Après la parenthèse hivernale, les Grandes Écuries et le Château de Chantilly rouvriront leurs portes samedi 27 janvier. Le moment fort de cette rentrée, en cette année olympique, sera la création d’un nouveau spectacle dédié à Paris qui, en 1900, accueillait déjà les Jeux de la deuxième olympiade. De son côté, le musée vivant du Cheval, poursuivant sa rénovation, proposera des nouveautés au fils des mois.
Pendant cette trêve de janvier, les chevaux-artistes des Grandes Écuries ont pu déconnecter (avec notamment beaucoup de promenades en forêt) après une série de quarante-six représentations du spectacle de Noël Désirée, qui a connu un franc succès, avec plus de 26 000 spectateurs. Désormais, ils vont entamer les répétitions du nouveau spectacle qui sera donné sous le dôme (photo du dôme en couverture © C.Tanière.) à partir du 7 avril : Un jour à Paris.
Cette création a été inspirée par la tenue des Jeux olympiques à Paris : « Au départ, explique Sophie Bienaimé, directrice équestre et artistique de la Compagnie équestre du Château de Chantilly, l’idée était d’évoquer les Jeux olympiques de 1924 qui se sont également tenus à Paris. Mais nous voulions avant tout montrer la frénésie de la vie parisienne réglée sur le pas des chevaux : transport, loisirs, promenades au bois, spectacles des cirques et des hippodromes, courses et bien sûr ceux des compétitions équestres olympiques. Mais déjà, en 1924, Paris était encombré de voitures automobiles. Pour l’hippomobile, il a donc fallu revenir au Paris de 1900 où le cheval était au centre de la vie quotidienne : on comptait 80 000 chevaux à cette époque. En effectuant mes recherches sur le sujet, j’ai découvert une source inépuisable d’inspiration et, avec l’équipe, nous avons mis sur pied un spectacle qui sera très visuel, grâce notamment aux costumes de Monika Mucha, très équestre et qui s’adressera à un large public, tant français qu’international ».
Ainsi, les spectateurs découvriront la vie d’une artiste parisienne et les multiples activités d’une journée bien remplie où se mêleront les divers mondes – bourgeois, domestiques, cocottes et artistes -, l’évocation des difficultés à circuler, les petits métiers, les évènements mondains ou artistiques où il fallait être vu, se montrer mais aussi s’amuser, chanter, danser. Paris joyeux, Paris triste, Paris osé, Paris insouciante, Paris excentrique, Paris lumières. « Ce sera un spectacle où de nombreuses disciplines équestres seront proposées, explique Sophie Bienaimé : rênes à la ceinture, monte en amazone, haute école, travail à pied, liberté, attelage à travers des saynètes où les cavalières interprèteront des personnages de l’époque ». Des artistes extérieurs apporteront leur concours à cette nouvelle création des Grandes Écuries : un mime, un acrobate aérien ainsi qu’un voltigeur.
Un spectacle avec beaucoup d’équidés, poneys de toutes tailles, chevaux ibériques, arabo-frison et arabe, âne et chevaux de trait. Une journée dans un Paris où tout encore se faisait à cheval et que la Compagnie équestre fera vivre aux spectateurs sous le dôme d’avril à juin, puis en septembre et en octobre.
INFORMATIONS PRATIQUES
Ouverture des Grandes Écuries à partir du 27 janvier de 12h00 à 17h00 – Fermeture à 18h00
Programmation des spectacles 2024
- Un jour à Paris, du 7 avril au 30 juin, puis du 19 septembre au 31 octobre
- Spectacle d’été, Équinoxe, du 17 juillet au 18 août
- Spectacle de Noël : du 30 novembre au 5 janvier 2025
Les animations pendant les vacances d’hiver :
Programme variable selon les jours : présentation pédagogique à cheval, les secrets du dressage de spectacle suivie de la répétition d’un numéro équestre à cheval, ou avec ânes et poneys.
- 1er au 23 février : mercredi, samedi et dimanche à 14H30
- 24 au 10 mars : tous les jours à 14H30 sauf les mardis.
Les Jeux olympiques et… Paris, Chantilly, les femmes, l’équitation, le polo et le musée vivant du Cheval.
Après leur inauguration à Athènes en 1896, les Jeux modernes de la deuxième olympiade eurent lieu à Paris en 1900, un peu « noyés » dans l’exposition universelle. Un succès organisationnel mitigé qui a conduit à ceux de 1924, vite réattribués à Paris pour effacer cette sensation d’échec.
Lors de ces Jeux de 1900, les femmes ont été admises à participer pour la première fois contre l’avis de Pierre de Coubertin. Participation aux épreuves de golf et de tennis, et pour l’une d’entre elles aux épreuves d’équitation. Sans grand succès pour celle-ci. Il faudra attendre 1952 et les Jeux d’Helsinki pour voir une première femme médaillée olympique. C’est la belle histoire de Lis Hartel, poliomyélite et médaille d’argent de dressage devant un certain André Jousseaume.
À Paris, en 1900, le dressage ne faisait pas encore partie du programme olympique qui incluait un parcours de concours hippique de 22 obstacles et long de 850 m, une épreuve de saut en hauteur (1,85 m franchi par le vainqueur), de saut en longueur (ou en largeur au-dessus d’une rivière, 6,10 m couvert par le médaillé d’or), d’attelage, de modèle et allures (remporté par le prince Louis-Napoléon Murat) !
Le polo aux Jeux olympiques.
Le polo a fait sa première apparition aux Jeux olympiques lors de cette édition parisienne de 1900. Les équipes étaient mixtes sur le plan des nationalités, il s’agissait plutôt de formations de clubs. L’Angleterre était présente sur les trois marches du podium en coalition avec les États-Unis (or et argent) et la France (bronze). La Grande-Bretagne confirma à nouveau cette supériorité à Londres (1908) et à Anvers (1920). L’Argentine était alors absente du débat. Mais en 1924, aux deuxièmes Jeux de Paris, elle allait mettre fin à jamais à cette domination britannique, au-delà même des seuls Jeux olympiques. Une première victoire qui allait marquer l’hégémonie de ce pays d’Amérique du Sud sur ce sport et jusqu’à nos jours.
Le polo sera absent des Jeux olympiques de 1928 et de 1932 pour revenir à l’édition de triste mémoire de 1936, dans l’Allemagne nazie. Une Allemagne qui sera humiliée à chacune de ses sorties et finira bonne dernière tandis que, comme en 1924, l’Argentine punira tous les adversaires qu’elle rencontrera et surtout le Royaume-Uni en finale devant soixante-seize-mille spectateurs : 11 à 0 ! Après Berlin, le polo disparaîtra à jamais du programme olympique et l’Argentine est donc toujours Championne olympique en titre !
Cette année, une exposition au musée vivant du Cheval consacrée au polo évoquera, entre autres, le tournoi olympique de 1924.
Des champions olympiques au musée vivant du Cheval
Lorsqu’en 1959, Yves Bienaimé est arrivé aux Grandes Écuries en tant qu’instructeur (avant de devenir le plus jeune écuyer-professeur de France à 25 ans), le cercle hippique qui y résidait était dirigé par André Jousseaume, évoqué plus haut et colonel de son état. À vrai dire, Jousseaume fait partie des légendes olympiques françaises du sport équestre, quatre fois médaillé olympique de dressage entre 1932 et 1952, avec notamment deux médailles individuelles en 1948 (Londres) et en 1952 (Helsinki) avec le cheval légendaire Harpagon. Depuis, la France n’a remporté qu’une seule médaille dans cette discipline, en 1988, avec la regrettée Margit Otto-Crépin.
En 1982, Yves Bienaimé fondait le musée vivant du Cheval et en 1988, il eût l’idée de créer une salle dédiée aux champions olympiques français inaugurée par les médaillés d’or de Montréal, Marcel Rozier, Bruno Roguet, Marcel Rozier et Michel Roche, l’emblématique double Champion Olympique d’Helsinki (1952) et de Tokyo (1964), Pierre Jonquière d’Oriola, ou encore le Champion olympique de Séoul, Pierre Durand (dont une statue de son légendaire Jappeloup avait orné la cour des Remises pendant quelques années avant d’être envoyée au musée Olympique de Lausanne).
Depuis, d’autres champions olympiques ont visité le musée comme Roger-Yves Bost (Rio 2016) qui venait régulièrement avec ses enfants assister aux spectacles de Noël, Pénélope Leprévost (Rio 2016), qui s’est essayée au dressage de haute école avec Sophie Bienaimé, ou Philippe Rozier, champion olympique à Rio également, quarante ans après son père Marcel à Montréal, et qui est intervenu lors de l’édition 2019 des ÉquiÉtudes. Sans oublier l’Allemand Ludger Beeerbaum (Barcelone 1992) ou Alexandra Ledermann (médaille de bronze aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996) qui avait fêté ses 30 ans sous le dôme des Grandes Écuries. Chantilly a également vu naître le Champion olympique d’Athènes (2004), le Brésilien Rodrigo Pessoa dont le père, Nelson, une autre légende du saut d’obstacles, faisait alors écurie commune à Gouvieux avec Janou Tissot-Lefèvre, médaille d’argent par équipes aux Jeux olympiques de Tokyo (1964) et de Mexico (1968).
Cerise sur ce gâteau olympique, Yves Bienaimé, fondateur du musée vivant du Cheval, portera, à 88 ans, la flamme olympique à cheval en juillet prochain.
Chantilly et l’équitation aux Jeux olympiques : une longue et vieille histoire d’amour que réveilleront Paris 2024 et le spectacle Un jour à Paris.
Communiqué R&B Presse