons commencé à le faire sauter en liberté, il nous montrait déjà vraiment des bonnes choses. Des choses qui nous plaisaient vraiment. C’est un cheval qui avait du rayon dans ce qu’il faisait, qui avait des moyens et était très respectueux. Après, nous avions vu qu’il avait besoin d’organiser un peu tout ça. Nous savions que c’était un cheval qui prendrait un peu de temps. C’est pour ça que nous avons été lentement et que nous avons pris le temps de le former. Nous aimons bien prendre le temps de former les jeunes et de leur apprendre leur métier. Celui-ci le demandait et si nous avions été plus vite, ce n’est pas dit qu’il aurait fait ce qu’il fait aujourd’hui.
Dès cette époque, on a dû vous le demander régulièrement. Mais vous avez pour l’instant fait le choix de ne pas le vendre.
Il y a une histoire particulière autour de ce cheval, un attachement sentimental. La connexion entre lui et nous deux (avec mon épouse Elodie ) est assez singulière. Si nous le vend un jour, parce qu’il peut être à vendre, son bien être sera primordial.
D’ailleurs, on a bien vu que quand vous avez fait le choix de le confier à Nicolas Delmotte, le cheval n’était pas pareil. Il a vraiment un attachement particulier à vous.
Diego était très régulièrement classé et Nicolas lui a fait passer un cap, mais le cheval était triste et Nicolas s’en est rendu compte…
D’ailleurs, parmi les premiers messages que nous avons reçus sur la route du retour de Valkenswaard, il y avait ceux des grooms de Nicolas Delmotte !
Je pense que Diego a besoin d’avoir une relation très proche avec son cavalier et avec son entourage.
Maintenant, il est régulièrement performant sur 1,50m. On voit que c’est un cheval qui prend du plaisir à faire du concours, qui est en forme et est assez régulier.
Oui. Nous lui faisons plaisir et il nous le rend je pense. Il faut le vivre pour le croire.
Il vous a offert une belle victoire le week-end dernier, dans le Championnat du monde des chevaux de 9 ans et plus à Valkenswaard. Comment avez-vous vécu ce week-end ?
C’était top! L’année dernière, nous avions fait Lanaken et le cheval s’était classé meilleur français. Il nous avait déjà fait plaisir. Cette année, nous avons choisi d’aller plutôt chez Jan Tops et nous étions content parce que je trouve que tout est plus “cheval” là-bas. Ça correspond plus à ce que nous cherchons. En plus, Diego a sauté magnifique ! Je pense que ça correspondait aussi à ce qu’il aime.
En plus d’une victoire individuelle, il faut surtout souligner que c’est la victoire d’un collectif, avec François-Xavier Boudant et Dylan Levallois, avec notre victoire par équipe.
Et tout le groupe France et Selle français a juste été incroyable !
Il a effectivement l’air particulièrement à l’aise sur une piste en herbe comme celle-là.
Oui. Il a un tel galop qu’il se sent bien sur une piste comme ça. Il peut s’exprimer totalement. Il est aussi capable de le faire sur des petites pistes, mais là, c’est le bonheur. Il peut s’exprimer à 100 %. Le dernier parcours, c’était un bonheur.
Quand tu le sens comme ça, tu te dis qu’il a encore une marge de progression ?
Oui, c’est sûr. Il est encore possible monter les barres, c’est évident. J’aimerais bien d’ailleurs, que justement, la porte soit un peu plus ouverte pour aller sur des plus gros concours. Si nous voulons demander quelques CSI3 ou 4* sur des pistes qui correspondent à notre cheval, on ayant comme moi, qu’un seul cheval de ce niveau, on ne nous ouvre pas les portes. J’aimerais qu’on lui donne un peu plus sa chance. Nous aimerions que le sélectionneur ait envie de lui donner sa chance, de nous envoyer sur une Coupe des Nations de 2ème ligue par exemple.
En parallèle de tout ça, il a aussi une carrière d’étalon.
Oui. Et je pense qu’il va l’avoir encore plus maintenant que les étrangers commencent à s’intéresser à Vigo Cécé, avec la victoire d’un Vigo Cécé à Lanaken et d’autres fils qui sont gagnants en 4 et 5 *. Comme il n’y a plus de paillettes de Vigo, ils se rabattent sur les fils. Donc je pense que Diego va sûrement un peu plus travailler. En plus, il a une souche maternelle où il n’y a pas d’autres étalon et il fait partie des meilleures souches françaises, voire européennes. Je pense vraiment que c’est un cheval intéressant.
Comment tu conseilles de l’utiliser ?
Je sais qu’il va ramener sa locomotion, avec une classe de galop comme lui. Il transmet ça à tous ses poulains. Tous ceux qu’on a vu ont une super locomotion, avec des dos bien tendus et une bonne sortie d’encolure, bien dessiné et bien orienté. Il va donner des moyens et de la force. On peut l’utiliser sur une jument dans le sang, lui, va ramener tout le reste. Je pense qu’il va vraiment bien produire. Il faut juste que les éleveurs lui fassent plus confiance. Nous avons déjà un retour sur sa production , il a déjà un fils approuvé étalon. En plus, la fertilité est top, même en congelé.
Quelle est la suite de son programme ?
Il va faire le Grand National de Saint-Lô, parce que nous avons une équipe avec la sellerie West Cheval et que c’est important de faire ce circuit pour représenter nos sponsors. Ensuite, il fera le Grand National de Lyon pour le faire voir à d’autres éleveurs. Après, j’aimerais bien, mais c’est vraiment à voir, je voudrais demander le CSI4* de Rouen.